28 janvier 2020, 23:58

FIVE FINGER DEATH PUNCH + MEGADETH + BAD WOLVES

@ Paris (Zénith)


28 janvier 2020. Une pluie froide claque contre la vitre du train qui m'emmène à Paname. Pourquoi aller dans la capitale par un temps si peu engageant ? Pour assister à une affiche de concert des plus alléchantes, mais aussi des plus improbables. BAD WOLVES, MEGADETH et FIVE FINGER DEATH PUNCH. Incongrue pour beaucoup, cette affiche m’intrigue et je veux être de la partie. Depuis leur annulation à Strasbourg en novembre 2015, pour les tristes raisons que nous connaissons tous, j’attendais une occasion pour enfin voir en live FIVE FINGER DEATH PUNCH. Alors Zénith de Paris, me voilà.



BAD WOLVES, le groupe de L.A. qui monte fort dans les charts, a moins de 40 minutes, soit 8 titres, pour nous convaincre. Des chansons extraites, à parts égales, de ses deux albums, « N.A.T.I.O.N. » et «Disobey». D’emblée, le son est puissant. Avec "No Messiah", on a droit à un metal moderne et à un chant porté par la voix experte et chaude de Tommy Vext. Le frontman possède un charisme et une carrure indéniables. Sur une structure rythmique metalcore, Tommy offre un chant intemporel. "Friend Or Foe", on lorgne sur une agressivité FAITH NO MORienne… BAD WOLVES captive vite la fosse. Un excellent choix pour la première représentation de la soirée. Une montée en crescendo devant un Zénith à moitié rempli, mais les fans sont chaud bouillants. Il y a des moments anecdotiques tels qu’on les aime dans le milieu du rock. A la demande de Tommy, qui est bien à l’aise sur scène, les filles montent sur les épaules de leurs chéris, comme à l'époque de MÖTLEY CRÜE. Puis, c’est "à genoux tout le monde", avant un jump général venant du cœur. Il y a une âme : "Remember When", c’est prenant, le son est très bon, des guitares sont bien metaaaalllll…. Mmh, ce son de cordes huileuses, ces accélérations sur "Better Than The Devil", et ce frontman dont la présence scénique rappelle l’ami Corey.
"Killing Me Softly" est repris en chœur. Riffs hypnotiques, breaks aériens, un sacré morceau. "I’ll Be There", une dernière baffe en plein core et c’est l’heure du rappel. Et quel rappel ! La légendaire reprise des CRANBERRIES, "Zombie". Nous reprenons tous le refrain de Dolores, les yeux mouillés. Je suis transporté, j’en renverse ma bière dans l’intensité du moment. Quitte à être humide….
BAD WOLVES nous a émus. C’est indéniable.



Un peu en retard sur l’horaire, quatre hommes montent tout humblement sur scène. Premières notes de "Hangar 18" : MEGADETH est dans la place. Les fans sont pendus aux riffs de Dave Mustaine. C’est mieux que de l’être à ses cheveux, éternellement coiffés sur l’avant, donnant à Dave une allure de cousin Machin… je me moque, mais je n’oublierai pas de vous l’affirmer, Dave le Thrash Metal God est bel et bien de retour après ses graves ennuis de santé. Sa voix à peine plus éraillée qu’à l’accoutumée, ses riffs nous entraînent de suite sur l’autoroute du heavy metal eighties avec une grande classe. Le show est presque intimiste, malgré les milliers de spectateurs. Lumières orangées et chaudes sur les écrans de scène. "Wake Up Dead". C’est plus que ça. Nous sommes tous transpercés par ces hymnes légendaires. Dave est au mieux de sa forme, avec toujours ses riffs de tueurs. Des riffs "Sweating Bullets" !

Pour un set d’une heure, ne râlez pas, c’est déjà bien que Dave tienne cette longueur si peu de temps après la fin de sa radiothérapie. Nous aurons droit à 11 titres, en majeure partie issus de «Rust In Peace» et «Peace Sells…». Les albums canoniques, en somme. Mais le set de MEGADETH, c’est aussi de très belles anecdotes. Sur "Dawn Patrol", nous assistons à une belle battle entre David Ellefson à la basse et Dirk Verbeuren à la batterie. Duel hypnotique et savoureux. Retour sous les feux de la rampe des guitar heroes pour la suite logique, à savoir "Poison Was The Cure". On repart sur la voie rapide des riffs décoiffants. Parlons de l’ami brésilien Kiko Loureiro. J’ai un doute, car à l’écoute de ses soli qui vous caressent somptueusement les esgourdes, j’avancerai qu’il est suisse, tant c’est ciselé et précis.
Oui… un Kiko Suisse ! (pardon).



Après le mémorable « Symphony Of Destruction », arrive un autre temps fort. Megadave annonce la rémission de son cancer et, voilà qu’une belle nymphe blonde déboule sur scène. Paris oblige, le père et sa fille Electra dont c’est l’anniversaire, vont chanter ensemble "A Tout Le Monde". Personne n’est dupe, la donzelle n’a pas la voix du siècle, mais l’aura que dégage ce duo restera dans nos mémoires de métalleux aux cœurs d’artichaut. Punaise, deuxième fois de la soirée que je chiale ! MEGADETH exécute ensuite « Peace Sells », puis revient pour le rappel avec l’indéboulonnable "Holy Wars… The Punishement Due". Le groupe est copieusement acclamé. Un grand moment qui me conforte sur le fait que MEGADETH, c’est décidément mieux en salle qu’en plein air.
Respect unanime parmi les spectateurs.



21:30. FIVE FINGER DEATH PUNCH va devoir fait ses preuves après la leçon de thrash culte made in Californie. J’avoue que moi-même, pourtant fan de FFDP, j’ai les chocottes. Déjà, la salle ne s’est pas vidée, c'est bon signe. J’espère que nous aurons droit, comme à Amsterdam, au tout nouveau titre "Inside Out" en introduction. Hélas non. Le rideau tombe. Les premières notes de "Lift Me Up" résonnent et me rassurent. Les cinq membres de FIVE FINGER DEATH PUNCH sont là. On se prend dans la gueule le groovy thrash caractéristique du combo. Ivan Moody, qui alternera durant toute la soirée les tenues les plus bigarrées et colorées, ainsi que ses compères, sont en pleine forme. Seul Jason Hook semble faire la gueule, mais vu qu’il délivre des soli que Zeus lui-même aurait utilisé pour charmer ses conquêtes, nous lui pardonnerons volontiers ses lancers colériques de guitares. Zoltan Bathory, quant à lui, est plus "concentré", délivrant ses riffs typiques avec le sourire (peut-être son budget guitare est-il plus inférieur ?).

« I don’t look for trouble, trouble looks for me… », tel est le leitmotiv de la chanson "Trouble", excellent résumé de la vie agitée d’Ivan (et sûrement de pas mal d’entre nous). Le show est bigger than li(v)e, coloré, agité, digne d’un Superbowl. Un crâne géant domine le groupe, la pyrotechnie est au rendez-vous, Jason s’envole avec ses soli vers les cieux, juché sur une plate-forme, et il pleut des billets dorés. Les trois derniers albums sont largement représentés ; la set-list recèle également de pépites des autres albums, tels "Coming Down" ou "Burn It Down". "Wash It All Away" et "Jekyll And Hyde" sont acclamés. La salle est bouillonnante, FIVE FINGER DEATH PUNCH avec son show à l’américaine réussit à entraîner le public avec lui. Les refrains sont si largement repris qu’Ivan pourrait presque s’éclipser… ce qu’il ne fait pas, vu le plaisir évident qu’il prend dans cette communion avec ses fans. Oui, n’en déplaisent aux haters, Ivan est un réel frontman, assisté aux chœurs par l’impressionnant bassiste Chris Kael qui court aux quatre coins de la scène comme un beau diable.



Alors, oui, ça fait un sacré contraste avec MEGADETH et son minimalisme presque religieux. Toutefois, vu le débat qui a secoué les metalheads à l’annonce de l’affiche de ce soir, je vais me permettre une petite discrétion. FIVE FINGER DEATH PUNCH et MEGADETH sont deux groupes de rivages différents certes, mais ils excellent chacun dans leur domaine. Pour l’un, le show bruyant et maîtrisé. Pour l’autre, un concept metal avec une technique elle aussi maîtrisée. Dave, Kiko, Jason et Zoltan sont des dieux, ils nous charment avec leurs harpes modernes, ils savent nous ensorceler pareillement (on en revient à Zeus, tiens donc...). Rivages différents pour semblables riffages ? Assurément. Complémentarité et exemplarité. Le set se poursuit. Impressionnant duo Chris et Ivan sur "Got Your Six". Ovations pour l’incontournable reprise "Bad Company". Vient la troisième séquence "yeux humides", "Wrong Side Of Heaven" exécuté en acoustique. Poignant. Un groupe qui donne l'impression de t'offrir un moment unique... FIVE FINGER DEATH PUNCH est de cette trempe.

Premier final explosif avec "Burn MF". Le Zénith réclame le retour de FIVE FINGER DEATH PUNCH. Logique. C’est le rappel. Je ne m’y attendais plus, FIVE FINGER DEATH PUNCH exécute à ce moment, à la surprise générale, et pour notre plus grand plaisir, "Inside Out", le premier extrait de « F8 », l’album à paraître le 28 février. Après le duo Dave Mustaine et Electra, on poursuit la soirée cadeaux ! Entre "Under And Over It" et l’ultime titre légendaire "The Bleeding", nous avons droit à un bel Hommage à Kobe Bryant, décédé quelques jours auparavant. Ivan récupère le T-shirt d’un fan et le fait signer par les membres du groupe. Enfin, un enfant est accueilli sur scène. Punaise, la soirée n’en finit plus d’apporter ses instants chargés en émotion.

18 titres. Alors, oui, on pourrait faire la fine bouche, clamer qu'une tête d'affiche devrait jouer 2 heures comme "à la grande époque". Oui, la grande époque où les rock stars se chargeaient tellement que personne ne pouvait parier sur la qualité ou la durée de la prestation... Là, les Américains FIVE FINGER DEATH PUNCH, avec leur show réglé au millimètre près, garantissent 1h30 de plaisir à chaque représentation (bon OK, tant qu’Ivan tient le cap de la sobriété, ce que je lui souhaite). Alors autant dire que j'ai pris mon pied et au vu des ovations multiples du public, loin d'être le seul.
Oublié le débat sur la pertinence de l’affiche de ce soir, on peut affirmer que old school et new school ne sont que des concepts de haters désoeuvrés.

FIVE FINGER DEATH PUNCH est venu, on a vu et on a été vaincus. Je suis reparti de Paris des étoiles plein les yeux et du soleil dans le cœur.
Et pour les esprits fâcheux, les sceptiques, les ignorants, on chantera : « One, two... fuck you ! »


Photos © Axelle Quétier | HARD FORCE​


Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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