10 avril 2020, 9:48

NIGHTWISH

• "Human. :II: Nature."

Album : Human. :II: Nature.

Cinq longues années de patience ont été nécessaires aux fans de NIGHTWISH pour pouvoir enfin écouter le nouvel album, « Human. :II: Nature. », et ce n’est pas une saleté de virus qui va nous empêcher d’en profiter. Même si les précommandes effectuées risquent d’arriver avec un peu de retard, nous avons toujours la possibilité de l’écouter en version numérique (vive la technologie !). Et une chose est sûre : cette attente, qui a semblé pour certains interminable, ne sera pas déçue. Avec cette œuvre magistrale, NIGHTWISH sort des sentiers balisés et offre à son public un album d’une qualité rare, une palette de couleurs émotionnelles et une bouffée d’amour pur.

On sait depuis longtemps que le compositeur-claviériste, Tuomas Holopainen, est un génie, mais on ne se doutait pas à quel point celui-ci était capable de se renouveler pour réussir à atteindre la quintessence de la beauté. Beauté suprême inspirée par l’infinie recherche artistique et musicale que l’être humain n’a de cesse de vouloir créer, et par la planète bleue, la seule et unique création que l’homme ne pourra jamais égaler. L’album se divise en deux parties, sur deux disques bien distincts : le premier possède 9 pistes et retrace cette quête artistique et musicale de l’humain, le second intitulé "All The Works Of Nature Which Adorn The World", subdivisé en 8 chapitres, est une ode, une déclaration d’amour à notre Terre. Et quelle déclaration ! Un sublime voyage entre mers et montagnes, ciel et terre, bien au-delà des étoiles.

Sur le premier CD, et ce d’entrée de jeu, on constate que la facilité n’a pas lieu d’être : en effet, aucun des 9 titres ne possède de structure classique. Au contraire, celles-ci sont plutôt complexes, recherchées, inventives et surprenantes, les riffs de guitare de Empuu Vuorinen sont tranchants, heavy et incisifs, les rythmiques de Kai Hatho (batterie) et Marko Hietala (basse) sont implacables, le piano de Tuomas se fait tour à tour aérien ou mordant, les lignes vocales sont travaillées et extrêmement exigeantes. Il est à souligner la performance absolument magistrale de Floor Jansen, qui peut enfin sur cet album donner la pleine mesure de son talent et de ses capacités vocales hors-normes. Elle est soutenue de la meilleure des manières par le multi-instrumentiste, Troy Donockley, qui non content de jouer à la perfection des Uileann Pipes (cornemuse traditionnelle irlandaise), qui donnent ce son unique à la musique de NIGHTWISH, possède également une voix superbe, chaude et douce, ainsi que l’indispensable Marko Hietala, et son timbre reconnaissable entre mille.

Pour débuter cette œuvre, "Music" reprend les choses là où elles s’étaient arrêtées à la fin de "The Greatest Show On Earth" sur le précédent disque du groupe, en intégrant des sons intrigants, des cris d’animaux, puis démarre la musique elle-même, portée par la voix de Floor, superbe. Une structure très progressive pour ce morceau qui atteint un crescendo vocal magnifique. Comme un fait-exprès, le refrain de "Music" rappelle les couplets de celui qui suit, "Noise". Ce titre est particulièrement heavy et agressif, efficace en diable, et là encore, Floor Jansen fait des miracles. Mais cela n’est rien comparé à "Shoemaker", qui retrace la vie du Dr Eugene Shoemaker, le seul homme dont les cendres, après son décès en 1999, ont été dispersées sur la lune. Divisée en deux parties, la chanson donne cette sensation de s’envoler dans les étoiles avec les vocalises de très haut niveau de la chanteuse. Formidable voyage stellaire, avec en son centre, une citation tirée de Roméo et Juliette de Shakespeare. Citation gravée sur la capsule qui transporta les cendres du défunt.

"Harvest", interprétée par Troy Donockley, avec son côté dansant, rappelle immanquablement  "My Walden" ou "I Want My Tears Back". Le travail vocal a cappella des trois chanteurs est superbe et la chanson donne immédiatement le sourire. "Pan" voit le guitariste Empuu Vuorinen retrouver ses 20 ans en nous gratifiant de riffs et solos de virtuose, heavy et agressifs au possible. "How’s The Heart?", qui sera le troisième single, est probablement la plus classique dans sa structure, mais quelle bouffée de bonheur et d’amour. Pas seulement l’amour d’un couple. Il s’agit d’amour universel, celui qui illumine le cœur et l’âme à la simple vue d’un rayon de soleil, d’une caresse du vent sur la peau, d’un baiser échangé entre deux enfants innocents. "Procession" est un morceau profondément mélancolique, émouvant et touchant, à réécouter plusieurs fois afin d’en déceler toutes les subtilités. "Tribal", le bien-nommé, nous gratifie de riffs heavy, d’une rythmique saccadée surpuissante, avec un passage fait de grognements, qui n’est pas sans rappeler l’interlude entre la deuxième et la troisième partie de "The Greatest Show On Earth". Et pour finir ce premier disque, c’est la voix de Marko Hietala qui nous transporte sur "Endlessness" dans une ambiance pesante, gothique, presque spleenesque, façon KATATONIA. L’humain a créé. Place ensuite à la nature.

Ce second disque d’une trentaine de minutes est un voyage au milieu des splendeurs des paysages qui nous entourent. Un voyage des sens. Pas de chant ici, seules quelques vocalises de Foor Jansen et des citations déclamées par l’actrice Shakespearienne, Géraldine James. Cette partie instrumentale est majoritairement symphonique, avec les arrangements de Pip Williams qui travaille avec le groupe depuis « Once » (2004), couplé au piano de Tuomas et aux Uileann Pipes de Troy. Fermez les yeux et partez. Sentez l’odeur des embruns, la puissance des vagues et le souffle du vent dans vos cheveux, voyez les gouttes de pluie tombant sur l’herbe verte, le petit arbrisseau qui se transforme en arbre majestueux, sentez l’odeur de la fleur qui éclot sous les rayons du soleil, entendez le vol du bourdon, le chant des oiseaux, admirez le lièvre qui détale à travers champs, le cerf entraperçu dans la forêt. Levez les yeux et contemplez le ciel passant du bleu le plus pur au gris orageux, les nuages qui s’amoncellent, l’aurore boréale qui pare le ciel de couleurs indescriptibles, goutez les flocons de neige qui tombent en virevoltant. Allongez-vous dans l’herbe et comptez les étoiles. Peut-être arriverons-nous un jour à les toucher...

Avec cet album exceptionnel, NIGHTWISH les côtoie de très près. Comment ne pas se laisser emporter dans ce tourbillon émotionnel, où les cinq sens sont littéralement sollicités ? Lorsque les artistes atteignent ce point si fragile et délicat qui nous emmène au-dessus des nuages, on les suit et on rêve que cela ne s’arrête jamais. « That’s here, that’s home, that’s us », pour reprendre la citation de Carl Sagan sur la huitième et dernière piste, "Ad Astra". Splendide.  

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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1 commentaire

User
Jean-François
le 04 mai 2020 à 19:37
Je valide, l'attente aura été longue, mais quel album !!
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