2 juin 2020, 18:19

HAKEN

• "Virus"

Album : Virus

- Aujourd’hui les enfants, nous allons débattre sur le dernier exercice en date de vos petits camarades ici présents. Messieurs les six membres de HAKEN, au tableau ! Alors avant de commencer, j’ai quand même une question capitale à vous poser. Non mais, c’est quoi ce titre ? « Virus » ? Vous vous fichez de moi ? Avec le contexte actuel qui a mis à plat la planète toute entière ?

   - Non, mais, M’dame, on vous jure, on l’a pas fait exprès...

- Pas fait exprès ? Ce n’est pas un argument, ça, jeunes gens ! Développez  je vous prie.

   - Alors, voilà, M’dame : notre point de départ pour le processus de création de nos deux derniers albums, « Vector » en 2018, et maintenant, « Virus », a été notre chanson "The Cockroach King", issue de l’album « The Mountain » en 2013. En effet, on n’avait de cesse de nous demander qui était ce Roi des Cafards (Cockroach King, dans la langue de Shakespeare). Nous avons donc pensé que ce serait un concept intéressant à développer à travers notre musique en élaborant les thèmes intercalaires, harmoniques, rythmiques et lyriques de cette chanson. Le résultat final s’étend sur deux albums : « Vector » et « Virus ». Mais alors que « Vector » raconte l’origine de l’histoire, celle d’un patient catatonique enfermé pendant les années 50 dans une institution appelée "Montain View", « Virus » élabore la suite, les conséquences des abus institutionnels, et donc la propagation d’un virus qui affecte tous les aspects de notre vie, qu’ils soient biologiques, psychologiques, technologiques, environnementaux ou politiques.

- Soit. L’explication me convient et le concept est véritablement intéressant. Je ne tiendrai donc pas compte de ce titre improbable lors de ma note finale. D’autant plus que vous avez su démontrer par le passé que vous faites partie des meilleurs élèves de la classe metal progressif contemporain. Mais, je ne vous interromps pas plus avant. Continuez, nous vous écoutons...

   - "Prosthetic", avec sa rythmique galopante et brutale est le pont entre les deux albums et décrit l’attaque virale. En forme de coup de poing, cette chanson est un début particulièrement énergique et concis tout à la fois, car construite sur un format plutôt court avec un refrain ultra-efficace. Une facette bien plus agressive de notre musique, avec les guitares de Charles Griffiths et Richard Henshall, la batterie djent implacable de Raymond Hearne et la basse ronflante de Conner Green. Par la suite, nous avons également cherché à développer un aspect plus étrange, voire angoissant avec "Invasion", qui démarre en douceur et sur une diction saccadée pour monter enfin en puissance. La voix claire et aigüe de Ross Jennings dégage une belle émotion, tout en finesse et justesse. "Carousel" est un titre plus long et alterne passages violents et moments plus atmosphériques, avec toujours une maîtrise instrumentale parfaite, où les claviers de Diego Tejeida se font aériens, au milieu d’une frénésie rythmique de fort bon aloi. "The Strain" est un morceau très mélodique et  agréable, plus facilement accessible. "Canary Yellow" serait le Yin de cet album, plus féminin, tout en douceur et épuré, alors que "Prosthetic", en serait plutôt le Yang. Encore une fois, Ross Jennings fait des merveilles avec sa voix.

Vient ensuite la deuxième moitié du disque et la pièce maîtresse de « Virus ». La chanson "Messiah Complex" est divisée en cinq parties, bien distinctes et pourtant toutes reliées ("Ivory Tower", "A Glutton For Punishment", "Marigold", "The Sect" et "Ectobius Rex"), ce qui nous permet de proposer toute la palette de nos émotions musicales, avec de multiples clins d’œil et rappels de nos précédentes chansons. Riffs saccadés et complexité rythmique, passages aériens, bruitages façon jeu vidéo des années 80 (Mario Bros, le retour !), harmonies vocales, passages complètement barrés, frénésie de guitares amoureusement liées aux claviers, et qui se complètent merveilleusement bien. L’album s’achève sur le très court mais éthéré "Only Stars", tel le calme après la tempête, lorsque les derniers rayons du soleil éclairent subtilement les vestiges de la bataille. C’est la fin de l’histoire.

- Jeunes gens, vous pouvez être fiers de vous. Le travail que vous avez accompli sur cet album est remarquable, tout en cohérence et en finesse, exécuté de main de maître avec une production mettant en valeur chacune des parties musicales et vocales. Et même s’il faut accorder plusieurs écoutes à ce « Virus » pour vraiment s’immerger dedans, il s’agit bien là de l’une de vos plus belles réussites. Vous avez su restituer toutes les ambiances de vos précédentes réalisations, sans pour autant perdre le fil rouge de l’histoire. Et vous avez réussi le tour de force de créer un album relié aux autres mais qui peut cependant s’écouter indépendamment. Félicitations ! Vous pouvez à présent retourner vous asseoir à vos places. Et que les cancres du fond de la classe qui passent leur temps à pomper sur les autres en prennent de la graine !

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2 commentaires

User
Jean-François
le 03 juin 2020 à 10:04
Encore une excellente découverte.
C'est du lourd
Merci sly
User
Sly Escapist
le 04 juin 2020 à 03:38
Merci Jean-François et bonne découverte.
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