20 juin 2020, 19:00

BPMD

• Interview Mark Menghi & Bobby "Blitz" Ellsworth


BPMD, le nouveau super-groupe acronyme de heavy metal comprenant le chanteur Bobby "Blitz" Ellsworth (OVERKILL), le batteur hyperactif Mike Portnoy (THE WINERY DOGS, SONS OF APOLLO...), le bassiste Mark Menghi (METAL ALLEGIANCE) et le guitariste Phil Demmel (VIO-LENCE, ex-MACHINE HEAD) a sorti un album de reprises de hits américains des années 1970. Partant d’une idée fugace lors d’un barbecue estival, le groupe a revisité à sa façon ces chansons. Un résultat brillant ! "Blitz" et Mark Menghi nous en parlent en pleine période confinée par le biais de Skype ! Un moment heavy metal et fun...


Bonjour à vous 2.
Mark Menghi : Hey, comment vas-tu à Paris ?

Ca va bien, merci !
Bobby "Blitz" Ellsworth : Ca va, moi aussi. J’ai pris une douche, me suis coiffé. Je peux activer ma caméra. Oh, mon dieu ! (Rires)

Que faites-vous pendant cette période confinée ?
MM : Je vanne tout le temps Bobby...
BE : Nous passons vraiment du bon temps à faire la promo pour le projet BPMD. A côté de ça, je cuisine, je bois des bières. Je me porte bien. Mark le voit pour les bières (rires). Nous nous redécouvrons, sérieusement parlant. Nous sommes à différents endroits des USA. Je ne vais pas dire que c’est une bonne période, mais cela permet de se poser, de réfléchir un peu et de faire attention à soi.

Et toi, Mark ?
MM : Je vanne Blitz. Juste ça !

C’est quoi l’histoire de BPMD ?
MM : C’est une histoire intéressante. L’été dernier, chez moi, comme tu peux le voir sur le skype, mon fils, derrière moi, a eu cette idée. C’était juste après le 4 juillet, j'étais assis dans mon jardin, je faisais un barbecue et buvais une bière. Plus tard dans la soirée, j'écoutais un tas de trucs des années 70, dont "Saturday Night Special" de LYNYRD SKYNYRD. Je me suis dit : "j'aimerais jouer cette chanson", et mon fils de huit ans m’a dit : "tu devrais enregistrer toutes ces chansons avec ton groupe, papa". Je me suis dit : "Hmmm? Ouais pourquoi pas !?!" Ce n’était pas possible avec METAL ALLEGIANCE. Ce n’est pas trop le style. J’ai envoyé un message à "Blitz", on communique régulièrement, on s’envoie des vannes... Je lui ai demandé ce qu’il en pensait, de reprendre des titres des années 1970 et de monter un projet. Il a crié et accepté tout de suite. Le truc est né en 5 minutes.



Comment s’est fait le choix des reprises ? 
BE : Chacun de nous quatre a eu l’opportunité de choisir 2 chansons avec l’impossibilité de veto des 3 autres. Ça faisait donc 8 titres. Les 2 derniers choisis ont été faits avec une approche plus démocratique. Donc, 2 chacun à la façon dictateur, 2 à la façon démocrate ! (rires) "We're An American Band" a fait l’unanimité et l’autre, nous avons beaucoup réfléchi. Je ne sais plus qui a suggéré le titre.
MM : C’est Portnoy
BE : JAMES GANG
MM : J’adore JAMES GANG. J’avais d’autres propositions de chansons dans ma liste mais je n’avais pas assez d’arguments pour les convaincre. Le veto n’était pas possible.
BE : JAMES GANG a 3 ou 4 albums vraiment bien. Tu sais, dans ce groupe, je suis le plus beau et le plus serein, c’est évident (rires). Ce projet me parle. J’étais un jeune homme quand toutes ces chansons étaient des hits à la radio. C’était le cas de MOUNTAIN, de CACTUS ! J’étais dans mes années ado.

Comment avez-vous enregistré les titres ?
MM : Quelques semaines après notre brainstorming des titres, nous sommes allés chez Portnoy en Pennsylvanie. J’y suis allé en voiture, Bobby aussi. Phil Demmel, qui habite en Californie du Nord, a pris l’avion. Tous les 4, nous avons réarrangé les chansons à notre façon, avec notre vision des choses. La chimie était présente lors de nos jams. Nous avons tout fait en un jour !
BE : Les batteries ont été enregistrées en un jour !
MM : Oui, c’est vrai. Les arrangements et la batterie. Portnoy a tout fait en une ou deux prises. Chacun a enregistré de son côté. J’ai fait les basses à New York où je vis. Bobby à Jersey et Phil à San Francisco. Le noyau, la fondation de BPMD a été réalisée chez Portnoy car nous étions tous les 4 dans une même pièce. Portnoy a enregistré en live avec nous. C’était top !

Vous avez enregistré "Toys In The Attic" d’AEROSMITH. C’est le premier extrait qui a été dévoilé avant la sortie de l’album. Vous nous en dites un mot ?
MM : C’est un des 2 choix de Portnoy. J’aime ce titre. Mon approche est loin de celle de Tom Hamilton à la basse, c’était intéressant. Je joue ce qu’il joue avec mon propre style. Phil joue un peu thrash à la guitare. C’était cool.
BE : C’était un exercice pour moi. Quand je pense à cette chanson, c’est pour moi la chanson phare de l’album. Elle a une énergie différente de l’originale mais conserve toute son intégrité. L’idée était de présenter cette chanson comme un truc spécial de BPMD. C’est un titre exceptionnel.
 


Pouvez-vous me dire un mot à propos des 3 chansons suivantes ?... "Tatoo Vampire"
BE : Surpris
MM : Choqué
BE : Oui. Je dis ça parce que c’était un des choix de Phil. Je me suis dit mais comment ce titre va fonctionner. Le challenge était de choisir 2 titres, de savoir comment convaincre les autres, l’interpréter à 4 et conserver l’esprit de la chanson. Je me suis dit comment je vais faire pour cette chanson. Je ne me suis jamais dit OK, ça va être facile ! Putain, il va falloir que je bosse (rires). Mais le résultat était là !
MM : C’était une des 2 chansons de l’album où je devais réfléchir comment faire. Je n’avais jamais écouté cette chanson de ma vie. Je connaissais BLUE ÖYSTER CULT mais pas ce titre. C’est un groupe new yorkais. Ils vivent à 5 minutes de chez moi. Je connaissais leurs hits comme "Godzilla" par exemple mais je n’avais jamais entendu parler de "Tatoo Vampire". Quand Phil nous l’a présenté, je me suis dit : "merde, que vais-je faire ?" (rires). Chez Mike, il a balancé le titre avec cette forte énergie dans un esprit metal. Et là, je me suis dit ok, ça je sais faire (rires)

"D.O.A"
BE : C’était le second titre difficile à faire pour moi ! Phil Demmel l’a choisie. Je crois qu’il y a une mentalité côte-est et une mentalité côte-ouest ! (rires). Les titres que j’ai choisis étaient ceux qui collaient le plus à ma voix. Je n’ai jamais imaginé de ma vie interpréter un truc de David Lee Roth. Chanter dans son style a été un travail complexe. J’ai beaucoup bossé. J’ai apprécié doubler ma voix, chanter d’une certaine façon. Je me suis démené et je suis vraiment satisfait du résultat.

"Evil"
MM : Merveilleux !
BE : C’était un de mes choix. Un titre blues standard. J’aime les trucs de Howlin' Wolf, de Willie Dixon. Des trucs sortis tout droit des années 50. CACTUS se l’est approprié avec une approche hard rock, heavy metal. Ils ont pris le blues et l’ont modifié. Ma voix colle totalement à cette chanson. Avec BPMD, nous avons réinterprété le titre et c’était un challenge. Nous sommes là aussi satisfaits du résultat. Nous avons atteint un autre niveau.
MM : J’adore CACTUS. J’étais vraiment heureux de ce choix. Cela aurait pu figurer dans ma liste. Je suis un grand fan de Tim Bogaert. J’adore ses parties de basse. C’est l’un des premiers bassistes à avoir fait des trucs dingues avec son instrument. J’aime cette chanson et l’approche utilisée lors de notre enregistrement. J’ai essayé de garder l’esprit de la chanson, il n’y a qu’une guitare pendant le solo. Le feeling était fort. Je remplissais l’espace musical laissé par la seule guitare. J’ai vraiment apprécié. "Evil" est mon second titre préféré sur l’album.

Et le choix démocratique "We're An American Band" ?
MM : Fun
BE : Comme je te le disais tout à l’heure, cela me rappelle lorsque j’étais un jeune homme ou un vieux garçon, conserve l’option que tu veux (rires). C’était un gros hit à la radio à l’époque. Ça passait sur la vieille bande AM des radios, puis sur la FM enuite. Tout le monde connait cette chanson. Ca va du jeune enfant au grands parents. Cela coulait de sens pour nous ce choix avec notre album « American Made ». Cette chanson, je l’avais bossée depuis mes 15 ans et dans ma tête (rires). Je la chantais dans mon lit, sous la douche. Personnellement, elle me renvoie à mon adolescence. C’était fun de revisiter ma jeunesse avec ce titre que je connaissais.
MM : C’est une grande chanson. Je me suis toujours posé cette question : "Si Cliff Burton de METALLICA avait écrit ce titre, qu’en aurait-il fait ?". J’ai voulu la jouer et modifier les choses à ma façon. C’était fun. Je l’ai approchée avec une autre mentalité. Le but de cet album était de réinterpréter les chansons et ne pas les jouer note pour note à l’identique ! 

Quel est le futur de BPMD ?
BE : Je vais me faire un sandwich après notre interview (rires). Plusieurs bières, un peu plus tard et des pinces de crabe pour le dîner probablement. Pour moi, BPMD est un projet fun. Sa valeur ajoutée est 4 personnes qui interprètent à leur façon des chansons. Elles imaginent les choses en respectant l’intégrité des chansons. Je pense que nous pourrons reproduire le modèle avec « Made In The UK », « Made In Europe ». Personnellement, je préfère écrire des titres originaux mais avec ce line-up, nous pouvons envisager des choses différentes à partir de titres connus.

Quels sont les projets futurs à côté de BPMD ?
BE : J’ai OVERKILL qui m’occupe à plein temps. Dans BPMD, nous avons chacun utilisé nos particularités et spécificités que nous avons injectées dans le projet. Nous avons créé un nouveau monstre fun ! Avec DD Verni, nous travaillons à fond sur OVERKILL. Chaque jour est un jour OVERKILL. BPMD, c’est des vacances pour moi (rires).
MM : Moi, j’ai METAL ALLEGIANCE. J’ai reçu, pas plus tard qu’il y a une heure un SMS d’Alex Skolnick (TESTAMENT) qui me demandait quand on allait bosser. Je ne lui ai pas répondu encore. Comme Bobby, j’aime écrire des chansons. J’ai plein d’idées !

J’ai réalisé une compilation de titres metal des années 80 pour vous. Donnez-moi votre avis dessus ? OK pour vous ?
MM : (rires) Cela devrait être intéressant !

"Ace Of Spades" (MOTÖRHEAD)... (silence)
BE : Fuck Yeah (rires)
MM : Enorme

"2 Minutes To Midnight" (IRON MAIDEN)...
MM : Personnellement, je préfère "Phantom Of The Opera"
BE : Je suis d’accord pour interpréter n’importe quel titre de MAIDEN. Ce sera dans l’album « Made In The UK » (rires).

"Electric Eye" (JUDAS PRIEST)...
BE : Pour moi, n’importe quel titre de JUDAS PRIEST est adapté à ma voix. Je ne sais pas si j’atteindrai des notes comme Rob Halford mais je peux chanter les titres. Je peux chanter dans le même groove que lui. C’est l’une de mes plus grandes influences dans ma carrière !
MM : Je préfère "Rapid Fire" de JUDAS PRIEST

"Holy Diver" (DIO)...
BE : J’adore Ronnie James Dio mais je ne peux absolument pas chanter comme lui (rires). Mais, ecoute, je n’ai pas peur, je veux bien essayer.

"I Wanna Rock" (TWISTED SISTER)...
BE : Je l’ai déjà fait auparavant, je peux le faire (rires). J’étais dans un groupe de reprises de SLAYER quand ce titre a été composé.

"Reign In Blood" (SLAYER)...
MM : Le top, cette chanson. La meilleure de notre futur album. J’adore SLAYER. Je suis fan de thrash metal. N’importe quelle chanson de SLAYER pour moi !
BE : Ma première tournée US était avec SLAYER. C’est le groupe que j’ai vu le plus dans ma vie entière. Un très grand groupe. On a fait plein de festivals avec eux. Cette tournée avec eux était dingue. L’affiche était SLAYER, MOTÖRHEAD et OVERKILL.
MM : Enorme, man !

"Balls To The Wall" (ACCEPT)...
BE : Aucun problème, mec ! Je suis fan (rires)
MM : Ce titre était sur une ancienne set-list de METAL ALLEGIANCE

"Home Sweet Home" (MÖTLEY CRÜE)...
(Silence) (rires) (têtes dégoutées) (rires)
BE : Je ne pourrai pas le faire (rires)
MM : (dégouté) (rires)

"Mr Crowley" (Ozzy Osboune)...
MM : Fun, cool
BE : Je veux bien essayer.

Si vous deviez choisir deux autres titres bonus des années 70, ce serait quoi et pour quelle raison ?
MM : On reste dans le modèle américain et dans le style BPMD ?

Oui, si tu veux...
MM : Un titre de MONTROSE et "Black Betty" de RAM JAM, qui était sur ma liste initiale. J’aimerai en faire des versions thrash metal.
BE : Pour moi, je revisiterai du Ted Nugent et un mix UK-US comme FLEETWOOD MAC.

Quelle est votre addiction positive ?
BE : Une addiction positive ? (rires). J’aime ce qui a attrait à la moto, aux rassemblements de motos. Je m’évade, m’aère la tête. Je suis dans un autre état d’esprit. Nous, les gars de la côte-est, on ne nous apprend pas à être moins stressés par la vie. Donc, ce truc de moto m’aide à me relaxer ! Cela fait 30-40 ans.
MM : Moi, je ne me relaxe jamais. Avec BPMD, tout a été fait pour être fun, cool. Pas de stress. Tout dans l’attitude cool. Les groupes sortent des albums et stressent à l’idée de se le faire enterrer. Ce n’est pas le cas avec BPMD. BPMD, c’est mon addiction positive.
BE : Oui, pour Mark, c’est plutôt préparer le diner, écrire une chanson, jouer de la basse ou tout en même temps (rires).
MM : BMPD est différent, je ne suis pas le seul à tout faire. Chacun y participe. Pour revenir à l’addiction positive, je dirai que j’ai un vrai problème avec le football américain.

Comment voyez-vous le monde d’après (qui sonne cliché) ?
BE : Ca va changer surtout en termes d’interactions sociale toutes générations confondues. Ce qui nous faisait plaisir antérieurement va être modifié. La matrice restera la même ! Notre fibre, c’est l’échange avec l’autre. Nous sommes actuellement tous confinés que ce soit en Europe, aux USA, en Asie. Nous allons apprécier de nous retrouver. Les interactions sociales sur les réseaux sociaux ont pris le dessus et vont persister un peu, je pense !
MM : Le monde musical va changer drastiquement. Comment un propriétaire de bar, un artiste, un promoteur de tournée, et bien d’autres vont se relever, je n’en ai aucune idée. Ça craint. Nous, musicien, devons repenser les choses et être encore plus créatifs ! J’en ai parlé avec Bobby, personne ne veut arrêter d’écrire de la musique et jouer en live. Nous allons nous accrocher et sortir de ce tunnel à durée indéfinie pour le moment. Il faut vraiment que tout le monde fasse attention. Ici, à New York, les gens ne font pas beaucoup attention aux gestes barrières.
BE : Je vais devoir vous laisser ! J’ai une interview avec Burn! au Japon.


Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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