18 avril 2020, 13:30

ROSE TATTOO

• "Outlaws"

Album : Outlaws

En 1978, une bande d’énervés australiens sort un premier album éponyme, seulement en Australie, sur le label d’AC/DC, fans de leur hard rock de voyous, produit par le duo Vanda et Young. La musique est urgente et énervée, du heavy blues facilement reconnaissable grâce à la slide-guitar, où l'on fait glisser un tube sur les cordes, de Peter Wells, fondateur du groupe.
Avec des titres comme "Remedy", "The Butcher and Fast Eddie", qu’on retrouvera plus tard sur la B.O. de l’excellent Démons de Jésus de Bernie Bonvoisin et surtout le survitaminé "Nice Boys", repris sur le premier mini-album de GUNS N' ROSES, ROSE TATTOO connaît un certain succès qui va s’exporter aux Etats-Unis et en Europe. En 1981, ce premier album, qui sort sous le nom de « Rock 'n' Roll Outlaw », est même n° 2 des ventes en France. On découvre aussi le groupe dans la presse rock avec des photos du chanteur Angry Anderson bardé de tatouages, avec son T-shirt rayé, lors de la puissante apparition du groupe au Festival de Reading en Angleterre, le visage sanguinolent. Angry, qui ne s’appelle pas comme ça pour rien, s’est fâché et a collé des coups de boules aux piles d’amplis.

Après trois autres albums de moins en moins percutants, le groupe se sépare, tente de se reformer grâce à l’influence qu’ils ont sur de nombreux groupes de Los Angeles, y parvient dans les années 2000, avec une partie des musiciens de la grande époque, les autres calanchant au fur et à mesure que le temps passe. Fort d’une formation massive depuis quelques années, avec notamment Mark Evans, présent sur les premiers albums d’AC/DC, à la basse, Angry a fait reprendre ses vieux tatouages et ROSE TATTOO tourne à nouveau et à plein régime. Pour marquer le coup, la bande à Angry, qui a voulu ainsi « honorer le passé et respecter l’avenir », a réenregistré son premier album en y ajoutant trois très anciens morceaux, 13 ans après le dispensable « Blood Brothers ».

Bien leur en a pris. Dès le premier riff de "One of The Boys", on sait où l'on est. Une intro à la batterie, des gros coups de guitare, avec le « 1-2-3-4 » d’Angry Anderson, la machine est lancée. C’est toujours aussi bien, on connaît déjà, toujours aussi gras, et la voix d’Anderson, 73 ans aux prunes, n’a pas perdu grand-chose. Dai Pritchard, à la slide depuis 2007, assure franchement, la rythmique aussi. Tout cela est bien compact, agressif et puissant, on a affaire à de vieux briscards. Le son est épais, sans fioritures, la grosse caisse sonne somme une grosse caisse, tout cela est organique. Mark Opitz n’est pas un inconnu, il est à l’origine de celui de « Let There Be Rock » et « Powerage » d’AC/DC, l’album préféré de Keith Richards, d’albums de THE ANGELS et d’autres groupes artistes australiens ou encore du « Kiss Symphony: Alive IV », celui où on entend bien les pétards. "Sweet Love (Rock 'n' Roll)" prend la suite. Un des trois morceaux qui ne figuraient pas sur l’enregistrement de 1978. Un shuffle qui swingue, bien plus gras que du STATUS QUO, qui file droit jusqu’au dernier coup de cymbale.

Sur ce nouvel enregistrement, les ROSE TATTOO ont changé l’ordre des morceaux, ça donne un côté neuf. "Snow Queen", encore une vieillerie, prend la suite de l’énervé "Tramp", c’est lourd, ça fait bouger la tête, le refrain est efficace. L’intro de "Rock 'n' Roll Outlaw" est un peu remaniée mais le morceau reste le même, riche en slide avec toujours ce refrain facile à reprendre en chœur. D’autres morceaux ont un peu bougé sur ce nouvel album, Angry et sa bande ont rajouté des breaks, des ponts, des nuances qui ressemblent à des jams. Tant mieux, ça booste le tout.

C’est sûr que la musique de ROSE TATTOO n’a plus grand-chose d’original aujourd’hui, mais on aime toujours autant, comme "Remedy" avec son faux air de "Let There Be Rock". L’album alterne les blues riches en graisse, les brûlots énervés comme le formidable "Astra Wally" avec sa grosse caisse sur tous les temps, la recette qui fait l’efficacité de leurs compatriotes d’AIRBOURNE. La ballade "Rosetta" vient clôre les débats, après le furieux "Nice Boys", balancé comme une série de bourre-pifs avec un pont où sont convoqués Little Richard et Elvis.

Pour les anciens du gaz, ça remue des souvenirs, c’est pas moderne mais c’est toujours aussi efficace. On sait déjà ce qu’on va écouter en bagnole, quand on pourra sortir.

Blogger : Philippe Dynamo
Au sujet de l'auteur
Philippe Dynamo
C'est rapidement que Phil rencontre la musique... Un album de POLICE pour son dixième anniversaire, un paquet de 45 tours, beaucoup de daube, le début des radios libres. Premier disque acheté : THE CLASH. L'énergie ! C'est le début des années 80, un grand frère qui écoute Gary Moore, JUDAS PRIEST, DEEP PURPLE et LED ZEPPELIN et ses potes AC/DC et TRUST... Ses propres amis naviguent sur les Stray Cats, VAN HALNE et IRON MAIDEN... Sa prof' de musique au collège s'arrache les cheveux quand il lui amène BLACKFOOT, SCORPIONS, JOURNEY ou NAZARETH pour écouter en cours... 1983, « Wango Tango » tous les vendredis, premier concert avec DEF LEPPARD, grosse baffe ! Une veste de treillis avec DIO dans le dos, un tee-shirt d'IRON MAIDEN, une veste en jean avec le logo de MOTÖRHEAD en garniture. Tous les mois, la presse : Rock & Folk, Best, puis Enfer Magazine, Metal Attack et Hard Force... Depuis, un tas de concerts, des festivals, d'abord de hard rock, puis de plein d'autres genres. Les cheveux tombent, le bide pousse, mais la flamme brille encore et toujours. Devenu journaliste pour dire autre chose que "j'adore ce que vous faites" aux artistes qu'il aime rencontrer. Partager avec eux des moments privilégiés, et d'essayer d'en rendre compte.
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1 commentaire

User
mick bodzian
le 02 mai 2021 à 20:44
Bonjour,
Merci pour cet excellent article. J'aime bien l'album avec un petit bémol pour le solo sur The Butcher And Fast Eddy; celui d'origine m'avait scotché, ben pas celui-là! Dommage car le reste c'est de l'excellent boulot.
Cordialement.
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