Qui pourrait contester que la destinée de WITCHES est faite de persévérance ? C'est avec la régularité d'un métronome que le groupe sort son troisième album, treize années après « 7 » (2007), lui-même paru treize ans après « 3.4.1 » (1994). Si depuis ses débuts en 1986, le groupe s'est fortement masculinisé, il n'en demeure pas moins que c'est de manière peu académique que le féminin l'emporte sur le masculin. Emmené par sa charismatique guitariste/chanteuse Sybille Colin-Toquaine, WITCHES n'a pas chaumé ces dernières années. Après avoir accompagné à travers l'Europe VENOM INC. et VADER en 2015, SUFFOCATION en 2018, et avoir tourné avec HATE BEYOND en 2017 au Japon avant de lui faire visiter la France l'an dernier, le groupe ne pouvait conclure cette période de treize ans sans laisser une trace pour la postérité. Il en résulte donc neufs titres proposant un thrash/death extrême, puissamment exécuté en moins de 30 minutes. La mythologie grecque transposée à l'univers de WITCHES, « The Fates » illustre une sorte de règne morbide dirigé par des sorcières qui tissent la destinée de l'humain avec ses entrailles.
L'album démarre par une mise en musique de la pochette réalisée par Headsplit Design. Le tempo de "We Are" est ultra rapide et le refrain revendicatif. "Inside" confirme que la demi-heure qui vient de commencer va s'écouler à la vitesse de la lumière et être sanglante, et ce n'est pas "Damned Skin Is Mine" qui rivalise de violence avec ses prédécesseurs qui le démentira. "Black From Sorrow" marque une pause en ralentissant sur un mid-tempo sombre et inquiétant. Le rapide et entraînant "Feared and Adored" relance le rouleau compresseur pour enchaîner sur les superbes "Off The Flesh" et "Let Stones Fall". Ce dernier sonne comme un raid germanique dévastateur semant la destruction sur son passage. Avec "Last Wishes" les 30 minutes touchent à leur fin et nous souhaiterions que l'excellent "Death In The Middle Ages" qui vient clore ce disque soit suivi de quelques bonus afin de faire durer le plaisir de cette sombre destinée.
WITCHES signe ici un superbe album de speed-thrash qui rappelle agréablement l'age d'or du genre. Si le destin de l'humanité n'est pas soumis à une disparition imminente, il nous sera possible de savoir s'il faudra attendre 2033 pour le prochain album... En tout cas, « The Fates » marquera pour le meilleur et de manière indélébile l'année 2020.