6 juin 2020, 18:00

OCTOBER FALLS

• Interview Mikko Lehto et concours exclusif

Blogger : Clément
par Clément


Découvrir un nouvel album du groupe finlandais OCTOBER FALLS à l’approche d’un été qui s’annonce une nouvelle fois caniculaire, c’est un peu comme se régaler d’une tartiflette, en terrasse bien sûr, au cœur d’un hiver mordant. Un moment de réconfort qui donne l’impression d’être là, bien installé au bon moment, au bon endroit tant son black metal fougueux, mélodique en impose avec ses rythmiques addictives. Mikko Lehto, son principal compositeur depuis les débuts du groupe en 2002, a pris le temps avec HARD FORCE d'évoquer le passé, le présent mais aussi le futur du groupe...


Bonjour Mikko, comment te sens-tu à présent que ce sixième album d’OCTOBER FALLS est enfin sorti ?  Quelle place tient celui-ci au sein de votre discographie ?
Bonjour Clément.  « A Fall Of An Epoch » est l'album le plus extrême que nous avons enregistré jusqu'à présent, il est d’ailleurs dans l'ensemble assez éloigné de notre disque précédent « The Plague Of a Coming Age ». Je dirais même qu’il s’agit d’un véritable retour aux sources de ce que nous pouvions proposer en 2010 avec « A Collapse Of Faith », mais avec une approche encore plus dure, plus affûtée. Je travaille sur ce nouvel album depuis si longtemps qu’il m’est compliqué de prendre le recul nécessaire pour l’analyser et te dire exactement la place qu’il tient. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu'il s'agit de la première fois, de la musique aux paroles en passant par les illustrations, que j’ai la certitude que chaque chose est bien à sa place. Après toutes ces années de silence, il m’était essentiel de clore ce chapitre et de donner un nouveau sens à l’histoire d’OCTOBER FALLS avec ce sixième album. C'est chose faite désormais !

En effet, cela fait sept ans que « The Plague Of a Coming Age », votre dernier album en date, a vu le jour. Que s’est-il passé pendant tout ce temps pour le groupe ?  
Tout d'abord, OCTOBER FALLS n’a jamais été un groupe que je pourrais qualifier d’actif. Nous ne répétons pas ensemble et ne jouons pas en live, nous ne sommes réunis que lorsqu'il y a quelque chose à enregistrer. Pour moi, c'est la meilleure façon de travailler et d’avancer dans le processus d’écriture, car j'ai une vision assez claire de ce sur quoi et comment je veux mettre mon énergie en priorité. Nous ne sommes désormais plus que deux à officier dans le groupe, Marko Tarvonen (MOONSORROW) et moi-même, car Sami Hinkka avait d'autres engagements et n’a pu nous rejoindre à temps pour la mise en boîte de « A Fall Of An Epoch » mais Henri Sorvali (également membre de MOONSORROW) s'est chargé des parties de basse sur l'album. Marko et moi avons aussi tous les deux plus de quarante ans au compteur alors forcément la vie quotidienne et ses autres engagements prennent de plus en plus d’importance au fil des années qui défilent. C’est d’ailleurs la raison principale à cette pause de sept ans entre « The Plague Of a Coming Age » et « A Fall Of An Epoch ». J’espère sincèrement que le public ne nous a pas oublié pendant ce long laps de temps, car nous avons encore beaucoup de choses à dire...

OCTOBER FALLS a également quitté les rangs de Debemur Morti pour rejoindre un jeune label allemand, Purity Through Fire, plus habitué à héberger des groupes officiant dans un black metal brutal ou "old-school"...
Notre partenariat avec Debemur Morti s'est terminé alors que l'album était déjà enregistré et que tout était fin prêt pour sa sortie. Au final, notre approche musicale était trop différente, trop éloignée de ce à quoi Phil (le propriétaire du label) s'attendait, il s’agissait donc d’un accord mutuel qui a débouché sur cette séparation. Je pense que c'était mieux pour tout le monde : à quoi bon sortir un disque si les personnes chargées de sa promotion ne sont pas convaincues de son potentiel artistique ? D’ailleurs, cette manière de faire devrait être la norme pour l’ensemble des labels mais aussi pour les groupes eux-mêmes. Nous sommes donc partis à la recherche d’un nouveau partenariat et avons fini par collaborer avec Purity Through Fire. Je connaissais déjà leur travail grâce à mes camarades de MALUM, qui officient également sur ce label, et je savais que les choses fonctionneraient comme convenu. Purity Through Fire a a également accepté de sortir l’album rapidement dans l’ensemble des formats que je voulais….

Un avantage certain, en effet ! A ce titre, peut-on considérer « A Fall Of An Epoch » et ses longues années de maturation comme la synthèse idéale de tout ce que vous avez pu proposer jusqu’à aujourd’hui ?
J'ai toujours aimé les concepts d'album dans leur ensemble, je les conçois comme un tout et pas seulement comme de simples pistes alignées l’une derrière l’autre. Pour moi, un bon morceau ne signifie rien si l'album en lui-même ne fonctionne pas comme un tout et je suis toujours vigilant à cela au fur et mesure de sa structuration. Sur « The Plague Of a Coming Age »  nous avions en quelque sorte fait un pas de côté, en incorporant beaucoup de voix claires et de parties de guitares classiques, et bien que je sois toujours fier de l'album et que j’y adhère sans réserve, il s’éloignait peut-être un peu trop de notre ancien son. Je tenais donc, cette fois, à laisser la place à des morceaux plus longs qui font la part belle aux ambiances naturelles, mais avec une approche plus agressive. En cela, cela pourrait être en effet une synthèse idéale de notre passé et du présent…

J’ai pris le temps de revisiter votre discographie et j’ai constaté qu’au fil du temps votre musique se faisait moins sombre, en même temps moins atmosphérique mais avec des ambiances de plus en plus prenantes…
En tant que compositeur principal de la musique d’OCTOBER FALLS, il m’est difficile de percevoir les différences entre chacun de nos albums, je suis trop impliqué dans leur conception pour prendre le recul nécessaire à cet exercice. Ce qui ne diffère pas en revanche, c’est la place que tiennent les parties purement acoustiques, puisqu’elles sont l’essence même de l’esprit du groupe. L’empreinte de la nature, de ses paysages fait elle aussi partie intégrante de notre musique et en constitue l’une des caractéristiques les plus importantes. J’imagine que ce qui peut constituer une différence entre chaque album est la maturité et la maîtrise des instruments…mais seule une oreille extérieure pourrait confirmer cela.

Tu parles de la place que tient la nature dans la musique d’OCTOBER FALLS, quelle est son importance dans les textes ?
Les paroles de l'album peuvent être lues de plusieurs façons et je pense qu'il est important que chaque auditeur puisse s’en faire une idée plus précise, selon l’état d’esprit dans lequel il les abordera. Pour moi, il y a bien sûr une certaine nostalgie présente tout du long mais aussi de sombres visions de notre monde actuel et de la chute intellectuelle de l'humanité, son manque de force physique et spirituelle. Tout cela est profondément lié à chacune de nos actions au quotidien et à la façon dont nous abordons notre rapport à cette nature qui nous entoure…

J’aimerais que tu puisses nous en dire un peu plus sur le superbe visuel de la pochette qui colle idéalement à cette musique inspirée par la nature…
Merci pour le compliment, en fait j'ai réalisé ce visuel moi-même, assisté par un ami chasseur qui m’a transmis toutes les images originales que j’ai ensuite retravaillé sous la forme que vous pouvez voir sur la couverture. Il y a un certain symbolisme dessus puisque ces lapins pendus représentent le monde où nous vivons en ces temps modernes. Où il est possible de survivre en tant que profiteur pendant longtemps, avant que la roue ne tourne et de se retrouver piégé. De nos jours, les gens veulent tout, sans attendre mais ils ne veulent rien donner en retour et à un moment donné, le douloureux retour de bâton a lieu. C'est un bon exemple du fait que chaque homme est une bête, un prédateur pour un autre homme, et qu’à l’instar de la société animale, seul le plus apte à changer survit. Je tiens aussi à préciser que eje n'utilise jamais de banques d'images pour tous mes visuels, ce qui confère un côté authentique à l’ensemble de mon travail.

Avec un titre comme « A Fall Of An Epoch » (la fin, la chute d’une époque) il flotte ici comme un sentiment de pessimisme, voire de nostalgie…
Oui, Il y a bien entendu de la nostalgie mas pas autant de pessimisme que cela n'y paraît puisque que chaque fin de période signe un nouveau départ pour une autre. La fin des temps est proche, certainement, mais après la chute, peut-être que quelque chose de plus fort que notre monde actuel prendra forme. Par accident, le titre et certaines des paroles correspondent très bien à la situation actuelle dans le monde, où l'épidémie de virus COVID-19 par exemple a changé nos modes de vie et montré à quel point l’incertitude faisait partie intégrante de nos vies. Qui sait si tout cela sera la nouvelle norme, ou pas, et que les futures générations connaîtront des vies où la liberté ne résonnera plus comme une simple évidence...

J’ai lu que votre label travaillait sur une version exclusive de cet album, qu’en est-il exactement ?
En effet ! Je suis un grand collectionneur de vinyles et je suis convaincu que ce n'est pas seulement la musique, les thématiques ou les illustrations en elles-mêmes qui rendent un album unique mais bien tout cela dans leur ensemble proposé dans un format exceptionnel. J’ai eu l'idée de cet étui en bois gravé et j'ai tout de suite pensé que cela conviendrait parfaitement à l’atmosphère de « A Fall Of An Epoch ». Nous n'avions jamais pu proposer une telle version auparavant, alors je n'ai pas réfléchi à deux fois quand Purity Through Fire a appuyé mon idée en lui donnant forme, c’est génial !

Revenons à OCTOBER FALLS qui a ses débuts était le projet d’un seul homme.  V. Metsola et Marko Tarvonen ont ensuite rejoint le groupe, pour quelles raisons ?
À certains égards, cela a été et sera toujours ma propre création puisque je compose toute la musique, j'écris les paroles, je décide du concept général des albums et je fais les démos moi-même. Après cela, Marko donne son avis sur le rendu, mais pour moi, il est essentiel de travailler seul avec le matériel avant de le partager et de le soumettre à un regard critique. Cette fois-ci, Henri Sorvali a joué de la basse et cela a aussi donné un autre angle de lecture pour les morceaux que j’avais déjà composé. Certaines de ses parties ont apporté des variations auxquelles je n’avais pas pensé auparavant, c’était un exercice très enrichissant.



​Déjà dix-neuf ans d'existence pour OCTOBER FALLS, c'est impressionnant de voir que vous avez traversé les années avec la même inspiration et la même passion. Quelle est la clé de cette réussite, de cette abnégation ?
Je ne sais pas s’il y a une clé, un ingrédient spécial pour passer comme cela à travers les années. Mais quand je repense aux débuts du groupe, ces premières sorties acoustiques ont été des moments essentiels pour moi, pour la structuration en musique de mes idées. Je me promenais souvent dans les forêts finlandaises en écoutant les enregistrements que j'avais fait tout en cherchant de l'inspiration pour les nouveaux. Il y avait alors une atmosphère très spéciale à ce moment-là, quelque chose que je n'oublierai jamais ou que je n’arriverai probablement jamais à tutoyer de la même manière. Je ne dis pas que j’ai perdu l'inspiration depuis cette période-ci mais la mise en forme a changé et l'expérience de la nouveauté a naturellement disparu.

Ces derniers mots sont les tiens Mikko, merci et bonne route !
Merci beaucoup Clément pour ton soutien, j’espère que cet album trouvera sa place auprès de certains des lecteurs de HARD FORCE. Je préfère à ce titre toucher une personne profondément, qu’elle découvre dans cet album une nouvelle approche, une nouvelle expérience musicale plutôt que cent autres qui le parcourent du bout de l’oreille et passent à autre chose. La musique est avant tout une passion !


Afin de célébrer comme il se doit le retour d'OCTOBER FALLS sur nos platines, Purity Through Fire, vous propose de gagner un package exclusif composé de l'album d'OCTOBER FALLS ainsi que d'une compilation qui vous permettra de découvrir les autres groupes du label. Il vous suffit pour cela de répondre à la question : "De quel pays est originaire OCTOBER FALLS ?" et d’envoyer votre réponse avec vos coordonnées postales à concours@hardforce.com - Un tirage au sort parmi les bonnes réponses aura lieu le 13 juin pour désigner l’heureux vainqueur qui sera prévenu par mail.
 

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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