18 janvier 2020, 12:45

THE LAST INTERNATIONALE

• "Soul On Fire"

Album : Soul On Fire

On ne va pas écrire ici la biographie de THE LAST INTERNATIONALE mais il est nécessaire de rappeler tout de même, pour ceux qui les ignoreraient, certaines périodes et événements qui ont forgé le duo composé de Delila Paz au chant et à la basse et d'Edgey Pires à la guitare. Lui, c'est le rock'n'roll et le blues incarnés, elle, c'est le charme de Pat Benatar et la puissance de Grace Slick du JEFFERSON AIRPLANE.
Après un premier EP « New York, I Do Mind Dying » en 2013, Tom Morello leur présente son camarade de jeu, le batteur Brad Wilk, qui rejoint THE LAST INTERNATIONALE de 2014 à 2015.

Depuis la sortie du premier album, « We Will Reign » en 2014, la formation new-yorkaise a certainement enduré sa juste part de moments difficiles. En désaccord avec Epic Records, le contrat est rompu, mais permet à Delila et Edgey de conserver leur indépendance artistique. Expulsé de leur appartement à Los Angeles et n'ayant pas l'argent pour faire un nouvel album, le couple était alors certainement au plus bas.
L'intervention de Tom Morello a redonné au duo la force et la motivation pour continuer. Le soutien du légendaire guitariste de RAGE AGAINST THE MACHINE, AUDIOSLAVE et PROPHETS OF RAGE n'était pas seulement moral, il a également joué le rôle de producteur exécutif sur le nouvel album du groupe, « Soul On Fire ».

En écoutant « Soul On Fire » pour la première fois, l'auditeur pourrait être enclin à lever une tasse de café imaginaire en disant : « Tiens, BLUES PILLS... ». Ne vous y trompez pas, l'industrie de la musique n'est pas un endroit pour les timides. Après une virée en ouverture de THE CULT lors de la tournée du 30e anniversaire de « Sonic Temple », THE LAST INTERNATIONALE a poursuivi sur sa lancée en sautant sur une autre tournée à guichets fermés, cette fois sillonnant l'Europe avec RIVAL SONS. Le moment idéal alors pour sortir le deuxième album studio (novembre 2019).

Le jeu de guitare de Pires est incroyable, en particulier pendant l'apogée de ''Hard Times'' quand il se lance dans un tourbillon de riffs de l'envergure de Morello alors que Delila Paz répète les mots « Rise up ». Il n'y a pas seulement une croissance personnelle dans ce disque mais aussi une évolution musicale. Il y a une puissance dans les morceaux de l'album que l'on ne trouve pas au début de la carrière du groupe. Et ''Mind Ain’t Free'' en est la preuve. Avec son groove alimenté par du fuzz lourd et une rythmique accrocheuse, elle a sa place parmi les chansons fortes de l'album.
Avec ''Try Me'', THE LAST INTERNATIONALE change de vitesse... un blues groovy plus contemporain et émouvant. La piste évoque un son qui rappelle les grands noms du genre tels que Gary Clark Jr. Et puis, il y a ''Tempest Blues'' qui donne un coup de pied aux fesses comme jamais. Edgey Pires fait presque parler cette guitare slide. Les genres fusionnent alors que la paire, accompagnée ici par Joey Castillo de QUEENS OF THE STONE AGE à la batterie, emmène l'auditeur dans une promenade dynamique à travers une quarantaine de minutes, bluesy, émouvantes, chaleureuses et floues à la fois.

Alors que ''Freak Revolution'' apportent un son plus rétro et psychédélique au disque, la chanson titre, elle, se construit avec une intro lente et émotive au piano. La voix flamboyante de Delila sur ''Soul On Fire'' parle de nombreux artistes classiques (Jimi, Janis, Nina...), mais une fois que le refrain entre en action, il est facile d'imaginer Charlize Theron sortir d'un bain et dire : « J'adore ». ''Modern Man'' maintient le rythme avec un son de guitare étincelant, tandis que THE LAST INTERNATIONALE le ralentit ensuite sur l’effet atmosphérique ''Need Somebody''. Ce dernier présente une accumulation progressive démarrant avec Delila qui pourrait faire penser à Lana Del Rey avant de se transformer en... Grace Slick. Cette puissante ressemblance se poursuit avec le deuxième single, ''Hit' Em With Your Blues'', et un soupçon de Debbie Harry... épatant ! Et c'est à peu près la seule comparaison que l'on peut trouver en écoutant la performance de Delila Paz. Il n'y a pas de retenue avec la dernière chanson de l'album, ''5th World''. Son accord lourd, son rythme battant et ses riffs de guitare psychédéliques féroces vers la fin, la chanson est l'un des nombreux points forts du disque. Encore une fois, la prestation vocale de Delila est passionnée et juste.

L'album se termine par un ''Outro'' teinté de gospel, qui présente une joyeuse performance a capella de Paz. Ici, THE LAST INTERNATIONALE emmène littéralement l'auditeur à l'église pour 59 secondes. « Soul On Fire » n'est pas seulement l'album que THE LAST INTERNATIONALE voulait faire, mais c'est l'album qu'il devait faire. Le disque est devenu une sortie cathartique, un moyen de mettre en évidence leur croissance personnelle et leur trajectoire ascendante à la suite du parcours pénible qu'ils ont vécu ces dernières années. Et à en juger par la qualité des chansons de cet album, à partir de maintenant, vous pouvez espérer les voir sur scène car ils seront de retour en février 2020 avec pour l'occasion, tenez vous bien, Ion Meunier (SHAKA PONK) derrière la batterie. L'internationale oui, mais pas la dernière !

Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
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