16 décembre 2019, 19:00

SLAYER

• Les souvenirs de l'équipe de HARD FORCE


© Tim Tronckoe - Nuclear Blast Records


La semaine dernière, des fans témoignaient de leur allégeance à SLAYER et de ce que le groupe, qui a tiré sa révérence le 30 novembre dernier, représentait pour eux. Cette fois, c'est une partie de l'équipe de HARD FORCE et de HEAVY1 qui a regardé dans le rétroviseur pour un hommage aux Titans du thrash…
 

Christian Lamet

Journaliste, réalisateur de documentaires et producteur pour la télévision et le web depuis 20 ans. Fondateur et rédacteur en chef de HARD FORCE depuis 1985, dans sa version papier et digitale depuis 2008.

A quand remonte mon first contact avec SLAYER ? Sans doute, comme la plupart des ados du début des années 80, à une saine lecture de la presse de l’époque. Etait-ce dans Enfer Magazine ou dans Kerrang! ? Difficile à dire.

Je n’ai pas fait partie de la première vague d’amateurs. C’est toujours bien de mettre un coup de polish sur sa propre histoire, ces derniers temps, afin de montrer qu’on était parmi les premiers, les puristes, les dénicheurs de talents. Personne pour vérifier. Non, SLAYER, ça n’était absolument pas mon truc jusque dans les années 86-87, période « Reign In Blood », aidé par Rick Rubin qui a su y faire pour m’acclimater à la rugosité de l’extrême. C’est comme ça, chez moi, la prod', c’est primordial.

Au moment de la sortie du premier numéro de HARD FORCE, un confrère belge, Tympans, m’avait procuré un exemplaire de son fanzine. En couverture, une photo noir et blanc live de Kerry King. C’est à cette époque que j’ai commencé à me questionner sur SLAYER, à tester ma perception des nouveaux courants, jusqu’où je voulais que HARD FORCE ouvre sa “une”, prenne des risques. Il faut replacer cela dans le contexte du milieu des années 80 : suprématie de la vague heavy metal ou du hard rock, les Etats-Unis qui inondent le marché de groupes glam permanentés, l’ère est à la mélodie, à MTV, aux radios et aux hits. Mais comme pour tout ce qui est excessif et surabondant, il est urgent de contrebalancer. La scène thrash américaine œuvre dans ce sens. C’est donc par souci, non pas de séduction du lectorat français plus extrême, mais d’équilibre des courants que je décide de mettre, à mon tour, Kerry King en couverture de HARD FORCE. 

J’ai toujours encouragé à ce que les journalistes en interviews, reportages et voyages de presse prennent du plaisir dans leur activité et donc, naturellement, rencontrent les musiciens qui leur étaient chers. C’est pour avoir missionné 13 ans durant tous ceux qui rêvaient de parler à King, Hanneman, Araya et Lombardo ou Bostaph que je ne peux que très tardivement, le 9 novembre 1998 précisément, enfin croiser le chemin de SLAYER. 
Mais pour le coup, c’est une belle séance de rattrapage. Un concours organisé avec son label en France m’amène à convier à La Locomotive (aujourd’hui Machine du Moulin Rouge) toute une ribambelle de metalleux, participants ou non à l’opération. Côté coulisses, le groupe moins Hanneman (absent pour on ne sait quelle raison) prend des verres, se soumet à une session photos pour un photographe anglo-saxon qui a fait le déplacement et improvisé un studio dans les sous-sols de la salle. Araya tire sur son cigare et blague, des membres de SYSTEM OF A DOWN, leur première partie du lendemain au Zénith, déambulent aux alentours le temps de quelques boissons. Toujours obnubilé par l’image, je filme ici et là des bribes un peu à l’arrache, mais on n’est pas à l’ère des smartphones qui pullulent, les artistes s’en fichent et j’ai une paix royale.
 

« SLAYER, ça n’était absolument pas mon truc jusque dans les années 86-87, période « Reign In Blood », aidé par Rick Rubin qui a su y faire pour m’acclimater à la rugosité de l’extrême. C’est comme ça, chez moi, la prod', c’est primordial. »


Puis il est temps de grimper sur scène pour la remise des prix. Mon compère Christophe Droit, monté à Paris pour l’occasion, et moi-même nous retrouvons à accueillir Kerry, Tom et Paul, tout d’abord sous une salve de cris et d’applaudissements, puis à remettre les prix dont une guitare, et là… ça se gâte. Chaque gagnant se fait siffler par ceux qui n’ont rien remporté, Christophe et moi nous faisons injurier et quelques minutes plus tard, la scène est prise d’assaut, en l’absence de sécurité, par une dizaine de fans qui veulent serrer la main et taper sur l’épaule des trois musiciens. Qui ne se démontent pas. 
A l’image – oui, c’est filmé – on sent que Christophe (2e photo ci-dessous) s’échauffe, c’est un gars du Sud ; moi, j’imagine déjà le fan trop excité se prenant une belle torgnole par Kerry et le tout finissant dans un pugilat généralisé avec tentative d’exfiltration des stars du soir. Comment nous en sommes-nous sortis ? Je ne sais pas. Par le sang-froid ou la masse corporelle de King ? Ou le sourire d’Araya qui a pris toute l’histoire à la rigolade ? Mystère… mais la fin de soirée est confuse.


   


Moults articles, rencontres, interviews, festivals et concerts plus tard… bim ! 19 ans dans notre face. Je suis à Brétigny, sur la BA 217, nouveau lieu inauguré en banlieue parisienne pour l’édition française du Download. En ce mois de juin 2017, SLAYER va jouer sur l’une des main stages. Notre studio d’interviews et de photos HARD FORCE est situé au cœur des loges. On n’a jamais vécu un tel luxe de travail en festival jusqu’alors. Evidemment, la condition de ce privilège, c’est de respecter l’intimité et la tranquillité des musiciens que nous croisons chaque minute, dans des transats, en direction des scènes, de retour de leur douche ou des toilettes. 
C’est justement en cette dernière occasion que je tombe sur un Araya, désormais barbe blanche, intrigué, se penchant et ramassant dans l’herbe ce qui se révèlera être une cartouche de fusil de chasse. Et d’éclater de ce rire si caractéristique ! 
Cette anecdote incongrue mise à part, à l’approche de son concert, il règne une drôle d’atmosphère autour de SLAYER. Pas d’interview, soit ! Pourtant le groupe est là, à ne rien faire, à attendre, à vaquer. Holt et King debout devant leur tente, regardent les autres interviews se dérouler, Araya discute ici et là et se fait interpeller pour un selfie ou une accolade, par d’autres musiciens d’ailleurs.
L’organisateur historique du groupe me demande si je peux organiser une photo de lui en compagnie du groupe car, pour reprendre ses termes, « il est très probable qu’on ne revoit pas SLAYER en concert de sitôt ». J’ai pour consigne de ne rien dire, mais j’ai fini par comprendre quelques mois plus tard. 
On dépêche notre photographe, j’en profite pour faire quelques plans rapides d’Araya à la caméra, en train de converser. A 3 minutes de partir pour la scène et à cet instant seulement, les quatre membres se retrouvent côte à côte. Une photo posée. A peine 30 secondes. Un sourire d’Araya, le mutisme des autres. Clic-clac, c’est fini. 



© Christian Lamet


Jay Sérignac

Première approche de la distorsion en 1984 avec "Still Loving You" de SCORPIONS à l'âge de 8 ans qui lui fait l'effet d'un électro-choc. Puis, en 1986, c'est la découverte de l'album d'IRON MAIDEN, « Somewhere In Time », qui le fait basculer totalement dans le metal. METALLICA avec « Master Of Puppets », HELLOWEEN et « Keeper Of The Seven Keys Part I » l'année suivante, plus possible de s'en échapper et cela fait donc plus de 35 ans que cette histoire d'amour musicale continue, même s'il n'est pas insensible à tous les autres genres de musique qui existent. « Pourvu qu'ça dure ! » comme dirait Lafesse. 

En quelle année et dans quelles circonstances as-tu découvert SLAYER ?
C’était il y a quasiment 30 ans, en 1990, lors la sortie de l’album « Seasons In The Abyss ». A cette époque, j’étais plutôt branché heavy, glam et je découvrais au même moment la fusion balbutiante. Même si j’avais déjà pu écouter (et adorer !) les albums de METALLICA à partir de 1986, année où j’ai mis pour de bon les deux pieds dans le plat du metal, après quelques approches timides à partir de 1984. Pas de MP3 en 1990 et le nec plus ultra (une expression de vieux, tiens) était d’avoir un lecteur de CD portable, le fameux Dischomme de chez Ynos. On m’a prêté l’album, j’ai glissé ce bout de plastique dedans, appuyé sur lecture et j’ai pris “War Ensemble” en pleine tête lors de la récré de 10h au collège. Plus rien n’a été pareil ensuite. Je n’avais pas encore 14 ans, j’ai pris sévère. K.O. debout. Cet album a été vraiment ma porte d’entrée vers le thrash et les musiques plus extrêmes (l’autre a été « Disincarnate » de LOUDBLAST un an plus tard). Puis, en 1991, est sorti leur live définitif, « Decade Of Aggression », qui squatte régulièrement mes enceintes encore aujourd’hui.

Tes trois albums préférés du groupe ?
« Seasons In The Abyss », en partie pour les raisons de cœur évoquées ci-dessus mais aussi parce que c’est une usine à hits (pardonnez l’expression), ça n’arrête pas une seconde, il n’y a rien à jeter. Je regrette juste qu’ils n’aient jamais inclus de façon pérenne le titre “Skeletons Of Society”, une de mes préférés. Ensuite, je mettrais « Show No Mercy », premier album avec un SLAYER qui se cherche encore un peu et fourre sur certains morceaux de gros passages heavy bien violents dans son thrash, comme sur “Fight Till Death”. Certains morceaux y ont fait instantanément figure de classiques, à juste titre. “Black Magic” ou l’ouverture sur “Evil Has No Boundaries”. Rien que d’y penser, j’ai les poils, comme dirait Mouss de MASS HYSTERIA. Et enfin le troisième… Dur dur avec leur disco de fou mais je mettrais un live, « Decade Of Aggression » bien sûr, avec l’intro infernale de “Hell Awaits” et cette heure et demie pied au plancher. Je ne les ai vus en concert que bien plus tard mais ils n’ont plus jamais joué avec autant de fureur. 

Ton concert préféré ?
Premier concert en 2008 seulement pour diverses raisons mais j’ai assisté ensuite et ce, jusqu’à la fin, à chacun de leurs passages en France. 2008 donc et une date au Zénith de Paris pour la tournée “Unholy Alliance III” avec MASTODON, TRIVIUM et AMON AMARTH. Ils ont joué une première partie du set avec les classiques et puis tout l’album « Reign In Blood » pour finir. Les 30 dernières minutes ont dont été très intenses pour le moins. Je me souviens que ma première impression à l’issue du concert est que le groupe m’a laissé hagard et hébété, groggy et sonné comme un boxeur qui a pris une dérouillée. Cela reste donc mon meilleur souvenir de concert car dépucelé en live dans les circonstances évoquées. Et puis comment ne pas citer le dernier, au Hellfest, où j’ai fendu la foule pour atterrir dans les premiers rangs et vivre la rage “de l’intérieur” ? L’ambiance était tribale, habitée, tous les fans savaient que c’était pour la plupart d’entre eux le dernier concert qu’ils verraient et on était presque dans une sorte de transe. Plus rien n’existait alentour, juste ces quatre gars sur scène déchaînant les flammes de l’Enfer. « SLAYER über alles » comme le proclamait un de leurs slogans dans les années 90.
 

« Qui vivra verra mais je reste sur le « SLAYER est mort, vive SLAYER ! ». »


Un souvenir fort lié au groupe ?
Je n’ai pas un mais deux souvenirs qui me resteront à jamais en mémoire. Le premier, c’est un pote de collège qui allait voir la date au Zénith en 90 avec MINDFUNK en première partie et qui avait séché les cours. Avant d’y aller, il avait picolé et était venu raide bourré chercher la merde avec le Principal. Le frère aîné d’un de mes meilleurs potes d’alors y allait lui aussi et  à son retour, il nous a dit qu’il n’avait jamais vu plus violent comme ambiance. A l’époque, le pit, c’était autre chose qu’aujourd’hui. C’était un truc de gros guerriers et on s’en prenait VRAIMENT plein la tronche, fallait être sanguin au propre comme au figuré. 
Le deuxième, c’est ce même frangin qui était venu avec ses parents attendre mon pote à l’aéroport d’où l'on rentrait d’un séjour découverte en Europe et il avait ce fameux Dischomme avec le live « Decade Of Aggression » dedans. Ils m’ont ramené et dans la voiture, on se partageait chacun un écouteur en ayant les yeux qui brillent à écouter les titres en scrutant la pochette et les photos.  

L'ultime concert de SLAYER à Los Angeles le 30 novembre… adieu ou simple au revoir ?
J’espère que c’est bien leur ultime concert, ce qui les fera rentrer vraiment dans la légende en ne dérogeant pas à cette règle comme tant d’autres (tous ?) l’ont fait ensuite, c’est-à-dire rejouer de façon sporadique ou régulière après avoir juré leurs grands dieux, craché, signé je ne sais quel contrat que jamais, ô plus jamais ils ne se reproduiraient sur scène. SLAYER a toujours eu pour lui d’être un groupe intègre, droit dans ses bottes, imperturbable, avançant au gré des critiques qu’ils ont eu à essuyer durant leur carrière et des décisions qu’ils ont prises parfois envers les membres du groupe. S’ils venaient à faire de même, j’aurais vraiment les boules. Autant pour d’autres groupes, je m’en fous et ça me fait même doucement marrer que là, je me sentirais trahi dans ce que j’ai de plus cher vu la ferveur et l’amour que j’ai pour ce groupe. Une large frange de fans, à ce que j’ai lu sur les réseaux, se range à mon avis. Qui vivra verra mais je reste sur le « SLAYER est mort, vive SLAYER ! ».

Un message pour le groupe ?
Comme beaucoup, et je ne serais pas original, je les remercie pour ce qu’ils ont créé, partagé avec le public. J’ai vu trois des quatre line-ups qui se sont succédés en près de quarante piges et ledit “classique” a ma préférence bien sûr, bien que chacun ait sa singularité et ses bons côtés. Une pensée au regretté Jeff Hanneman bien sûr qui peut être fier d’avoir participé à un tel niveau et contribué à leur succès mais aussi à Dave Lombardo avec qui j’ai fait une virée mémorable toute la nuit quand ils étaient venus jouer à Paris en 2011. Je ne peux pas raconter cela ici mais c’est impérissable, croyez-moi sur parole !
 

Laurence Faure

Tombée dans la grande marmite du metal il y a plusieurs décennies, journaliste à Hard-Rock Magazine au siècle dernier, bloggeuse à HARD FORCE depuis six ans… Metal is her life.

1991. Deux groupes on ne peut plus opposés musicalement, MÖTLEY CRÜE et SLAYER, s'apprêtent à sortir, à 3 jours d'intervalle, un témoignage de leurs dix années de carrière. « Decade Of Decadence » pour les premiers, un greatest hits agrémenté de quelque inédits. « Decade Of Aggression » pour les seconds, un double live aux airs de best of. A l'époque, je n'écoute pas SLAYER. Comme un certain nombre de mes contemporains, je les ai dans un premier temps découverts dans les pages d'Enfer Magazine avant de les retrouver régulièrement dans celles de Metal Attack, HRM et Hard Force. Mais mes oreilles ne sont pas encore éduquées pour apprécier leur style, trop extrême à mon goût. 

Peu de temps après avoir interviewé Tommy Lee pour Hard-Rock Mag, chez qui je travaille à l'époque, Phil Pestilence me propose de l'accompagner pour rencontrer Tom Araya et Dave Lombardo, de passage à Paris pour la promo de leur « Decade… » à eux. Histoire sans doute de me prouver qu'il n'y a pas que les groupes de hard US dans la vie et qu'il y a plus extrême que METALLICA et PANTERA que j'adore. En photo et dans leurs interviews, les musiciens étant du genre radical, à l'image de leur musique, j'espère ne pas rencontrer des mecs trop bas de plafond… Et puis même si je serai épargnée s'ils pratiquent à leurs heures perdues le sacrifice rituel de vierges, c'est malgré tout avec une légère appréhension que j'arrive dans les locaux de la maison de disques. Appréhension balayée dès les présentations faites, Tom et Dave étant tout ce qu'il y a de plus souriants, détendus et cool, à des années-lumière de leurs personnages de scène. Et puis nous avons droit, évidemment, aux célèbres éclats de rires d'Araya qui, à eux seuls, valent le détour. Surtout quand on sait qu'il ne se fout pas de votre gueule… Du coup, je me penche (sans tomber) sur leur double live et réalise que c'est dommage d'être passée pendant si longtemps à côté du groupe. Je vais donc rattraper le temps perdu.

Quelques jours plus tard, juste après les Monsters Of Rock à Vincennes où SLAYER ne jouait d'ailleurs pas, nos deux amis sont dans un état proche de l'Ohio à l'étage de La Locomotive, au bar VIP. Hilares et les yeux explosés, ils ont l'air rudement contents d'être là…
 

« Et puis nous avons droit, évidemment, aux célèbres éclats de rires d'Araya qui, à eux seuls, valent le détour. Surtout quand on sait qu'il ne se fout pas de votre gueule… »


Le 22 novembre, après le concert de SLAYER au Zénith de Paris, qui m'a assise (même si j'étais debout tout au long de leur set), je me retrouve backstage en compagnie de Victoria, une amie qui a travaillé dans leur management quelques années plus tôt. Elle commence à discuter avec Tom et, émue de leurs retrouvailles, éclate brusquement en sanglots. Il la prend alors dans ses bras pour un gros “hug” en lui parlant doucement. J'envisage un instant de fondre en larmes moi aussi, au cas où il veuille me consoler, mais je me retiens. #maîtrise #projusqu'auboutdesongles #regretséternels

Et puis il y a le mois de janvier 1995. Le voyage de presse à Los Angeles, au cours duquel je rencontrerai plusieurs groupes, est finalement placé sous le signe de SLAYER. D'abord avec leur concert, le 15, dans le cadre du “Divine Intourvention” US, en compagnie de BIOHAZARD et MACHINE HEAD, au Shrine Auditorium, à deux pas de South Central, un quartier chaud de L.A. Des voitures du L.A.P.D. patrouillent autour de la salle, il y a des policiers partout, on passe au détecteur de métaux à l'entrée… L'ambiance est électrique, tendue. Et quand on va aux toilettes, un flic vous emboîte le pas jusqu'à la porte (ne me demandez pas pourquoi). MACHINE HEAD joue dans l'indifférence générale, le public ouvre un œil pour BIOHAZARD et SLAYER met le feu, faut-il le préciser ? En quittant la salle, le photographe et moi, on se fera une petite frayeur. En ratant une bretelle d'autoroute, nous voilà à minuit sous un échangeur désert. Ah non, il y a des mecs louches qui regardent fixement notre voiture. On verrouille les portières et on démarre en trombe. Courageux mais pas téméraires, les Frenchies…

Deux jours jours plus tard, nous sommes conviés à une grande soirée organisée en l'honneur de SLAYER à Hollywood à la House Of Magic, superbe temple de la magie ultra select auquel on n'accède normalement que sur parrainage. Ce soir-là, c'est “Reign in Gold’, les musiciens se voyant remettre des disques d'or (soit 500 000 exemplaires physiques vendus à une époque où le digital et le streaming n'existent pas) devant un parterre composé de potes, de journalistes ricains, de représentants de MTV mais aussi d'invités de marque comme Slash, Mike Inez d'ALICE IN CHAINS, Sean Yseult et J. de WHITE ZOMBIE, ainsi que des membres de BIOHAZARD. Sans oublier Johnny Depp et Rosanna Arquette qui font une petite apparition. 
Hannemann et King mettront un point d'honneur à montrer que ce genre de sauterie, ça leur en touche une sans bouger l'autre et ne décrocheront pas un sourire ; Paul Bostaph, qui a remplacé Lombardo, est un poil gêné d'être applaudi pour des albums qu'il n'a pas enregistrés et seul Araya a la banane. « Putain, il était temps ! » déclarera-t-il avant d'éclater de rire. Pendant ce temps, dans chaque pièce de ce gigantesque manoir, des magiciens réalisent des tours hallucinants et assez “sombres”… Black magic ?

Et puis, même s'il ne faisait plus partie de SLAYER à l'époque et qu'il jouait alors dans GRIP INC., comment ne pas citer l'interview de Dave Lombardo, dans sa maison de Victorville, dans le désert au nord de San Bernardino ? A l'époque, il a deux enfants en bas âge et nous discutons pendant plus d'une heure pendant qu'il cajole un bébé en couche. Pas franchement l'image que l'on se fait de l'un des plus grands batteurs du thrash… Côté décoration, même si l'on ne s'attendait pas à trouver des murs peints en noir avec un autel (des sacrifices) et des pentagrammes, je suis surprise choquée par les énormes nœuds rose pâle qui retiennent les rideaux. Sans doute une idée de l'épouse de Dave… Heureusement, une fois notre entretien terminé, il nous conduit dans une pièce où trône sa monstrueuse batterie. Il la détaille, s'assied derrière et entame un “petit” rythme. Les murs tremblent, nos oreilles saignent, nos dents sont toutes détartrées. Et là, nous avons vraiment la sensation de vivre un moment privilégié. Notre entretien se terminera devant chez lui, le temps de quelques photos avec sa voiture.

Dis, Marty… elles sont où les clés de la DeLorean ?



© Chris Caprin


Laurent Karila

Psy addictologue, ayant une addiction positive au metal depuis 1983, blogger à Hard Force depuis plusieurs années, fan inconsidéré de KAMME (KISS, AEROSMITH, MÖTLEY CRÜE, METALLICA, EXTREME), collectionneur de vinyles et de goodies, père de 2 metal kidz.

En quelle année et dans quelles circonstance as-tu découvert SLAYER ?
J'ai découvert SLAYER lors de la sortie de l'album « Reign In Blood » en 1986. J'étais au collège, avec une veste à patchs, des Americana, un sac US et malgré mon amour pour MÖTLEY CRÜE, POISON, WHITE LION, WARRANT, DOKKEN et tout le hard US, j'étais aussi dans METALLICA, ANTHRAX, D.R.I., MEGADETH et TESTAMENT. VENOM et SLAYER m'intriguaient. Deux chansons m'ont retourné : "Angel Of Death" et "Raining Blood".

Quels sont tes trois albums préférés ?
« Reign In Blood », « South Of Heaven », « Seasons In The Abyss ».
 

« Deux chansons m'ont retourné : "Angel Of Death" et "Raining Blood". »


Ton concert préféré (si tu les as vus plusieurs fois) ?
En 2014 au Zénith : un concert mémorable avec mon fils aîné face à la scène, dans les gradins.

As-tu un souvenir fort lié au groupe ?
La première fois que j'ai vu Kerry King, cheveux longs, avec ses chaînes et ses bracelets à grands clous dans les années 1980 dans Enfer Magazine.

L'ultime concert de SLAYER à Los Angeles le 30 novembre… adieu ou simple au revoir d'après toi ?

Au revoir ... They'll be back !

Un message pour le groupe ?
Chers Tom, Kerry, Jeff (R.I.P.), Dave, Gary et Paul, vous avez marqué l'histoire du metal d'un code ineffaçable et de votre ADN brutal depuis mon adolescence. Vous êtes des légendes du thrash, l'un des 4 piliers de ce style musical. Merci pour tout et à bientôt, je l'espère.
 

Juliette Legouy

Fan de metal  (plus thrash/death ou stoner que hard rock ou heavy) et de gros rock qui “poisse”, Juliette a travaillé pendant plusieurs années au sein de la rédaction d’HARD FORCE, d’abord comme stagiaire puis comme journaliste. S’il lui  arrive encore occasionnellement de collaborer avec l’équipe avec grand plaisir, sa carrière a pris aujourd’hui une toute autre direction. Elle reste cependant fan de musique et d’écriture et si cela ne fait plus partie de son métier, cela demeure des éléments importants de sa vie. 

Rencontre avec SLAYER et séance de muscu avec KERRY KING
Mai 98... SLAYER s'apprête à sortir « Diabolus In Musica » et parcourt le monde en se livrant à l'exercice fastidieux mais obligatoire de la promotion. A l'époque journaliste pour HARD FORCE, j'ai rendez-vous pour une interview avec le groupe. Le magazine proposant également un contenu numérique sur CD-ROM (98... la préhistoire...), je suis accompagnée de Marc Ansel, ami de la rédaction et caméraman d'un jour, chargé de filmer la rencontre. Nous arrivons à l'hôtel Coste, croisant dans le vestibule le couturier John Galliano et le top model Karen Mulder... Bonjour le contraste. Si l'interview en terrasse est très classique, si ce n'est la vision assez incongrue de ces trois métalleux (Jeff Hanneman n'est pas présent) au milieu des la clientèle assez chic et coincée, nous avons prévu quelque chose d'un peu décalé pour la suite du programme. 

Armés d'un Polaroïd (la préhistoire, on vous dit) et la caméra toujours en action, nous accompagnons Kerry King à la salle de sport de l'hôtel. L'instinct de survie nous retient et nous ne rions pas en voyant le guitariste débouler en short de sport, avec son T-shirt des All Blacks et un foulard sur la tête façon pirate. C'est qu'il ne rigole pas le monsieur avec sa musculation : exercice pour les jambes et abdos (en faisant des gros yeux devant la glace), entraînement des pecs et du haut du corps, qui supportent le poids de la guitare (et de l'énorme chaîne qui lui sert de sangle), pour finir en soulevant des haltères de 20 kilos comme si c'était des baudruches (oui, on a essayé et non, on n'a pas réussi). Encore une fois, le contraste entre le bonhomme et le cadre est saisissant : salle de sport d'un hôtel chic, avec musique d'ambiance façon easy listening latino.... On en regrette presque qu'à cette heure-ci, il soit le seul à s'entraîner... Nous aurions aimé le voir partager les appareils avec quelques athlètes en lycra fluo (les 90's...).

Kerry King achèvera la séance en signant et en ajoutant quelques légendes sur nos Polaroïd, puis Tom Araya s'en empare et prend une photo épique (qui ne s'appelle pas encore un selfie...) tellement “réussie” que je supplie par la suite notre maquettiste de me supprimer de l'image avant publication. Mais même sans photo souvenir, impossible d'oublier cet après-midi.
 

« Nous accompagnons Kerry King à la salle de sport de l'hôtel. L'instinct de survie nous retient et nous ne rions pas en voyant le guitariste débouler en short de sport, avec son T-shirt des All Blacks et un foulard sur la tête façon pirate. »


Le Bonus Fact soirée HARD FORCE à La Loco
Le 9 novembre 98, HARD FORCE fête ses 13 ans et organise une soirée à La Loco avec SLAYER. Le groupe est présent et montera sur scène pour effectuer le tirage au sort d'un concours et remettre les prix aux gagnants. C'est une soirée où musiciens et certains membres de la rédaction profitent largement du bar... Et les membres de SLAYER se font un peu prier pour monter sur scène. Christian m'envoie donc les chercher... Pour resituer, j'ai à l'époque une petite vingtaine d'années et mon pouvoir de persuasion est proche du zéro absolu. D'autant que les bougres sont joueurs. Ils profitent donc d'un bar en coulisse et quand je viens leur dire qu'il est temps de monter sur scène, Tom Araya me répond en me proposant plutôt de boire un verre avec eux. 
Je décline gentiment, expliquant qu'on les attend et que de toute façon, je ne bois pas d'alcool. Erreur fatale. Kerry King sert alors un verre de vodka, me le tend et affirme : « Tu bois ça ou on n'y va pas »... Pas d'autre choix que de me sacrifier pour la cause... J'avale donc le verre (presque vide en réalité) et le groupe n'a finalement pas d'autre choix que de monter sur scène. C'était en 1998... Nous sommes en 2019, je me sens donc tristement obligée de rajouter que cette anecdote doit se lire avec humour... J'ai joué le jeu, non pas parce que je me suis sentie obligée de le faire mais parce que c'était drôle et dans l'ambiance de la soirée. 
 

Jean-Charles Desgroux

Journaliste dans la presse metal depuis 2002, biographe et auteur de nombreux ouvrages rock, programmateur et animateur sur HEAVY1, collaborateur de HARD FORCE.

Lorsque Laurence me propose de raconter mes souvenirs autour de SLAYER dans le cadre d’un bel hommage dans HARD FORCE, je suis d’abord heureux de pouvoir prendre ma plume et d’égrainer tous ces moments de fan et de journaliste. Et puis une drôle de vague me submerge : comme si je devais rédiger une nécrologie – et là, la peine, la consternation et la dure réalité m’abattent. SLAYER est mort ?

Cette histoire d’amour avec FUCKIN' SLAYER a démarré en 1989. En vacances à Marbella, 14 ans. A peine passé du heavy metal des années 80 à METALLICA en moins d’un an, deux cassettes m’attirent de façon impulsive dans le meuble pivotant et archaïque du disquaire andalou, les noms m’étant vaguement familiers : « Peace Sells But Who’s Buying » et « South Of Heaven ». Et c’est bien cette dernière que j’écoute en boucle, face A-face B sans discontinuer, sur mon transat du Club Med. Je fais le malin, mais si vous voyiez ma gueule à l’époque, on ne pouvait pas faire plus grand écart avec l’écoute d’un album de SLAYER.

En parallèle avec tous les héros de mon adolescence, je fantasme sur le groupe : du peu que je peux lire dans la presse française, l’impression est grande. SLAYER fait peur, des thèmes abordés dans leurs disques à la froideur de leur thrash exécuté sans pitié, en passant par les récits de concerts réputés comme “dangereux”. A cette époque, je n’ai encore vu aucune autre vidéo que celle du clip de “Seasons In the Abyss” et YouTube n’existe évidemment pas. Le seul témoignage indirect que j’obtiens est celui d’un mec que je connais, qui de Bayonne avait assisté à un concert du groupe aux States chez son correspondant. Et qu’il « s’était pris un coup de couteau dans le bide » en plein pit. Ouch. Bon, je réalisais finalement que le mec était un mytho de première mais ses dires allaient néanmoins dans le sens de ce que je pouvais alors imaginer. Ou fantasmer.

Lorsque ce fut ENFIN mon tour, en juin 1998, je n’en menais pas large – pour être très honnête. Une mini Ozzfest se tenait à San Sebastian de l’autre côté à peine de la frontière et si j’étais évidemment ultra motivé pour aller applaudir BLACK SABBATH ce soir-là, voir SLAYER me rendait tout chose. Après les sets de COAL CHAMBER et SOULFLY, le public basque espagnol connu comme très conservateur, intégriste et fort remuant s’est littéralement transformé en Bête lorsque le Velodromo de Anoeta fut plongé dans le noir. Un mouvement de foule et des hurlements de damnés : DANGEREUX donc ? L’expression même du Danger, oui. Je n’avais jusqu’alors jamais expérimenté un tel niveau de violence si palpable avant même que le premier riff ne soit décoché, avant même que ne démarre la sourde psalmodie de “Hell Awaits”. Car oui, l’Enfer attendait là, sous les travées vieillottes de l’arène. Je n’ai pourtant qu’un souvenir flou de cette heure-là : comme cette sensation atroce d’être happé par une vague vicieuse et de se sentir partir au fond, pris dans une lessiveuse pendant d’interminables secondes. SLAYER ce 22 juin 1998 ? La guerre des tranchées. Verdun. Et le tout au son de “Chemical Warfare” ou de “War Ensemble”.
 

« Je n’avais jusqu’alors jamais expérimenté un tel niveau de violence si palpable avant même que le premier riff ne soit décoché, avant même que ne démarre la sourde psalmodie de “Hell Awaits”. »


Après ces quelques dix années d’attente, nourries d’espoir et d’inquiétudes légitimes, les rendez-vous se multiplièrent enfin : et curieusement, c’est à Bercy que j’allais voir SLAYER, quatre fois d’affilée en six ans. D’abord en première partie d'IRON MAIDEN où ils allaient littéralement voler la vedette là où les Anglais devaient normalement triompher avec leur retour sur la tournée “Brave New World”. Il n’en fut rien. SLAYER  atomisa le public parisien ce soir-là, le reste fut ridicule après le dernier larsen de “Angel Of Death”. 14 juin 2000 : 10 titres seulement, veni vidi vici.

La seconde fois, SLAYER se substituait à PANTERA lors du “Tattoo The Earth Festival”, ce 28 septembre 2001. Anselmo, Darrell & Co venaient tout juste d’annuler leur tournée européenne en pleine crise paranoïaque post-11-Septembre. SLAYER non. Le groupe se retrouve de facto headliner, et une fois de plus, démontre qui sont les patrons. SLAYER en tête d’affiche à Bercy ??? C’était aussi insensé que fou et évident : à ce moment précis de l’histoire, il n’y a qu’eux pour assurer et assumer une telle présence.

La troisième est la meilleure : SLAYER remplit une nouvelle fois le Palais Omnisports dans le cadre de son festival “The Unholy Alliance”. La meilleure ET la bonne : nous sommes le 23 octobre 2004 et cela fait maintenant deux ans que je suis journaliste dans la presse metal. Mission du jour : quartier libre dans les backstages pour pouvoir TOUT raconter dans un article de trois pages et couvrir l’évènement. L’après-midi commence très bien : je suis invité dans le tour bus de FUCKIN' SLAYER pour mener un entretien avec Jeff Hanemann. JEFF HANNEMAN !!! L’impression est immense : à l’époque, j’ai moins de 12 interviews à mon actif !!! Trente minutes en tête à tête avec le guitariste qui ne peut décemment démarrer la conversation qu’après m’avoir offert une Heineken tirée d’un immense bac à glace dans le confortable salon à l’arrière du bus. ALORS DONC, JE DISCUTE PEPOUZE AVEC JEFF HANNEMAN !!!! 

Plus tard, dans l’après-midi, je croise Tom Araya et Dave Lombardo dans les coursives mais le clou de la journée survient quelques secondes à peine après leur propre concert. Je suis à l’entrée des backstages, juste derrière la sortie de scène, puisque je dois mener la suite de mon reportage en compagnie de SLIPKNOT, qui doit bientôt couronner cette soirée. Or, “Raining Blood” vient tout juste de s’achever : je n’ai hélas pas eu la chance de voir la douche de sang s’abattre sur le groupe puisque j’ai dû rejoindre les coulisses quelques 5 minutes plus tôt, manquant le mythique enchaînement avec “Postmortem”. Cependant, Tom Araya, Kerry King, Jeff Hanneman et Dave Lombardo me frôlent, me bousculent presque en se précipitant vers leurs loges. Et ils sont évidemment ruisselants de SANG. Couverts d’hémoglobine de la tête aux pieds, les yeux encore injectés de la même adrénaline, les corps encore vifs et raidis par l’excitation de leurs 70 minutes sur scène. Cela a duré 2 secondes. Mais qui resteront gravées à vie, comme un drôle de rêve fugace : les héros de ton adolescence en mode Evil Dead ou Carrie. Les crinières rouges de sang. Raining FUCKING BLOOD. 
 

« La boucle est bouclée, j’aurai interviewé tous les mecs de SLAYER, avec comme récompense ultime une session photo avec eux. »


Quatrième Bercy : le “Unholy Alliance Chapter 2”, 7 novembre 2006. Idem, même mission. Armé de mon petit dictaphone numérique, de mes yeux, de mon cœur, de mes tripes et de mon petit appareil photo, en mode petit reporter, Bercy SLAYER, la suite. Après avoir interviewé successivement GOJIRA, LAMB OF GOD ou encore IN FLAMES cet après-midi-là (rien que ça déjà !!!), le dernier entretien se passe dans une loge privée : celle de monsieur KERRY fucking KING. Vingt-cinq minutes avec l’un des types les plus impressionnants du circuit, pas forcément le plus aimable ni loquace, mais néanmoins l’un des plus mythiques. La boucle est bouclée, j’aurai interviewé tous les mecs de SLAYER, avec comme récompense ultime une session photo avec eux. Et outre ces quatre Bercy, il y aura eu quelques autres rencontres en promo (et de nombreuses fois avec Dave Lombardo, qui m’aura reconnu dans un avion entre Genève et Paris il y a quelques années).

Plus aucun concert à Paris depuis : j’aurai hélas loupé tous les Zénith, également au nombre de quatre depuis dix ans, et surtout manqué le Big Four au Sonisphère. 
C’est au Hellfest que je me rattrape néanmoins, ne loupant aucune messe sur les Main Stages, certaines en roue libre, d’autres impériales. Impériales comme cette dernière prestation, le 23 juin 2019, soit 21 ans et UN JOUR après ma première fois. Un concert INCROYABLE pour le coup agrémenté d’une scénographie monumentale sous le signe du feu. Des murs de flamme sur les amplis et des tirs nourris de croix renversées ardentes sur ce même “Hell Awaits” qui m’avait alors terrifié. Le “Final World Tour”, une apothéose. Araya, ému, remercie son public. Qui hurle des « SLAYER SLAYER SLAYER » à tout rompre. Chant guerrier scandé à pleins poumons et qui ne résonnera et vivra désormais que dans nos souvenirs. 

[Photos : collection personnelle]
 

Aude Paquot

39 ans et déjà 27 ans de musique metal dans la tête. Arrivée dans le milieu avec des groupes comme DEF LEPPARD, BON JOVI, SKID ROW ou encore PEARL JAM, Aude a rapidement enchaîné les concerts et les festivals, des plus petites salles aux plus grands festivals dont le premier fut le Wacken Open Air, mémorable. Et puis ses goûts se sont affinés (ou brutalisés !) et aujourd'hui, elle est plus tournée vers le black/pagan metal bien qu'elle prenne toujours un grand plaisir à écouter les classiques heavy metal ou les growls death metal. Elle a rejoint l'équipe HARD FORCE il y a trois ans avec une réelle fierté et des échanges riches et passionnants. Le metal est donc pour elle plus qu'un passe-temps ou une passion. C'est un véritable sacerdoce.

En quelle année et dans quelles circonstances as-tu découvert SLAYER ?
C'était grâce au live « Decade Of Agression » qu'un copain m avait passé en me vantant le groupe comme unique et tellement agressif. Et en effet, la voix, les riffs et même l'artwork m'ont bluffée. 

Quels sont tes trois albums préférés du groupe ?
Mes 3 albums préférés sont du coup « Decade Of Aggression » pour le souvenir qu'il comporte, « South Of Heaven » et « Divine Intervention ». 

Ton concert préféré (si tu les as vus plusieurs fois) ?
Meilleur concert en 1998 lors de la tournée “Diabolus On Tour” à Nancy avec ni plus ni moins que SEPULTURA et SYSTEM OF A DOWN. La claque !  
 

« J'ai bien l'impression que ce concert à L.A. est vraiment le dernier. En tout cas, à ce jour, je pense la décision sincère. Est-ce que le rappel du public les fera changer d'avis ? »


As-tu un souvenir fort lié au groupe ?
Je n'ai pas de souvenir particulier en rapport avec le groupe. 

L'ultime concert de SLAYER à Los Angeles le 30 novembre… adieu ou simple au revoir d'après toi ?
J'ai bien l'impression que ce concert à L.A. est vraiment le dernier. En tout cas, à ce jour, je pense la décision sincère. Est-ce que le rappel du public les fera changer d'avis ? 

Un message pour le groupe ?
Merci pour l'authenticité, la force et la passion dispensées en live et sur album. C'est rare donc précieux.
 

Manu Wino

Travaille dans l'industrie musicale depuis 20 ans. Egalement photographe depuis 7 ans pour de nombreux médias comme Heavy1, Batterie Magazine, Guitare Xtreme, ARTE Concerts…

J’ai vu SLAYER en concert pour la première fois le 16 novembre 1994 au Zénith de Paris. Je m’en souviens comme si c’était hier. Il y avait MACHINE HEAD en première partie (leur premier concert à Paris). Quelle puissance ! Je ne m’en suis jamais tout à fait remis. Depuis, j’ai vu chacun des 10 concerts parisiens du groupe. Sans compter les nombreux festivals (Hellfest, Eurockéennes, Sonisphere, etc.). Je me souviens particulièrement de ce passage événement à l’Elysée-Montmartre pour l’album « Undisputed Attitude ». Le groupe est arrivé très en retard à cause de son passage tardif à “Nulle Part Ailleurs” et des embouteillages monstres dans la capitale. 

« J’ai vu SLAYER en concert pour la première fois le 16 novembre 1994 au Zénith de Paris. Je m’en souviens comme si c’était hier. Il y avait MACHINE HEAD en première partie (leur premier concert à Paris). »

Et, comble de malchance, le matériel de Kerry King a lâché au début du concert, l’obligeant à prendre la basse de Tom Araya, laissant le frontman seul derrière son micro. Vision inédite d’un groupe d’habitude si fort et rodé, devenant subitement fragile et déstabilisé. Le concert s’est terminé au bout de 50 minutes à peine à cause du couvre-feu de la salle. J’ai bien cru que cela allait finir en émeute. 
Je finirai par un autre souvenir très fort, le concert du Sonisphere 2013, où j’ai pu prendre des photos du groupe pour la première fois. Sans doute pas mes meilleures, mais peu importe.
 

Bruno Cuvelier

Tombé précocement dans le chaudron en 1980, le speed et le thrash ont nourri son adolescence avant que les méandres sombres et mélancoliques du doom, du death et du black ne l’emmènent à découvrir le chant des sirènes. Voici en quelques mots l’histoire d’un voyage exploratoire au cœur du metal. 

En quelle année et dans quelles circonstance as-tu découvert SLAYER ?
J'ai découvert SLAYER début 1984 en achetant en import « Show No Mercy ».

Quels sont tes trois albums préférés ?
« Reign In Blood », « Hell Awaits », « Season In The Abyss ».

Ton concert préféré (si tu les as vus plusieurs fois) ?
En 1991 au Forest National de Bruxelles.
 

« Un grand merci pour la trace auditive indélébile que vous laissez dans mon esprit. »


As-tu un souvenir fort lié au groupe ?
Mon souvenir : avoir assisté à leur premier concert en Europe en 85 au Heavy Sound Festival à Poperinge.

L'ultime concert de SLAYER à Los Angeles le 30 novembre… adieu ou simple au revoir d'après toi ?
J'espère que c'est un vrai adieu pour le côté culte.

Un message pour le groupe ?
Un grand merci pour la trace auditive indélébile que vous laissez dans mon esprit. Cette même trace qui hantera l'histoire de la musique jusqu'à l'extinction de l'humanité. Voir au-delà.



 

Mr Rama

Passionné par la scène metal, Rama écume les salles de concerts hexagonales depuis 1990. Afin de partager ses expériences live avec le plus grand nombre, il fonde en 2007 le site spécialisé Riff On Stage. C’est par ce biais qu’il entre en contact avec HARD FORCE et intègre l’équipe en 2012.

En quelle année et dans quelles circonstances as-tu découvert SLAYER ?
J'ai découvert le groupe alors que j'étais lycéen. On s'échangeait pas mal de cassettes à l'époque avec les copains hardos. C'est comme ça que je suis tombé sur « Seasons in the Abyss ».

Quels sont tes trois albums préférés du groupe ?
Ben forcément « Seasons In The Abyss », « Decade Of Aggression » (parce qu'il reflète bien la puissance live du groupe) et « Divine Intervention ».

Ton concert préféré (si tu les avez vus plusieurs fois) ?
Pour le concert préféré, je dirais tous ceux en indoor mais s'il ne fallait en citer qu'un, ce serait le premier à la Coopérative de mai pour le côté intimiste.

As-tu un souvenir fort lié au groupe ?
Tous leurs concerts sont des moments forts et riches en émotions. La première fois que j’ai vu Slayer, c’était à la Coopérative de mai (Clermont-Ferrand), le 01/06/05. Ce soir là, j’avais pris une énorme claque. J’ai, depuis, revu le groupe à cinq autres reprises (2010,2011,2012,2013,2019), en connaissance de cause et pourtant avec toujours la même conséquence : la claque. 
Je l'ai toujours dit, pour moi, Slayer était (ça fait bizarre d’en parler au passé) LE groupe de scène le plus puissant. Déjà, dans ton salon, c'est balaise, mais en live, c'était juste une putain de tuerie . Ils sont à ce niveau et à bien des égards, im-pre-nables. Pourtant, j'en ai bouffé du live, mais jamais aucun groupe ne m'a démontré une telle efficacité sur la longueur.
 

« SLAYER, c'est l'intégrité même et une carrière sans compromis. Un come-back serait vécu comme une trahison pour les “die hard fans”. »


L'ultime concert de SLAYER à Los Angeles le 30 novembre… adieu ou simple au revoir d'après toi ?
J’espère vraiment, même si c'est dur à dire, que le concert du 30 novembre sera le dernier. Parce que s'ils font comme MÖTLEY dernièrement, j'aurais réellement les boules. SLAYER, c'est l'intégrité même et une carrière sans compromis. Un come-back serait vécu comme une trahison pour les “die hard fans”. Je précise d'ailleurs que je n'avais pas participé à ce questionnaire parce que le mot "fan" n'a, pour moi, plus aucun sens. Je ne me considère d'ailleurs pas comme un fan de SLAYER, loin de là. Alors que d'autres prétendront l'être sans jamais avoir acheté le moindre album ou billet de concert... Bref, je m'égare, j’espère que le groupe ne nous la fera pas à l'envers, ils ont su partir comme des princes et c'est très bien comme ça !

Un message pour le groupe ?
J'imagine que tout le monde répondra : « Merci »... Je souhaite une bonne retraite à Tom Araya qui l'a bien méritée : il a fait beaucoup pour le metal en général et le thrash en particulier, qu'il profite de sa famille tranquille, il le mérite amplement.
 

Pour retrouver le témoignage des fans de SLAYER, cliquez ici.

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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