UADA, pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore, est un groupe originaire de Portland, aux Etats-Unis. Evoluant dans un style résolument black metal mélodique depuis 2014, ses deux premiers albums ont rapidement été plébiscités, par les media et par les fans du genre. « Cult Of A Dying Sun » a conquis un public large et la tournée qui a suivi a su rassembler l'audience méritée. « Djinn » est donc le troisième album du quartet et autant le dire tout de suite, il est différent de ses prédécesseurs à bien des égards.
Bien sûr, UADA nous gratifie toujours d'un black metal plein de nuances, sombre et ambiancé. « Djinn » ne contient que six titres mais la durée totale de l'album approche les 60 minutes, autant dire que chacune des compositions renferme son lot d'expérimentations. Pour les fans du son originel du groupe, cela peut être un peu déstabilisant. Pour les néophytes, vous y trouverez un album plein d'ambition qui vous emmènera vers des horizons divers.
Dès le premier titre éponyme, UADA nous montre une facette de sa personnalité inexplorée, un côté rock, arrangé voire groovy. Le fond est lourd mais la structure est légère, presque enjouée. Ca passe ou ça casse. A l'instar de "The Great Mirage " progressif et atmosphérique à souhait. Passé ces deux premières surprises, il y a tout de même des titres bruts et traditionnels comme "No Place Here" qui s'impose par son rythme martelé et ses riffs furieux et qui, il faut le dire, envoie du lourd. Et puis "In The Absence Of Matter" propose un pure black metal conséquent, fort, avec des passages épiques aux mélodies entêtantes. Efficace bien qu'un peu long. "Forestless" surfe sur un côté ambiant avec quelques effets sonores et une intro très suave pour évoluer ensuite vers des riffs plus tranchants et des rythmes plus rapides, assez répétitifs. Encore une fois, la longueur du titre fausse un peu la vision que l'on peut en avoir peut-être. « Djinn » se termine par un "Between Two Worlds" au début magique voire mystique mais qui tourne en heavy black metal, avec quelques passages bien furieux tout de même.
Pour faire bref, les musiciens d'UADA partagent avec « Djinn » leur envie de s'affranchir de leurs homologues de la scène black metal mélodique et en cela, ils parviennent à créer des ambiances originales mais décalées. Et c'est peut-être ce qui va déstabiliser un public conquis grâce à un son plus brut. Espérons que les Américains arrivent cependant à diversifier leur audience car ils produisent une musique de qualité qu'il serait dommage de laisser sur le bord de route.