12 juin 2020, 16:49

INTERNAL SUFFERING

• Rééditions de la discographie

Blogger : Clément
par Clément


A l’occasion de la réédition d’une bonne partie de sa discographie sur le label russe Satanath Records (en partenariat avec les fous furieux allemands de Rotten Roll Rex), HARD FORCE a décidé de se pencher sur le cas du groupe colombien INTERNAL SUFFERING, basé aujourd'hui à Madrid. Chantre d’un brutal death atomique qui redonne ses lettres de noblesse à la sauvagerie depuis plus de vingt-cinq ans, le désormais quintet est l’illustration parfaite de l’absence de compromis, préférant défourailler les esgourdes à grand coup de blasts plutôt que d’envisager un quelconque ralentissement du ryhtme.
Forcément, peu d’entre vous seront à même de supporter ce carnage qui s’adresse avant tout aux amateurs d’un genre dont les représentants les plus illustres sont les Américains DYING FETUS, DISGORGE, MALIGNANCY ou BRODEQUIN. Une confrérie de poètes loin d’être disparus qui continue d’abreuver les barbares de sons toujours plus extrêmes. Mais revenons à nos invités du jours puisque c’est à Pereira, en plein cœur du triangle Cali-Medellin-Bogota, que cette association de malfaiteurs s’est constituée en 1994 sous le sobriquet de SUFFER. Cette première mouture s’est fendue d’une démo avant de rendre les armes en 1996. Trois ans plus tard, le groupe est de retour avec un nouveau line-up tout beau tout chaud qui affole les compteurs sur « Supreme Knowledge Domain » qui voit le jour chez les teutons de Perverted Taste. Unanimement honni ou chéri, c’est selon, à sa sortie, le groupe fait déjà parler de lui pour son extrémisme musical. Qu’il assume toujours avec la plus grande joie sur le court EP, « Unmercyful Extermination », sorti deux ans plus tard chez Macabre Mementos.
Il faut attendre encore un an pour voir le groupe évoluer sur un registre sensiblement moins brutal, d’autant plus technique, sur l’excellent « Chaotic Matrix » paru sur le label batave Displeased. « Choronzonic Force Domination » enfonce le clou encore plus profondément en 2004, en adoptant une approche encore plus technique à son style de prédilection.
Le groupe splitte finalement trois ans plus tard avant de revenir chez Unique Leader Records pour terminer le boulot. Allez, j’en vois qui trépigne dans le fond alors rentrons dans le vif du sujet avec les quatre rééditions de ces infatigables défenseurs de l’underground que sont INTERNAL SUFFERING !
 

« Supreme Knowledge Domain »

Premier méfait du groupe initialement sorti en 1999, c’est aussi celui a fait couler le plus d’encre à sa sortie. D’une brutalité sans pareil, INTERNAL SUFFERING repousse toutes les limites sur celui-ci puisque ce rouleau-compresseur ne connaît aucun moment de ralentissement et ferait passer le « Panzer Division Marduk » pour un album de rock progressif !

Tout vire ici dans le rouge pendant trente et une minutes qui flirtent avec l’insoutenable : comment est-ce possible d’aller aussi loin dans la sauvagerie tout en restant audible ? Un début de réponse se trouve dans cette production grassouillette et vrombissante signée des studios Jupiter Discs qui ne fait pas dans la dentelle et dans cette fascination pour l’extrémisme sonore que seuls ses camarades de DISGORGE avaient alors touché du doigt quelques mois plus tôt à la sortie de « Cranial Impalement ».

Ce disque est un incontournable qui se doit de figurer dans toute bonne discographie extrême qui se respecte, ça ne fait aucun doute ! D’autant que cette réédition se voit agrémentée d’un remastering brut de décoffrage et de quatre morceaux supplémentaires tirés de la démo parue en 2000 qui complète cette boucherie à merveille...


« Umercyful Extermination »

EP comportant six redoutables titres à sa sortie en 2001 chez Macabre Mementos, le bougre se voit transformé ici avec l’ajout de six nouveaux titres issus d’un split avec INDUCING TERROR et d’une prestation live sanglante captée lors du « Brutal Domination Tour » qui s’est déroulé en 2005 avec ses petits camarades de STABWOUND, INCINERATE et EMETH.

Sans surprise, les compteurs sont toujours ici dans le rouge et l’on sent que le groupe a clairement peaufiné son style pour en sortir la quintessence, quitte à laisser l’effet de surprise, dévastateur sur son premier album, de côté.

La recette est donc connue et appliquée avec doigté mais si vous ne devez en choisir qu’un pour savourer ce que le groupe a fait dans sa période la plus brutale, vous pouvez partir sur le précédent les yeux fermés et les esgourdes grandes ouvertes !
A noter également un remastering, à peine perceptible, qui n’ajoute pas grand-chose à l’ensemble et un artwork retravaillé pour l’occasion.


« Chaotic Matrix »

Changement de cap avec un départ pour la Hollande dans les rangs du label Displeased. Là, on passe clairement dans une autre division puisque le groupe incorpore une bonne dose de technicité à son brutal death et commence à lever le pied sur le blast, avec parcimonie bien sûr, mais l’hyper agression des débuts n’est plus à l’ordre du jour.

La production grésillante, qui évoque le premier album d’INCANTATION, est une pure merveille en la matière ! Elle mouline et concasse avec délice et transcende le son d’INTERNAL SUFFERING pour lui insuffler une puissance que l’on ne lui connaissait pas encore.
Les riffs sont eux aussi dans la même lignée, d’une intensité sans faille, et viennent lorgner sur les territoires de DEEDS OF FLESH. Une atmosphère chaotique vient compléter le tout avec bonheur, que demander de plus ? Ah oui, quatre titres bonus tirés de live et d’un EP précédent qui complètent à merveille ce qui, à mon sens est l’un des points culminants du groupe avant son split.

Oui, cet album est un monstre de brutal death technique doté d’une production en béton armé, d’un songwriting musclé et d’une section rythmique taille patron, le tout complété par des growls furax et un batteur-pieuvre à faire pâlir Carlo Tentacule : rien de moins !


« Choronzonic Force Domination »

Là encore, le groupe continue son évolution vers quelque chose d’encore plus massif et technique que ce à quoi il nous avait habitué. Le résultat est à décrocher les mâchoires les plus endurcies avec une production aux petits oignons concoctée par Erik Rutan dans sa forge des Mana studios : effectivement jamais INTERNAL SUFFERING n’a semblé aussi à l’aise dans ses habits brutal death !

Du haut de ses huit années d’expertise en bastonnage, le gang maîtrise ici parfaitement son sujet dans les moindres détails. Fabio est simplement au top sur ses growls, profonds et hargneux, le guitariste Leandro délivre une partition de haute volée gorgée de riffs zig-zag dantesques, le bassiste Andres est aux abois et le préposé aux fûts, Fabio bis, cogne avec un doigté digne des meilleurs. Quant à l'artwork réalisé par Toshihiro Egawa (à la manœuvre aussi sur un paquet d’albums du même genre) celui-ci est juste dans le ton, sombre et efficace.

Mon seul regret, s’il peut être qualifié de la sorte, c’est que les « Rough mix » des morceaux proposés en bonus sont encore meilleurs que les versions présentes sur l’album, dotés d’une production abrasive à souhait qui fait mouche à tous les coups !
Une raison de plus pour ne pas passer à côté de petit chef d’œuvre…vous savez ce qui vous reste à faire !

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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