21 février 2020, 20:20

LABELS ET LES BETES

• "Le coté obscur de la force métallique - épisode 31"

Blogger : Clément
par Clément


Foutue météo. Février n'a pas encore tiré sa révérence et déjà les premiers rayons de soleil printaniers pointent le bout du pif. Du coup, pour vos trois émissaires du côté obscur de l’HARD FORCE il faut mettre les bouchées doubles et agir contre ce réchauffement climatique qui fait fondre les neiges et disparaître les frimas si propices à l'élaboration des musiques extrêmes ! Pas un souci pour le trio qui a une nouvelle fois rameuté ce qui se fait de plus sombre dans les contrées hostiles du metal qui tâche, histoire de garder une santiag en hiver...pour la Rock’n’Roll attitude ! Parce que pour Aude, Crapulax et Clément, "hausse des températures" rime avant tout avec "esgourdes en confiture", il serait bien dommage de se priver une nouvelle fois d’une bonne séance de défoulement en règle, non ?
 

TURIA : « Degan Van Licht »  (Eisenwald)

Actuellement en pleine tournée aux quatre coins de l’Europe pour la promotion de son troisième album, TURIA semble bénéficier d’un regain d’attention de la part des hordes de metalleux.Ce n’est que justice tant le groupe peaufine un style unique, atmosphérique oui, épique pour sûr, torturé ce n’est rien de le dire.

« Degan Van Licht » s’adresse donc à ceux qui cherchent quelque chose de différent au sein d’une scène black metal surchargée où les seconds couteaux fleurissent comme les poils enkystés sous la peau grasse.
Mission accomplie ici haut la mimine si l’on s’en réfère aux monstres que sont "Storm" ou "Merode" oeuvrant dans un style glacial et dépouillé, bourré de trémolos que l’on jurerait voir exhumés de la seconde vague norvégienne du début des années 90.
Que ce soit cette trompette lointaine, inquiétante, qui traverse la partie centrale de "Degan Van Licht" tout comme ses rythmiques boursouflées qui hantent l’album, chaque note ici délivrée renvoie à une époque que l’on pensait révolue. Quant à "Met Sterven Beboet", il enfonce le clou sans ménagement là où ça fait mal avec son côté sauvage et sans compromis.

Sans nul doute, cet album est une vraie bouffée d’air vicié dont l’on se régale à pleins poumons, perdu quelque part au sommet d’une montagne envahie par le brouillard et le froid. Et on en redemande !
(Clément)



MOONREICH : « Wormgod » (Les Acteurs de l’Ombre)

Quel plaisir diabolique, à peine un an et demi après la sortie de leur excellent dernier album « Fugue », de revoir les Parisiens MOONREICH gonfler les pecs sur un EP de haut vol... où ils se jouent une nouvelle fois des étiquettes, même si une certaine radicalisation de leur metal extrême inclassable saute aux esgourdes.

Pour sûr « Wormgod » ne fait pas dans la dentelle et ouvre les hostilités avec le morceau du même nom, incontestablement l’un des plus brutaux que le groupe ait conçu à date. Mais attention, une brutalité raffinée, si si, qui laisse un peu de place entre deux uppercuts à quelques caresses du meilleur effet.

A l’image de "That Swinging Noose" et "To Crawl This World" qui balancent eux aussi leur lot de riffs façon bouchère avec un doigté digne de Hugo Desnoyer. Mais c’est surtout sur la reprise de DEPECHE MODE "Broken", tirée du bluesy « Delta Machine », que le groupe laisse exploser tout son potentiel bouillonnant dans une relecture sombre et passionnée du meilleur effet.

Vous l’aurez compris, cette mise en bouche d’une vingtaine de minutes montre une nouvelle fois toute l’étendue des talents de MOONREICH et prouve que ce format court, explosif , lui va comme un gant ! Un gant de fer dans une main de velours...
(Clément)



​DROWN : « Subaqueous » (Prophecy Productions)

Du doom aquatique, c'est comme du funeral-doom mais en encore plus profond. Et c'est ce que nous propose DROWN, projet de Markov Soroka, officiant également dans TCHORNOBOG, KRUKH et AUREOLE.

Grâce à deux titres de 21 minutes chacun, on se retrouve plongé au plus profond des abîmes d'un océan dénué de toute lueur.
Des guitares lentes, des rythmes lourds et des mélodies empruntes de mélancolie sont comme le chant des sirènes, irrésistible.

A l'écoute de « Subaqueous », second album de DROWN, on se sent comme happé par les profondeurs insondables. Pourtant, on se plaît à se laisser porter.
La voix gutturale de Markov et les sonorités aquatiques offrent une expérience intéressante de doom bien sûr poignant mais aussi surprenant car inspiré et novateur.
« Subaqueous » raconte l'histoire d'un challenge pour la vie, une lutte contre la dépression et en même temps une réelle sensation de bien-être à se laisser dériver.

A écouter au calme, mais pas au bord d'une piscine...
(Aude)



​WOLVENCROWN : « Of Bark And Ash » (Avantgarde Music)

Une fois n'est pas coutume, voici du black metal venu d'Angleterre. WOLVENCROWN est un quintet de Nottingham, nouvellement arrivé sur la scène de l'atmosphérique. Et avec ce premier LP « Of Bark And Ash », ils comptent bien faire figure de concurrents sérieux dans le milieu.

Il comporte 8 titres à la fois épiques et bruts, souvent embellis de mélodies pagan. WOLVENCROWN est un savant mélange d'influences black metal et d'atmosphères naturalistes.
Les riffs de guitares hargneux se mêlent à des passages mélodiques aux claviers disséminés avec habileté, la voix hurlée surmonte des blast beats récurrents et les soli propulsent les titres vers une dimension plus mélancolique.
Quelques chœurs masculins et féminins viennent agrémenter le tout subtilement.

On passe donc allègrement de moments de pure agressivité à des pauses bien méritées de toute beauté. Mais en tous cas, le fil conducteur reste un voyage dans une nature hostile où le Malin semble nous attendre à chaque coin de forêt.
Aurez-vous le courage de vous y aventurer ?
(Aude)



​LORNA SHORE : « Immortal » (Century Media Records)

Dans la série « maman j'en prends plein les dents, j'ai mal jusqu'aux amygdales », voici le metalcore particulièrement destructeur des Américains natifs du New Jersey, jadis primaire comme un gros direct d'un Mike Tyson des grands soirs dans les gencives, aujourd'hui toujours aussi agressif mais d'une puissance revigorée par des petits bouts symphoniques inhabituels disséminés à des endroits stratégiques pour occasionner un maximum de dégâts ("Hollow Sentence"). Le gigantesque titre éponyme est à ce titre un pur régal en la matière !

La période trouble des allégations d'abus sexuels et de manipulations du vocaliste CJ McCreery, qui l'avait forcé à quitter temporairement le groupe, semble bien loin désormais et c'est tant mieux. Cela a permis à LORNA SHORE de focaliser son attention et son énergie sur ce monolithe de brutalité que constitue ce troisième effort.
Un véritable effet de rouleau-compresseur imputable autant aux énormes performances du batteur Austin Archey qu'aux parties vocales caverneuses de McCreery ou aux passages lents et syncopés propres au slam (ou brutal death metal pour les intimes).

Si vous cherchez un truc pour nettoyer l'espace intersidéral que vous avez entre vos deux oreilles, n'allez pas plus loin : c'est LORNA SHORE qu'il vous faut !
(Crapulax)



​SLAVE ONE : « Omega Disciples » (Dolorem Records)

Tiré sans doute du nom du célèbre (pour les geeks s'entend...) vaisseau spatial du chasseur de primes mandaté par l'Empire Boba Fett, décédé tragiquement en tombant bêtement d'une dune faut-il le rappeler, les Français SLAVE ONE distillent depuis 2007 un death metal technique, rugueux, emprunt de cassures rythmiques et de passages un peu spatiaux... justement ! Cela même si on ne s'inscrit pas du tout dans la fameuse bande originale de John Williams, on est plutôt dans le sillage tortueux d'une abyssale créature aquatique (sans doute un ange morbide déchu ou quelque chose dans le genre), suintant la pestilence et emplie d'un noir cynisme qui ferait surface non loin des rivages du Nil (comprenne qui pourra). Pas la même ambiance en vérité !

Ténébreux, inquiétant et d'une densité brutale peu commune ("Carbon Mantra"), SLAVE ONE s'inscrit sans rougir dans ce qui ressemble de plus en plus à un renouveau de la scène death metal technique hexagonale orchestré depuis quelques années par GOROD, NEPHREN-KA, CARCARIASS (qui signe son grand retour en 2020 avec « Planet Chaos ») et autres FRACTAL UNIVERSE.

De quoi se réjouir et voir l'avenir sous les meilleurs auspices...
(Crapulax)


Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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