En Australie, il n’y a pas que des kangourous, des koalas, le soleil et la mer. Il y a aussi d’excellents groupes de metal ou hard rock, à commencer bien évidemment par AC/DC et AIRBOURNE, PARKWAY DRIVE pour le metalcore, KARNIVOOL, VOYAGER et CALIGULA’S HORSE pour le rock/metal progressif, ainsi que le groupe qui nous amène à cette chronique, MESHIAAK, qui évolue dans un style thrash alternatif et progressif. Késako ? Ça existe, ça ? Eh bien oui. Voilà un quatuor qui a trouvé la formule magique entre thrash moderne et relents progressifs archi-mélodiques. Passez votre chemin si le mot « mélodique » vous fait fuir. Mais si vous êtes un amateur de metal moderne et un insatiable curieux, restez à mes côtés, que je vous présente son dernier album, « Mask Of All Misery ».
Le groupe est né à Melbourne, en 2014, de la rencontre du guitariste chanteur Danny Camilleri (ex-4ARM) avec le guitariste prog, Dean Wells (TERAMAZE), le bassiste Greg Christian (ex-TESTAMENT) et Jon Dette, célèbre batteur américain, remplaçant de luxe pour plusieurs formations, telles TESTAMENT, SLAYER, ICED EARTH, ANTHRAX entre autres. Après un premier album, « Alliance Of Thieves », sorti en 2016, brutal et efficace en diable, le groupe revient en 2019, mais avec David Godfrey derrière les fûts depuis 2017, pour une question évidente de logistique et l'arrivée en 2018 du bassiste Andrew Cameron (TERAMAZE). En effet, le groupe réside en Australie, alors que Jon Dette vit aux Etats-Unis.
Sur ce 2e album, « Mask Of All Misery », les quatre musiciens ont choisi de développer l’aspect mélodique et progressif de leur musique, les éloignant un peu du premier disque plus thrashy, hargneux et majoritairement orienté old-school. Cela pourra en faire fuir certains, mais sans aucun doute, les aficionados de musiques aux ambiances plus modernes, élaborées et mélodiques y trouveront leur compte. On retrouve dans les compositions de MESHIAAK aussi bien des influences comme TESTAMENT ou SLAYER que du TRIVIUM ou du BULLET FOR MY VALENTINE. Notamment grâce à la voix agressive de Danny Camilleri (Danny Tomb pour les intimes), et les apports guitaristiques incontestablement mélodieux de Dean Wells, ainsi que des refrains immédiatement mémorisables.
L’album démarre sur un titre semi-instrumental, "Miasma", aux faux airs symphoniques, qui développe par la suite une accélération rythmique où batterie et guitares se battent en duel, juste porté par la voix narrative de Danny Camilleri. "Mask Of All Misery" prend la suite, heavy et speed à souhait, avec des envolées de cordes de toute beauté. Et c’est là qu’intervient le changement majeur par rapport au premier album, grâce à la fusion d’un thrash moderne et d’un metal alternatif et progressif qui s’inscrit de plain-pied dans le 21e siècle, avec des cassures de rythme et de style, faisant la part belle aux refrains accrocheurs, aux mélodies travaillées, et aux voix, souvent en duo, de Danny et de Dean, qui s’accordent parfaitement. Le premier possède un timbre plus rauque et rugueux, tandis que le second a une voix claire plus douce, avec une certaine rondeur très appréciable. C’est particulièrement flagrant sur des titres tels que le mid-tempo "Bury The Bodies", la superbe ballade "Doves", qui mélange guitares acoustique et électrique, soutenues par les deux voix des chanteurs, puissantes, nous emmenant dans un beau crescendo émotionnel, ou "Tears That Burn The Son" et son refrain mélodieux en diable.
A côté de ces morceaux orientés metalcore mélodique, voire teintés pop, on trouve des pépites de bon gros heavy, avec de belles accélérations thrash « à l’ancienne » comme "City Of Ghosts", la génialissime "The Final Hour", qui n’est pas sans rappeler les débuts d’un certain METALLICA, "Adrena", qui fait monter l’adrénaline de plusieurs crans avec sa rythmique saccadée, pour finir en beauté sur "Godless", morceau taillé pour le mosh-pit, avec cassage de nuque assuré. Il est à noter aussi le travail remarquable sur les soli ciselés et inspirés, les riffs velus et bien gras, ainsi que les rythmiques, genre cavalcade effrénée, qui insufflent une belle dose d’énergie brute.
MESHIAAK mélange les genres avec bonheur, de manière parfaitement naturelle, oscillant entre power prog et thrash moderne, avec beaucoup d’inventivité, pour un résultat irrésistible et addictif. Pour peu que vous soyez ouverts d’esprit et curieux de découvertes, ne passez pas à côté de ce groupe plus que prometteur. Vous risqueriez de le regretter plus tard.