Chroniquer cet album d’OCTOBER FALLS à l’approche d’un été qui s’annonce une nouvelle fois caniculaire, c’est un peu comme se régaler d’une tartiflette, en terrasse bien sûr, au cœur d’un hiver mordant. Un moment de réconfort qui donne l’impression d’être là, bien installé au bon moment, au bon endroit. Il faut dire que le trio finlandais cultive l’art de l’ambiance ténébreuse et du riff qui tue depuis son premier album, « Marras », qui tombait comme un pic à glace sur le sable chaud avec ses influences qui lorgnaient du côté de ses voisins suédois KATATONIA. Une évolution s’est ensuite profilée sur les trois albums suivants, qui ont porté le groupe sur les chemins d’un black metal fougueux, mélodique et racé. Nordique en diable avec son approche massif, imposant et ses rythmiques addictives, OCTOBER FALLS a sublimé son style en lui incorporant des accents acoustiques du meilleur effet. L'ombre viking du grand BATHORY illumine notamment « The Womb Of Primordial Nature » et plane encore sur ce nouvel album, comme le témoignage bien vivant d’un passé qui ne mourra jamais véritablement.
« A Fall Of An Epoch » cultive ici une approche plus mélodique, toujours nourrie par de superbes parties de guitares épiques, progressives et de multiples breaks savamment placés. Les tempos s’y font plus variés et les riffs titillent des émotions à fleur de peau, délivrant une force brute et nostalgique qui touche en plein cœur. Profondément scandinaves, épiques à souhait, les cinq morceaux qui composent ce cinquième album sont lardés de guitares lancinantes et de tempos bouillonnants, toujours habités par un sens de la mélodie pointu. Oscillant entre huit et onze minutes, chacun d’entre eux se révèle somptueux et empreint d’une mélancolie à n’en plus finir. Doté d’un sens de la mélodie ultime et imparable, OCTOBER FALLS possède ce petit truc capable, à l’instar des regrettés AGALLOCH, de sortir une palette d'émotions avec une poignée de riffs qui semblent venir d’ailleurs. Une authenticité qui fait que chaque seconde de ce voyage résonne comme une évidence. Une évidence présente également dans les textes, dans les visuels, qui rendent un hommage sincère à cette nature immortelle qui sera toujours là… alors que le dernier homme aura rendu son dernier souffle depuis bien longtemps.
Cette succession de paysages qu’est « A Fall Of An Epoch » coupe le souffle par sa beauté, sa force et son authenticité. La musique des Finlandais développe des textures riches, variées qui alternent avec des passages plus posés empreints d’une nostalgie palpable, alignant des mélodies superbes et inspirées qui plongent l’auditeur droit dans les bras d’une autre époque. Une époque révolue comme le laisserait présager le titre de l'album, en fait il n'en est rien : elle n'a jamais été aussi vivante avec tant de justesse que sur ce chef d’oeuvre. Un coup de cœur. Un gros coup de cœur...