C'est sous le ciel bleu et ensoleillé du nord que nous nous retrouvons dans le parc du Château de la Princesse à Raismes pour la 21e édition du Raismes Fest. Malgré le beau temps, les festivaliers ne sont guère nombreux à 12h30 lorsque COME UNSTUCK monte sur scène. Le groupe dispose d'une demi-heure pour nous présenter son premier EP, « The Ground Rules ». Sa prestation approximative et brouillonne propose une synthèse peu convaincante de pop anglaise à la OASIS et de punk-rock. Associée à un son beaucoup trop fort, sa reprise de POLICE et le clin-d’œil à SLAYER est une association improbable qui n'a pas réussi à sauver l'honneur. Le groupe a néanmoins pour lui le bénéfice de la jeunesse.
L'organisation a eu du nez en prévoyant un stock de bouchons d'oreilles car nous ne le savions pas encore mais les problèmes de son vont perdurer toute la journée. Ils permettront ainsi de les atténuer et de pouvoir profiter des prestations sans devoir trop s’éloigner. C'est dans ce contexte quelque peu laborieux que SWEET NEEDLES, vainqueur du Chti Rock Fest (tremplin du Raismes Fest), va délivrer un set de 30 minutes. Toutefois, le groupe habitué à faire de la scène parvient à nous faire passer un moment plutôt agréable avec sa bonne humeur, réussissant ainsi à établir un contact avec le public.
MOLYBARON programmé si tôt peu surprendre, mais le groupe est attendu en région parisienne le soir même. Pas le temps donc de s'attarder. En à peine plus d'une demi-heure, l'affaire est bouclée honorablement malgré un son comportant trop d'aigus et une balance encore approximative. Espérons que nous aurons l'occasion de les revoir plus longuement et dans de meilleures conditions prochainement.
Viennent ensuite les Belfortais de 58 SHOTS qui ne sont pas des inconnus puisqu'ils avaient participé à la scène découverte du festival il y a quelques années. Ils bénéficient cette fois-ci d'un temps plus conséquent pour présenter leur hard rock fortement inspiré des 70's à un public qui se densifie au fil des heures qui nous rapprochent de la soirée. Le contact est bon et le groupe donne l'impression de jouer à la maison. Une prestation agréable.

Laura Cox Band © Maurice Delciotto
La journée continue avec l'une des rares représentantes de la gent féminine de cette édition. Laura Cox et son groupe dispose d'une heure et délivrent le premier concert de la journée qui sort du lot. Le son reste toujours trop aigu, mais l'ensemble est correct. Depuis son passage au Handi Rock Bike deux ans plus tôt, on mesure la progression du LAURA COX BAND qui offre une prestation à la hauteur de ce qu'on peut en attendre. Encourageante à l'approche de la sortie de son second album, prévue le 8 novembre.
La qualité des concerts allant crescendo, un premier pic est atteint avec le trio néerlandais DEWOLFF. Armé d'un clavier, d'une guitare et d'une batterie, le groupe nous offre un excellent concert, très démonstratif aussi bien dans l'attitude que par sa musique comme savaient le faire leurs illustres inspirateurs des 70's. Une des meilleures prestations de la journée de notre point de vue.
Comme dans toute ascension, une pause est souvent nécessaire afin de reprendre son souffle pour mieux repartir. Ce sont les Allemands ZODIAC qui nous offrent cette pause. Pour leur troisième passage, nous retrouvons une formation qui assure le minimum syndical. Pour un groupe qui s'est reformé l'an dernier après deux années d'absence, nous aurions pu nous attendre à plus d'engagement scénique. Malheureusement, l'heure et quart qui leur a été allouée nous a parue bien longue. Pourtant, pour une formation forte de quatre albums et près de dix années d’existence nous aurions dû trouver cette durée un peu courte.
C'est à la tombée de la nuit que le groupe suédois H.E.A.T. monte sur scène à son tour pour 1h15 de concert. Si les problèmes de son perdurent encore, avec une batterie trop forte (en particulier la caisse claire), des claviers inaudibles au début et très discrets par la suite, le groupe emmené par son chanteur Erik Grönwall délivre une performance à la hauteur de ce que l'on peut attendre d'un groupe qui ouvre pour la tête d'affiche. On pourra reprocher néanmoins l'absence physique du chanteur qui passe trop de temps dans la fosse à faire le show pour le premier rang alors que le site est maintenant plein.
Pour terminer cette première journée, c'est le légendaire Glenn Hughes qui monte sur la scène du Raismes Fest pour nous présenter son "Performs classic DEEP PURPLE". Dans la fraîcheur de cette nuit de septembre, les problèmes de son, qui se sont imposés comme le fil rouge de la journée et ont entaché les meilleures prestations du jour, se sont enfin estompés. Si un cover-band composé d'un membre originel n'est pas un gage de réussite, on peut s'attendre avec Glenn Hughes à ce que la magie opère. Entouré des virtuoses Soren Andersen (guitare), Jesper Bo Hansen (claviers) et Ash Sheehan qui nous délivrera un superbe solo de batterie, le résultat est à la hauteur des attentes au point de faire oublier la fraîcheur qui s'abat sur le site situé au milieu de la forêt. Bien que certains aient trouvé que le maestro en a parfois trop fait avec sa voix, afficher une telle forme à 67 ans est tout à son honneur. En bref, un excellent concert qui clôture cette première journée.

Glenn Hughes © Maurice Delciotto
La journée du dimanche s'annonce un peu plus chaude que la veille et ce n'est probablement pas pour déplaire aux festivaliers qui ont passé la nuit sur place. Nous sommes donc plus nombreux que la veille à l'ouverture. C'est à l'heure (midi) que FREAK SHOW envoie les premiers décibels de la journée. Venu du Val d'Oise, il remplace au pied levé les Lavalois d'OCTANE qui n'ont pas pu assurer la date suite à un problème de santé. Nous avons la très agréable surprise de constater que les problèmes de son semblent bel et bien résolus. La journée commence donc très bien pour cette première demi-heure en compagnie de FREAK SHOW. Fort de son background musical éclectique hérité des 70's et des 80's et de son expérience de la scène, le groupe a su tirer son épingle du jeu.
Le risque avec un groupe qui prend sa devise au pied de la lettre, c'est de frôler la catastrophe. "Beers, Drinking, Rock'n'Roll" qui est celle des Australien MASSIVE, nous avait fait découvrir il y a quelques mois un groupe plutôt bancal qui maîtrise mieux le lever de coude que sa musique. Eh bien les concerts se suivent mais ne se ressemblent pas. Heureusement, la journée ne fait que commencer et les deux guitaristes n'ont pas encore eu le temps de noyer leur énergie dans leur breuvage préféré. MASSIVE donne ainsi un set énergique de rock australien. A noter une superbe reprise du "If You Want Blood" d'AC/DC. Espérons que le groupe gagnera en maturité et sera rester maître de sa devise pour le plus grand plaisir du public.
Avec Aaron Buchanan and the CULT CLASSICS, nous changeons de registre. Les cinq musiciens au look décalé font le show et proposent une musique inclassable. Un melting-pot de rock emmené par un Buchanan aux allures de Mike Patton et de Freddie Mercury. Une théâtralité qui ira jusqu'à l'amener à faire le poirier porté par le public. Les 40 minutes qui lui sont accordées passent à vitesse grand V et l'on regrette qu'il n'ait pas été programmé plus tard à l'affiche. Mais il est vrai qu'avec un seul album, c'est difficile de faire plus long. Les excellentes reprises de "My Sharona" et "Roxanne" en sont la preuve.

TOKYO BLADE © Maurice Delciotto
Avec TOKYO BLADE, les plus anciens sont renvoyés au milieu des années 80. En particulier ceux qui les avaient vus live à cette époque. Si le groupe n'a plus l'énergie de ses débuts, il assure et montre qu'il n'est pas là par hasard, mais bien parce qu'il aime la scène. Malgré le problème de guitare d'Andy Boulton l'obligeant à quitter la scène pendant de longues minutes, laissant les autres combler le vide, on voit un groupe qui s'amuse et qui ne se laisse pas déstabiliser en continuant de jouer. La plupart des titres joués sont tirés des premiers albums, tels que « Sunrise In Tokyo » ou « Midnight Rendez-Vous ». Un bon concert axé sur la nostalgie.
Ce sont les Suédois ELECTRIC BOYS que nous retrouvons pour une heure de rock 70's. Le groupe que nous avions vu il y a un an est égal à lui même. Sans sortir de l'ordinaire, il offre une prestation plaisante. Alors que nous attendons l'arrivée sur scène d'autres Suédois THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, c'est le backdrop de BRIAN DOWNEY'S ALIVE AND DANGEROUS qui fait son apparition. Une erreur ? Non. Le groupe ayant eu un contre-temps clôturera finalement le festival tard dans la soirée. C'est donc avec un peu d'avance sur l'horaire initialement prévu que Brian Downey monte sur scène pour nous présenter son revival du THIN LIZZY dont il fut le batteur : ALIVE AND DANGEROUS.
Pendant une heure, nous allons assister à une renaissance. S'attaquer à un monument comme THIN LIZZY est juste dangereux même pour son ancien batteur. Le faire revivre est de l'ordre de la prouesse. Matt Wilson à la basse et au chant fait bien plus que faire illusion avec sa coiffure à la Phil Lynnot. Il incarne le personnage. Quant à Phil Edgar et Brian Grace, ils démontrent ne rien avoir à envier aux illustres guitaristes qui ont contribué à fabriquer la légende. Ces quatre là auraient pu s'appeler THIN LIZZY et cela aurait été amplement mérité. Sans aucun doute LE concert de cette édition du Raimes Fest 2019, à notre avis.
Le chamboulement de l'ordre de passage n'est pas terminé puisque c'est PHIL CAMPBELL AND THE BASTARD SONS qui montent sur la scène en ce début de soirée chaotique. C'est de bonne augure pour les nombreux festivaliers, venus voir l'ex-guitariste de MOTÖRHEAD, qui pourront rentrer chez eux plus tôt.
Fort d'un très bon album, le groupe s'était contenté du minimum syndical lors de sa venue au Splendid de Lille. Concert au cours duquel les reprises du légendaire Bombardier sonnaient, au mieux, de façon plutôt médiocre. Autant dire que sa présence en tête d'affiche un dimanche soir ne nous excitait guère. Mais en professionnel, le groupe sait qu'il ne peut se permettre de décevoir ce soir et il est au rendez-vous. Phil Campbell est plus présent et avec ses BASTARD SONS, il envoie une énergie qui sied bien mieux à ce que l'on peut attendre d'un musicien de sa stature. "Overkill" ou "Kill By Death" pour ne citer que ces deux reprises ont fait honneur à la mémoire de Lemmy qui hantera toujours les scènes que Phil Campbell foulera, à chaque fois qu'il reprendra un titre du groupe dont il fut membre à part entière pendant 32 années.
C'est avec 35 minutes de retard sur l'horaire corrigé que LEPROUS arrive sur scène. C'est donc à 21h35 que les première notes se font entendre. Même si le site a commencé à se vider, nombreux sont ceux qui sont restés pour voir les Norvégiens. Malheureusement, le son n'est pas des meilleurs. Les lights non plus. Bien que ce soit audible, la musique et le chant de LEPROUS n'autorisent pas l'approximatif. Sa musique progressive est trop exigeante pour cela. La magie des derniers albums n'est donc pas au rendez-vous . Bien que le groupe fasse le show sur scène, la voix d'Einar Solberg sonne étrangement, tout comme les instruments. Le light-show ne se révèle guère mieux car le groupe est plongé dans le noir bien trop souvent. Au bout de 40 minutes de concert, les problèmes ne semblant pas vouloir se résoudre, nous jetons l'éponge. Un concert à oublier rapidement en espérant qu'à l'avenir, le son du groupe sera mieux maîtrisé dans les conditions live d'un festival en plein air.
Enfin arrivé sur le site, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA monte sur scène vers 23h15 pour une heure de concert. Malheureusement, il se fait déjà très tard. De nombreux festivaliers dont on fait partie s'en sont allés...
Le soleil et le professionnalisme des organisateurs auront fait de cette 21e édition une réussite où la joie et la bonne humeur étaient comme tous les ans au rendez-vous. Tout cela permet finalement de remiser au second plan les problèmes de son et de chamboulement des ordres de passages.
Les vétérans épaulés par une jeunesse talentueuse auront été fabuleux. Rendez-vous les 12 et 13 septembre 2020 pour la prochaine édition •