Avec WHITE STONES, le bassiste d’OPETH Martín Méndez s’accorde une pause récréative entre deux tournées. Il lâche ici la bride et remet au goût du jour son amour pour le metal qui tâche, qu’il a placé entre parenthèses au sein de sa formation principale depuis maintenant dix ans et la sortie de l’album « Heritage ». C’est donc bien entouré, forcément aurait-on envie de dire au vu du pedigree du musicien, avec Eloi Boucherie aux vocalises (aussi à la manœuvre chez VIDRES A LA SANG) et Jordi Farré derrière les fûts (également actif au sein de VIDRES A LA SANG et CRUCIAMENTUM) qu’il ressuscite une partie du passé d’OPETH. Plus précisément celui situé au cœur des années 2000, grosso modo de « Blackwater Park » à « Watershed », celui-là même qui fait la part belle aux riffs enjoués, mid-tempos pour la plupart du temps, et aux breaks malicieux. Le tout est rehaussé par des growls profonds, très death metal, qui apportent un côté obscur et retro à l’ensemble.
Mais que l’on ne s’y méprenne pas, WHITE STONES n’est pas qu’une vile repompe des années glorieuses du groupe, tout du moins de ses années métalliques. Il n’est pas non plus un simple album de death metal comme l’annonce le label, il est bien plus que cela. Il permet notamment à Martín, qui s’occupe également des parties de guitares sur « Kuarahy », de s’adonner à un style plus basique et empreint de groove, ce qui est loin d'être un qualificatif péjoratif le concernant. Il s’offre ainsi un retour aux sources qui ne privilégie pas l’étalage de technique mais le plaisir de jouer, là, sans prise de tête. C’est d’ailleurs flagrant sur le duo d’ouverture, "Rusty Shell" / "Worms" qui plaque ce groove infernal et confère un côté monolithique et sautillant à l’ensemble, taillé pour le live. "Worms" est à ce titre un petit bijou, construit sur des changements de tempos renversants ! "Drowned In Time", "The One" et "Guyra", comportent eux aussi leurs lots de riffs somptueux avec un côté accrocheur qui est bel et bien la marque de fabrique du groupe. "Ashes" est quant à lui une surprise bienvenue avec de nombreuses subtilités dans sa construction, des mélodies savoureuses qui le classe à part de ses homologues. Quant au travail de la basse sur "Infected Soul", il sort lui aussi des sentiers battus avec son approche jazzy délurée, toute en finesse. Le travail sur l’utilisation des sections rythmiques est d'ailleurs impressionnant et cela vaut pour chaque morceau ! La mélancolie chaotique de "Taste of Blood" est elle aussi superbe pendant que le finisher "Jasy" collerait presque le frisson avec ses parties de guitares éthérées, qui indiquent au passage l’arrêt des hostilités.
Ses petits camarades répondent également présents : les vocalises d’Eloi Boucherie révèlent des similitudes avec les grognements historiques de Mikael Åkerfeldt et le gaillard signe ici une solide performance. La prestation du batteur aux doigts de fées, Jordi Farré, n’est pas en reste et sa créativité rend justice au parties de Martín. Quant à Fredrik Åkesson, lui aussi échappé d’OPETH, il contribue avec classe à la majorité des solos dispensés sur cet album impeccablement produit sauf sur "The One" dont le solo est assusré par Per Eriksson de ex-KATATONIA. Plus qu’une parenthèse sympathique au sein d’une carrière déjà bien étoffée, « Kuarahy » est la preuve indéniable que Martín Méndez a encore beaucoup de choses à dire... et pas des moindres !