23 janvier 2020, 19:15

ADX

• Interview Dog & Neo

Fort d’une carrière bien remplie depuis presque quarante ans, ADX, le groupe de speed metal mélodique, revient en force avec son nouvel album « Bestial » et son nouveau guitariste en la présence de Neo, aussi connu sous le pseudo NeoGeofanatic, reprenant le flambeau laissé par Betov. Nous nous sommes entretenus avec Dog, le batteur historique du groupe et Neo sur l’album à paraître le 24 janvier, les concerts à venir et il est clair qu’ils sont plus que jamais prêts à déchaîner la bête qui est en eux.
 

« Bestial » sort ce 24 janvier, quatre ans après « Non Serviam », quels ont été les points marquants pour ADX durant cette période.
Dog : Et bien depuis quatre ans on a composé, énormément composé, il a fallu nettoyer certaines choses, on a tourné en même temps et il fallait qu’on prépare un nouvel album, qu’il soit au moins aussi fort que « Non Serviam » car il a été très bien reçu à sa sortie. Mais tout ce travail a eu une incidence sur Betov qui a commencé à avoir un "point de côté" dirons-nous, ça a commencé à poser des soucis et même s'il était là pour les concerts, en ce qui concerne les compositions on sentait qu’il commençait à en avoir marre et au bout du compte il est parti, il vieilli comme tout le monde et nous on allait de plus en plus vite sur les compos et il n’y arrivait plus vraiment, il était fatigué. Alors forcément ça nous a fait chier et ça faisait trois ans que « Non Serviam » était sorti donc il a fallu réfléchir et finir les chansons.

Neo, quelles circonstances t'ont amené à rejoindre le groupe ?
Neo : Eh bien c’est tout simple, en fait et ça peut paraître classique et ridicule mais c’est tout simplement en répondant à une annonce sur le site Zikinf comme quoi ADX cherchait un nouveaux gratteux tout bêtement et puis moi à ce moment-là j’avais envie de rejouer avec des personnes. J’avais déjà mes copains de GATLING qui est mon groupe de reprises vers chez moi mais j’avais envie de rejoindre un groupe qui faisait de la compo et orienté sur le metal bien speed et thrashy comme j’aime et du coup le dialogue s’est fait d’une manière banale dans un premier temps avec Julien le bassiste qui a été l’intermédiaire durant la période d’essai car je n’étais pas le seul dans les rangs, il y avait d’autres personnes, parfois qui venaient de très loin pour faire des essais avec le groupe et moi j’ai fonctionné un peu comme à mon habitude en envoyant des vidéos pratiquement tous les jours pour montrer ma motivation et aussi mon avancement dans ce projet. Au final l’audition est arrivée, ils m’ont demandé de jouer les trois titres les plus difficiles de leur répertoire et je suis arrivé avec six titres, et ce qui au début était une audition s’est transformée en répétition, on commençait même à mettre des parties en place. Après on s’est posé dans un bar, on a pris une bière, ils m’ont regardé et m’ont dit « Bon, on la cale quand la prochaine répète ? » et c’était parti.

Dans quelles conditions a été enregistré « Bestial »
Dog : Julien et moi avons énormément bossé sur les compositions, c’était un gros à travail à deux, on a pratiquement préparé tout l’album ensemble, Phil a rajouté le chant après. Une fois en studio, moi hormis la batterie je ne sais pas faire grand-chose d’autre donc une fois mes pistes enregistrées, Julien s’est occupé de la basse et de la rythmique comme il connaissait les morceaux à fond et que Nicklaus était peu présent, Julien a abattu beaucoup de boulot. Puis Neo est arrivé, il a fait ses parties de solos, il a été fantastique, ça s’est fait très rapidement. On est rentré en studio sans problème.
Neo : De mon côté et venant d’arriver, je n’allais pas non plus faire s’effondrer un château de carte qui tenait déjà bien. J’étais là que depuis trois semaines, après le concert du Chaulnes Metal Fest, et trois jours après il y avait une session de studio qui avait été calée au Studio Sainte Marthe à Paris avec notre ami Francis Caste qui avait déjà enregistré « Non Serviam », j’avais d’un côté envie de laisser les choses telles qu’elles étaient, ne pas bouleverser le fonctionnement du groupe et d’un autre côté je n’avais pas envie de laisser ma "part à la cantine", j’ai donc fais tous les soli, c’était le moins que je puisse faire pour cet album-là. Pour le prochain je m’impliquerai beaucoup plus dans le processus de composition et tout ce qui doit être fait avant d’entrer en studio. Pour le moment je vais défendre « Bestial » sur scène car j’y ai quand même mis ma patte et je partage la paternité de l’album avec les autres gars du groupe.

Le challenge pour ce nouvel album était de garder l’âme des compositions d’ADX tout en insufflant de la nouveauté le tout avec une production moderne, Francis Caste a bien compris tout cela, a-t-il été en quelque sorte le septième membre du groupe ?
Dog : Bien sûr, on écoute toujours Francis. Déjà sur « Non Serviam » il nous avait apporté beaucoup de choses, on lui avait dit « on veut ça, ça et ça. On t’apporte le gâteau et toi tu mets toute la crème qui va avec et les cerises dessus » et pour « Bestial » on a fait exactement pareil. Il a même proposé encore plus de choses qu’avant. Quand Francis dit quelque chose on l’écoute, il est bien placé pour savoir de quoi il parle et il fait de belles choses.
Neo : Malheureusement pour moi le rapport avec Francis a été de très courte durée car je n’ai passé qu’une seule journée dans son studio, le reste des parties j’ai été obligé de les enregistrer chez moi étant donné que l’heure tournait et qu’il fallait caser mes parties dans les jours réservés pour l’enregistrement. Du coup on a procédé en DI (sans ampli, ndlr) ce qui ne m’a pas empêché d’aller apporter quatre têtes d’ampli à Francis pour qu’il réalise un son de groupe et que l’album soit bien puissant. Il a utilisé des têtes différentes pour les rythmiques et pour les soli pour que l’ensemble soit homogène tout en gardant une distinction entre les parties de guitares et au final, je trouve que c’est l’album le mieux produit d’ADX. On garde évidemment en tête que les premiers datent des années 80 et on ne va pas comparer des époques qui ne sont pas comparables en termes d’enregistrement, de matériels, de production mais quitte à avoir du matos autant le faire sonner quand on en a besoin et donc sur cet album il y a eu de la bonne grosse tête d’ampli qui vient seconder une batterie dont le son est énormissime. Et pour le côté production, le maître étalon pour nous c’était « Fire Power » de JUDAS PRIEST. Pour nous cet album à un son qui est à la fois actuel et aussi respectueux de l’essence de leur metal anglais ce qui pour nous était une référence évidente.



© Olivier L. / Olan Live Pics / Facebook ADX


Vous avez fait appel à un financement participatif pour produire votre album, choix qui se justifie pour ADX dans un souci de contrôle total sur son indépendance artistique plus que d’un coup de main financier que certains pourraient mal interpréter.
Neo : ADX a fait le choix d’être en autoproduction pour contrôler et n’avoir aucune main mise autre que celles des membres du groupe sur sa musique. Le fait d’avoir souscrit un Ulule à selon moi un aspect protéiforme, c’est d’une part donner l’image d’un groupe qui ne vit pas que dans son passé et inscrire ADX dans on époque avec les outils de communication d’aujourd’hui. C’est aussi une façon de remercier les die-hard fans qui depuis toutes ces années suivent le groupe et qui là, ont l’occasion, pas de donner de l’argent de manière volatile, mais de faire une précommande car lorsque tu finances cette cagnotte pour l’album tu as des contreparties : avoir l’album en streaming, en CD, en vinyle, un t-shirt et pour te citer un exemple quand tu investissais 33€ tu avais en contrepartie l’album CD plus le T-shirt et quand tu achètes du merch de groupes, que tu prends le CD et le T-shirt c’est souvent bien plus cher que 33€ donc tu vois que de ce côté-là il n’y avait pas de volonté de notre part de prendre bêtement de l’argent aux personnes mais on voulait apporter du contenu de qualité, comme avec la sortie en simultané du vinyle, il fallait que la sortie de « Bestial » soit un véritable coup de poing dans la gueule sinon ça sert à rien d’appeler l’album « Bestial » si c’est pour le sortir timidement, on voulait proposer la totale et ce sera d’ailleurs disponible sur notre stand de merchandising au concert à Petit Bain samedi 25 janvier.

Dog, en tant que membre fondateur encore en place avec Phil, quel regard poses-tu sur la carrière du groupe jusqu’à aujourd’hui.
Dog : Quand je repense à tout ce qui a été fait pour le groupe parfois je me dis « merde » on méritait beaucoup mieux. On méritait une maison de disques qui s’occupe mieux de nous. Je prends l’exemple de groupe comme MASS HYSTERIA qui chante aussi en français et qui est aujourd’hui au-devant de la scène et ces gars-là le méritent largement mais je me dis pourquoi pas nous ? J’estime qu’on a fait le boulot et ce depuis longtemps et on aurait mérité d’avoir quelqu’un qui s’occupe bien de nous et là pour « Bestial » on a fait appel à une personne qui va justement prendre les choses en mains, nous trouver des dates pour 2020 et faire tourner le groupe, on mérite d’en vivre comme les autres.

Le speed metal melodique avec un chant français s’exporte bien ?
Dog : Ce qui est intéressant c’est qu’on nous dit souvent qu’on fait du speed metal mais qu’avec un chant en français ça ne fonctionnera pas à l’étranger, alors en France on sait qu’on a un public, la question ne se pose pas mais on tourne aussi à l’étranger, on a été en Grèce, en Allemagne, en Suède, en Espagne et je peux te dire que l’accueil est le même qu’en France. La seule différence c’est que les mecs chantent en marmonnant les paroles, ils s’éclatent sur les refrains et on est agréablement surpris de les voir chanter "Division Blindée" avec l’accent suédois, c’est surprenant mais ça fonctionne vraiment bien pour nous à l’étranger.
Neo : La question du chant en français est une question que seuls les Français se posent au final. C’est comme nous qui aimons des titres en anglais qu’on marmonne et qu’on ne comprends pas forcément. Pour nous une langue étrangère on peut la comprendre comme quelque chose de musical et quand on était en Espagne pour la première édition du Maniac Metalfest on entendait les gars crier « Division Blindée » avec l’accent espagnol mais eux s’en foutent que ce soit du français ou de l’anglais mais ils sont peut-être plus attentifs aux instruments. Evidement les Français auront toujours à l’esprit, lorsqu’ils entendent chanter en français, ce petit côté Goldorak ou Bioman qui peut se comprendre sur certains types de chants (rires) mais là dans le speed metal ça va tellement vite que tu n’as pas le temps d’entende cette rythmique un peu martiale de la langue française. Je trouve qu’en ce moment il y une sorte de revival de la scène française, de groupes avec du chant français comme SORTILEGE, TITAN, TRUST... je flaire un truc avec les groupes de cette époque, qu’ils ont encore des choses à dire et sur scène ADX fait partie de ceux qui montrent le moins le poids des années, on rajoute 20 bpm à tous les titres qu’on joue et quand Dog commence à entamer ses riffs de batterie sur "Mémoires de l’Eternel" on se prend un coup de mitrailleuse dans la gueule, moi je balance les grattes partout, je me roule par terre, on a une énergie de dingue et de mon point de vue ADX, ça n’a pas vieilli.



​On peut dire qu’il y a un mélange de génération dans le groupe, les jeunes ne saoulent pas trop les plus "sages" dirons-nous ?
Dog : Pas du tout ! Phil et moi sommes les plus anciens, on a dépassé la cinquantaine il faut le dire, depuis un moment déjà mais pour que le groupe continue, qu’il perdure, il fallait du sang neuf, il n’y a pas à chier et sans revenir sur Betov, il était fatigué, il a vieilli on a tous vieilli et il s’est avéré qu’il était plus fatigué que Phil et moi et on a senti qu’il fallait amener du sang neuf. Depuis je trouve que le groupe a regagné en puissance, on a plus la pêche et sur le dernier concert on a joué à fond.

La superbe pochette est signée Stan Decker avec qui vous avez déjà collaboré dans le passé, avez-vous donné des idées pour sa réalisation ou a-t-il eu carte blanche ?
Dog : On lui a donné des idées. Moi j’aime faire des dessins, je griffonne un peu et je lui ai donné des idées, deux dessins qui avaient été faits à main levée en lui expliquant ce qu’on voulait comme thème et Stan Decker est quand même balèze il faut le dire et de ces deux petits dessins il nous a sorti un résultat extra. Alors ça ne ressemble plus trop à ce qu’on lui avait donné au départ mais on allait pas lui dire que ce qu’il nous avait fait c’était de la merde et qu’il pouvait se le garder vu qu’à chaque fois qu’il nous fait quelque chose c’est superbe, on ne pouvait qu’accepter son travail.

Quel est votre titre préféré dans la discographie d’ADX, voyons si vos générations se retrouvent ?
Neo : J’avoue que pour moi c’est "Red Cap" et lorsqu’on a terminé le premier concert auquel j’ai participé, les gars m’ont dit à la fin  « Putain, "Red Cap", il a une autre gueule en live ! » et moi j’adore cette chanson, le riff est dingue, il y a plusieurs tiroirs dans sa structure et puis j’adore cette intro à l’irlandaise... J’aime bien aussi "Déesse du Crime", elle est speed, tu lui rajoutes 30 bpm et le morceau file à cent à l’heure, avec celle-là si tu rates un truc c’est terminé, c’est sans filet, tu te retrouves en slip.
Dog : Pour moi c’est "Déesse du Crime" aussi car c’est LE morceau de notre premier album qui s’en détachait, celui-là et "Caligula". Et avec "Déesse du Crime" quand elle est jouée à fond c’est comme un soulèvement. J’aime bien aussi "Notre Dame de Paris" pour son côté medium, rentre dedans et mélodique.

ADX sera en concert ce 25 janvier, lendemain de la sortie de « Bestial » avez-vous déjà les dates et lieux de la tournée française ?
Neo : Le 1er mars on sera à Fisme, le 7 mars à Clermont-Ferrand et le 16 mai à Staples dans l'ch’nord, voilà les dates bookées pour le moment après comme le disait Dog, notre tourneuse chez MCMusics qui bosse aussi avec KLONE, va booker plein d’autres dates pour nous et si parmi ceux qui lisent ces lignes il y a des gens qui bossent pour le Hellfest je leur fais un gros clin-d’œil car on a du neuf avec « Bestial » et on est chaud, j’ai envie de dire « en avant Guingan ».

Blogger : Benjamin Delacoux
Au sujet de l'auteur
Benjamin Delacoux
Guitariste/chanteur depuis 1991, passionné de musique, entré dans les médias à partir de 2013, grand amateur de metal en tous genres, Benjamin Delacoux a rejoint l'équipe de HARD FORCE après avoir été l'invité du programme "meet & greet" avec UGLY KID JOE dans MetalXS. Depuis, il est sur tous les fronts, dans les pits photo avec ses boîtiers, en face à face en interview avec les musiciens, et à l'antenne de Heavy1, dont l'émission MYBAND consacrée aux groupes indépendants et autoproduits.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK