15 mars 2020, 18:38

BODY COUNT

• Interview Vincent Price

Les créateurs du rapcore teinté hardcore étaient de retour le 6 mars ! Ice-T et son gang BODY COUNT sont toujours autant en colère et ce 7e album studio qu'est « Carnivore » coïncide avec le 30e anniversaire du groupe ! Il poursuit le chemin de ses prédécesseurs intransigeants, en associant les paroles critiques d'Ice-T sur la société à des riffs de guitare d'Ernie C qui font un clin-d'œil aux grands noms du metal comme SLAYER, METALLICA, PANTERA, SUICIDAL TENDENCIES ou encore RAGE AGAINST THE MACHINE. En promotion avant la sortie de l'album, c'est avec Vincent Price que nous avons pu discuter. Le bassiste de BODY COUNT, figure active du groupe, nous a parlé de « Carnivore », d’Ice-T et du metal en général. Un entretien donc réalisé avant l'épidémie de coronavirus qui paralyse la musique et le monde...


Salut Vince, pourquoi avoir choisi le titre « Carnivore » pour ce nouvel album ?
Vincent Price : « Carnivore » ? Eh bien, je ne sais pas trop pourquoi ce titre précisément. Mais si tu regardes un peu le passé, le titre de chacun de nos albums provient des paroles d’Ice-T. Regarde celui de notre précédent album : « Bloodlust » provient d’une chanson, « Carnivore » provient du titre "Bloodlust". Dans cette chanson, Ice-T écrit et chante : « I'm a carnivore, I can eat meat raw - I destroy almost everything I touch » (NDR : Je suis carnivore, je peux manger de la viande crue - Je détruis presque tout ce que je touche). Voilà, pourquoi ce titre « Carnivore » pour ce disque.

Comment avez-vous construit, composé ce nouvel album ?
Nous étions tous ensemble, chacun a apporté ses idées. Nous avons mis en commun nos riffs. Nous voyons ce qui marche et ce qui ne marche pas. Nous avons l’habitude d’inviter d’autres artistes à composer sur nos albums. Sur « Bloodlust », il y avait Dave Mustaine de MEGADETH, par exemple, et aussi Max Cavalera. Nous avons décidé de faire pareil sur cet album. Nous avons reçu une douzaine de chansons. Il y en avait plein qui ressemblaient à ce que nous avions fait sur l'album précédent. Une qui sortait du lot, c'était "Another Level" de Jamey Jasta de HATEBREED. Il a écrit un titre qui tuait, c’était grand ! Pour le reste, on s’est dit OK, c’est bien mais on veut faire différemment. Capitalisons sur « Bloodlust » et faisons quelque chose d’encore mieux pour nous !
 

« Nous devons surprendre, choquer, c’est notre formule gagnante. C’est ce que nous voulons : gagner, pas perdre »

 

Il y a aussi Riley Gale de POWERTRIP sur ce nouvel album...
Quand nous avons fini l’album et notamment les paroles de "Point The Finger", nous nous sommes demandé qui nous pourrions inviter sur ce morceau. Qui serait parfait sur la chanson... Riley Gale ! Le titre sonnait d’enfer. Ça a été la même chose avec Amy Lee d’EVANESCENCE. On connaît la suite...

C'est Amy Lee qui a écrit le titre "When I’m Gone" sur lequel elle chante ?
Non, lorsque nous avons fini la musique, Ice-T a écrit ses paroles. Nous avons réfléchi également qui pourrait chanter avec lui. Amy est arrivée et a placé son art !

Amy Lee a apporté quelque chose de nouveau à BODY COUNT, non ?
Je suis entièrement d’accord avec toi. Tu sais, lorsque on était en tournée en Europe, beaucoup de monde m’a proposé de participer au nouvel album. J’étais un peu frustré et mon technicien basse m’a dit : « Vous devriez essayer un truc avec Amy Lee d’EVANESCENCE ». Il avait tourné avec eux et trouvait ça cool. Je me suis dit, il a raison putain ! BODY COUNT, c’est ça. Nous devons surprendre, choquer, c’est notre formule gagnante. C’est ce que nous voulons : gagner, pas perdre (rires). Quand nous écrivons une chanson, nous voyons comment sonne la musique : metal classique, metal moderne, rock ? J’envoie la chanson à Ice-T qui ressent les vibrations et compose dessus. Nous nous mettons toujours à la place de nos fans aussi. J’étais en tournée, J’ai envoyé le titre à Amy qui m’a renvoyé sa démo par e-mail. Je l’ai fait écouter à Ice qui a poussé un cri : « Wow ! ». Il m’a demandé : « Mais comment as-tu fait ça ? ». De toute façon, mon processus est le suivant : je construis quelque chose, je ne le dis pas trop à Ice et après il dit soit oui, soit non. Avec Amy, ça a été un grand oui !

Dave Lombardo, que l’on ne présente plus, apparaît à nouveau sur l’album...
Oui, il joue sur le titre "Colors". Je suis archi fan de SLAYER. Nous jouions à un festival aux USA où DEAD CROSS, son projet avec Mike Patton de FAITH NO MORE, se produisait aussi. Nous nous sommes dit pourquoi Dave ne jouerait-il pas sur "Post Mortem" dans « Bloodlust » ? Nous avions fait le choix de reprendre aussi "Raining Blood".
 

« Le public est devenu fou quand nous avons joué « Ace Of Spades ». C’était la première fois que BODY COUNT s’attaquait à cette chanson. »



Qu’est-ce qui vous a décidé à faire la reprise "Ace Of Spades" de MOTÖRHEAD sur « Carnivore » ?
Lors de la précédente tournée, nous ouvrions nos concerts avec "Raining Blood" de SLAYER. Quand nous avons joué au Wacken Open Air en Allemagne en 2019, SLAYER était à l’affiche pour sa tournée d’adieu, nous ne pouvions pas ouvrir avec un titre à eux. Nous avons donc fait le choix de ce morceau de MOTÖRHEAD. Le public est devenu fou quand nous avons joué "Ace Of Spades". C’était la première fois que BODY COUNT s’attaquait à cette chanson. Nous avons décidé ensuite de la mettre sur l’album. MOTÖRHEAD est l’un de mes groupes préférés. Je les suis depuis les années 1980, j’ai tous leurs albums et plein d’autres trucs. Je n’ai jamais eu d’histoire partagée avec Lemmy et MOTÖRHEAD à ma grande déception !

Quelles seraient pour toi les 5 meilleures chansons à consonance metal ?
Dur comme question ! Je dirais : "Phantom Of Opera" d’IRON MAIDEN, "We Are The RoadCrew" de MOTÖRHEAD, "Hear Nothing See Nothing Say Nothing" de DISCHARGE... (Il réfléchit) Ça fait 3 ou 4 ?

Trois.
"Strange Encounter" de STEEL PROPHET et... "Chemical Warfare" de SLAYER.

Vince, il y a des versions metal de titres et hits hip-hop d’Ice-T que sont "Colors" et "Six In Tha". Peux-tu nous en parler ?
"Colors" devait figurer ainsi sur « Carnivore ». Nous avons joué "Six In Tha Morning" et ça sonnait grave. Nous voulions mettre en studio cette version de "Colors" depuis longtemps. Si tu regardes la pochette, il y a des éléments qui se rapportent à "Colors".

Cela va être le 30e anniversaire de la carrière du groupe, prévoyez-vous quelque chose de spécial pour vos futurs concerts ?
Non, nous allons faire ce que nous savons faire et allons le faire bien, tu sais. Il y aura peut-être des choses spéciales, rien n’est encore prévu.  

Quel est ton point de vue sur la scène metal aux USA et en Europe ?
Aux USA, c’est de plus en plus gros. Ça augmente progressivement en termes de visibilité. Nous jouons sur des scènes de plus en plus grosses. Les USA sont moins performants que l’Europe en terme de metal. C’est quand même de chez vous que vient le genre (rires). J’adore la scène européenne. Je vis à Los Angeles depuis longtemps, j’ai vu passer cette vague hair metal. Pour moi, ma plus grosse influence est DISCHARGE. Je dois les écouter tous les jours, je pense !

As-tu un super souvenir de ta carrière ?
Un seul ? C’est hyper dur. Ah si, j’en ai un. Monter sur scène, sauter partout mais la dernière fois, je me suis pété la cheville gauche. Je m’en souviens (rires) ! C’était au moment du quatrième titre. J’avais mal mais j’ai continué à jouer et après je suis allé directement à l’hôpital. Je suis encore en convalescence.

Te sens-tu mieux ?
Oui, ça va un peu mieux. J’ai passé 6 mois en chaise roulante à ne rien faire. Je peux remarcher maintenant.

Si tu pouvais effacer un épisode de ta vie, ce serait quoi ?
Ne pas avoir sauté sur scène ce soir-là et me casser la cheville (rires).

Bientôt des concerts en France ? As-tu une anecdote sympa à nous raconter lors de tes précédents concerts dans notre pays ?
Oui, des concerts sont prévus. Nous avons hâte de venir jouer chez vous. Non, je n’ai pas de souvenir précis. Tous les concerts étaient cool, le Hellfest, aussi !

Une dernière question : quelle est ton addiction positive ?
Juste vivre sa vie tous les jours comme si c’était le dernier jour. En profiter pleinement quoi qu’il arrive ! (Ce n’est pas peu dire en cette période... NDR)
 

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK