26 juin 2020, 17:23

AHAB

• Interview Chris Hector


AHAB, groupe de funeral doom allemand, ne nous avait pas donné de réelles nouvelles depuis cinq ans et le dernier (très bon) album en date : « The Boats Of The Glen Carrig ». Ils reviennent vous conter les profondeurs de l'océan grâce à un album live puissant et plein d'émotions « Live Prey ». C'est Christian R. Hector, guitariste du quartet, qui nous en parle avec engouement.


C'est surprenant cette sortie d'un album live alors qu'après 5 ans d'absence, les fans attendaient plutôt un nouvel album, non ?
Oui, c'est vrai. Tout est parti d'une idée de notre batteur, Cornulius Althammer. Il voulait réaliser des cassettes d'enregistrements live avec un de ces amis. Il en a parlé à Napalm Records qui ont accepté en ajoutant également la production de vinyles et de CD. Le projet est vite devenu réalité et même si j'étais dubitatif au début, j'en suis très content maintenant. J'ai toujours été très sceptique envers les albums live. Il y en a de très bons bien sûr mais je n'en achète pas généralement, je préfère les enregistrements studios. Quand j'ai entendu la première version de « Live Prey », je l'ai tout de suite appréciée, j'ai trouvé que le son était très authentique. Et j'aime bien ce type d'enregistrement.

La production de « Live Prey » est très réussie. Quelles ont été les conditions d'enregistrement ?
Eh bien au départ, on avait prévu un enregistrement pendant le Roadburn Festival mais notre ordinateur est tombé en panne et nos samples au synthé que l'on a en fond musical sur l'album « The Call Of The Wretched Sea » étaient complètement décalés. On n'a donc pas abandonné l'idée d'enregistrer un album live. Mais lorsque nous avons joué quasiment le même concert quelques mois plus tard, quelqu'un a enregistré le show sans nous demander la permission. Il nous l'a dit qu'après et nous l'a proposé pour qu'on en fasse ce que bon nous semblait. L'enregistrement nous a plu alors voilà. En plus, je me souviens que ce soir là, nous avions passé une très bonne soirée, avec des amis, on s'était bien amusé. On avait fait en enregistrement sans le savoir, c'est cool !

Du coup, vous étiez peut-être plus naturels sur scène que si vous saviez être enregistrés ?
Oui, c'est ça ! Tout s'est fait naturellement. On s'est amusé sur scène, sans pression. Tu vois, quand tu sais que tu es enregistré, tu ne veux rien rater, tu es concentré sur ce que tu joues. Il y a une sorte de tension. Cette fois, on était juste concentré sur le fait de passer du bon temps sur scène.
 


​Il y a 5 titres sur « Live Prey » exclusivement tirés de votre premier album «  The Call Of The Wretched Sea » . Pourquoi ce choix ?
Eh bien au départ, c'était une demande du Roadburn qui voulait que l'on joue cet album. C'était une demande spéciale de leur part. Et nous avions pour projet de sortir cet album live. Mais comme je te l'ai dit, cela n'a pas fonctionné. On a ensuite joué ce concert également à Madrid et à Vienne mais nous n'avions pas le temps de jouer l'album en entier donc il manque une chanson.

Et pourquoi ce titre de « Live Prey » ?
Parce que ça sonne bien ! Sérieusement, je pense simplement que Cornulius, qui est un immense fan d'IRON MAIDEN, a voulu rendre hommage à leur « Live After Death ».

La pochette de « Live Prey » est très pure, rustique, en noir et blanc. Qui s'est chargé du design ?
En fait, ce dessin était destiné à apparaître sur une cassette, un bootleg officiel. C'est pour cela qu'on a opté pour un design épuré. Mais Napalm Records a voulu aussi sortir un vinyle. C'est un ami de Cornulius qui a dessiné l'artwork. C'est très différent de ce que nous avons pu choisir pour des albums comme « The Boats Of The Glen Carrig » par exemple qui a une pochette très sophistiquée.

C'est très authentique, comme le groupe !
Oui, c'est ça ! Cela correspond bien au principe de l'album live.

Le funeral doom n'est pas une musique facile à véhiculer sur scène mais AHAB fait preuve d'une grande maîtrise dans cet art. Quelle est votre recette pour faire passer tant d'émotions pendant vos prestations live et être si captivants ?
Je ne sais pas trop. Dans plein de groupes, la question se pose : quoi faire en concert ? Comment se mettre en scène ? Dans AHAB, ce n'est pas le cas. On veut juste être nous-mêmes. Cette musique nous reflète. On ne fait pas de gros shows. Quand il doit y avoir des silences, il y en a. On ne veut pas de moments de distractions sur scène. Par exemple, si tu assistes à un concert de RAMMSTEIN, tu te retrouves plutôt au milieu d'un spectacle que d'une prestation musicale. Ce qui est très bien car leur musique est faite de rythmes, percussions, leur paroles sont superficielles. En ce qui nous concerne, nos paroles et notre musique sont plus profondes et transmettent à elles seules les émotions que nous voulons laisser transparaître.

Il y a un titre qui s'appelle "The Hunt" qui est vraiment très spécial. On se sent comme emporté au fond de l'eau, comme si on voyageait dans les profondeurs de l'océan. Il y a beaucoup d'effets, de sons différents... Tu peux nous en dire plus ?
"The Hunt" est l'une des premières chansons que Daniel (Droste, le chanteur-guitariste) et moi avons écrites, lorsque nous étions encore une sorte de duo... C'est notre propre interprétation de la chasse d'AHAB dans le roman Moby Dick. On ne le savait pas à l'époque mais elle est devenue un classique de notre répertoire. On l'a joué de nombreuses fois mais j'adore toujours autant l'interpréter sur scène. Il y a des musiciens qui disent qu'ils en ont marre de jouer toujours les mêmes titres. "The Hunt" n'est pas la chanson la plus difficile que l'on ait composée mais elle est très profonde, pleine d'émotions, si dure, si lente à la fin. Comme tu le dis, on est vraiment plongé au cœur de l'océan avec cette chanson. C'est un réel résumé de ce qu'est AHAB.

On s'attendait à un nouvel album de la part d'AHAB. Est-ce qu'il est en projet ?
On espère vraiment. On est en pleine écriture de cet album mais avec la situation actuelle, on a du mal à se projeter. Je pense que nous pourrons rentrer en studio l'année prochaine mais je ne sais pas vraiment. En tous cas, les deux premières chansons sont presque terminées. Nous vous donnerons donc des nouvelles ! Et on espère bien pouvoir revenir jouer en live bientôt entre temps.


Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK