8 août 2020, 10:30

THE SINS OF THY BELOVED

• "Lake Of Sorrow" (1998 - Retro-Chronique)

Album : Lake Of Sorrow

Je voudrais bien vous déclarer que je connais un disque qui est un voyage. Or nous le savons tous, la musique est un voyage. Et si je devenais votre guide pour un voyage gothérotique ? Mmmm... je vois déjà les yeux des fripons et des coquines qui s’illuminent.

Je vais vous présenter un groupe de metal doom gothique un peu confidentiel. Il s’agit de THE SINS OF THY BELOVED. Ces Norvégiens ont été parmi les piliers du genre. Vous aimez THEATRE OF TRAGEDY ? Oui, bien sûr. Je vous ai appâtés là, hein ? Alors restez et prenez place à mes côtés dans une barque antédiluvienne qui va nous faire descendre les eaux noires du Styx. Partons pour « Lake Of Sorrow », paru il y a 22 ans.
7 longs titres. Une heure d’un concept album à dévorer d’une traite ainsi qu’on croque une pomme à la beauté empoisonnée. Il était une fois la Belle étreignant la Bête, tous deux emprisonnés dans une peinture du Caravage. Des couleurs vives mais réalistes pour une farandole impudique. En revanche faut aimer les violons. "Worthy of You" s’offre un long solo avec ce divin instrument. Et sur tout l’album le violon fait tout sauf de la figuration. Personnellement je suis transporté par cette union intemporelle.

THE SINS OF THY BELOVED c’est donc le violon à toutes les sauces. Des chevauchées d'archets dignes d’un riff thrash en introduction de "My Love", sur lesquelles se superpose un growl death recraché d’un Paradis Perdu effrayé, puis une mélopée angélique qui vous lèche les plaies dans un orgasme électrique. Rarement j’ai été autant paralysé de plaisir. Il n’est de regrets que dans l’absence d’audace. Voici un album qui n’en manque pas, d’audace. Une ronde de séduction, écho de prétendants de la renaissance, qui s’en vient sur "The Kiss". Langoureux et incisif, le Prince des ténèbres glisse sur votre épaule dans ce jardin oublié de la lumière. Des riffs entêtants vous bercent. La rythmique bat en lieu et place de votre cœur. La belle Anita vous endort délicatement, avant que votre âme soit emportée par un stradivirus (oui c’est un album de circonstances me direz-vous). Le baiser est éternel.


​Attendez deux secondes, je demande un mouchoir à ma chère et tendre. Non, je ne chiale pas, c’est ce sacré nom d’un chien de rhume des foins ! Plus sérieusement THE SINS OF THY BELOVED est un remède somptueux pour bercer vos dérives mélancoliques. Sentez la barque vous bercer sur le "Lake Of Sorrow". Les sons du violon ricochent sur l’onde de l’eau tranquille, et les cercles concentriques ainsi créés sont chatouillés par des guitares indolentes. Une tranquillité sombre cela va de soi. Un calme apaisant et symphonique comme seuls savent le prodiguer ces romantiques de nordiques. Même la pluie a la douceur de gouttes de piano, et le glas qui retentit dans "Until Dark" n’est que réconfort. Nous sommes caressés sensuellement. Nous pleurons, mais avec délectation. Nous sommes pénétrés au plus profonds de notre chair. "Silent Pain". Jamais silence n’aura été si criant de douleur.

THE SINS OF THY BELOVED offre de la gothérapie. Une symphonie de plénitude pour les créatures égarées. Le groupe aura vu ses deux uniques albums salués par la critique. Hélas, des changements incessants de line-up verront le groupe jeter définitivement l’éponge en 2013. Un groupe magnifique et maudit, comme son album « Lake Of Sorrow ». A (re)découvrir d’urgence !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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