12 octobre 2020, 17:30

ENTROPY ZERO

• Interview F-2301

ENTROPY ZERO n’est pas qu’une simple formation proposant un mélange de rock avec des instruments synthétiques, comme cela a été entendu de nombreuse fois depuis des années. F-2301 alias François, a imaginé tout un univers alliant science-fiction et esthétique futuriste au service de sa musique, offrant ainsi à l'auditeur une totale immersion.


Salut François, quels étaient tes projets avant de fonder ENTROPY ZERO ?
Je fais de la musique depuis un paquet d’années. J’ai 39 ans et j’ai commencé à 6 ans. A la base je suis pianiste de jazz, même si j’en écoute relativement peu j’aime toujours ce style de musique, je suis sensible à cette sonorité on va dire. J’ai aussi fait du piano classique, cela fait partie des études pour apprendre la technique. Ce qui est intéressant dans le jazz c’est tout le coté improvisation, permettant de développer la créativité musicale. Après j’ai fait le grand écart en faisant du black metal symphonique pendant un peu plus de 10 ans, on a fait deux albums et pas mal de concerts. Après j’ai eu une expérience pop-rock et j’ai aussi fait beaucoup de musique sur ordinateur, ainsi que du sound-design, pour des courts-métrages, des petits jeux vidéo ou des vidéos personnelles que j’illustrais sur ma chaîne. Et finalement j’ai eu envie de remonter sur scène, j’ai alors monté le projet ENTROPY ZERO.

Est-ce que tu es plutôt musique électronique ou plutôt rock ?
Même si j’ai envie de te dire ni l’un ni l’autre, j’ai quand même un ADN rock. Car j’ai eu mon projet black metal et j’écoute toujours du metal. En comparaison j’écoute très peu de groupes electro.

Qu’en est-il des autres membres ?
Je précise que nous étions trois et maintenant nous sommes plus que deux. C’est mon frère qui m’accompagne sur scène à la basse. Le concernant il est très metal, et il aime aussi le style electro-goth.

Et à propos de ce style electro-gothique que j’ai pu ressentir à l'écoute, est-ce que tu y es personnellement sensible ?
Me concernant pas du tout. Dans ENTROPY ZERO c’est moi qui fais toute la partie créative, musicale et vidéo car on fait ce qu’on pourrait qualifier de ciné-concert. Et aujourd’hui j’écoute très peu de musique, même si j’en ai écouté beaucoup et aussi énormément fait. Je vais plutôt m’inspirer des autres domaines artistiques ; je regarde des films, des séries, des BD et des jeux vidéo. C’est plutôt cela le terreau de mon inspiration, plutôt que d’écouter plein de groupes et de vouloir faire pareil.

Penses-tu que cela pourrait te "parasiter" l’esprit ?
Je pense oui. Pour faire une analogie, je vais prendre l’exemple de la personne qui va faire une peinture. Pour peindre une œuvre il ne va pas regarder des tableaux ! Il va se balader dans la nature, il va écouter de la musique, ou il va avoir une amourette. Pour moi, la musique c’est pareil.

Si tu peux me citer tes références dans ces deux styles ?
Mon groupe phare c’est TIAMAT, et ce depuis que je suis tout jeune. Dans un autre registre il y aussi TYPE O NEGATIVE, et pour qu’il y en ait trois je dirais EMPEROR. Ihsahn est toujours un excellent musicien, même s’il a sorti des trucs un peu plus accessibles récemment. Niveau electro je n’en écoute quasiment pas, donc je ne pourrais pas te sortir de noms, à part peut-être KRAFTWERK. Je n’ai pas de background dans ce style et je ne vais pas faire semblant.

C’est assez singulier pour un musicien qui justement compose de la musique électronique ?
La question ne se pose pas, car même si j’avais envie de m’investir dans l’écoute de groupes je n’aurais pas le temps. Entre la vie professionnelle, la vie privée et la vie musicale, on est tous un peu dans ce cas ! Aujourd’hui ce n’est pas un frein, le fait de rester un peu "naïf" à ce sujet va me permettre de me lancer sans me dire que "telle chose ressemble à tel groupe".

Dans ENTROPY ZERO j’ai cru comprendre que la création musicale était étroitement liée à la création visuelle, quelles sont les étapes ?
Pour faire un morceau j’ai toujours le même angle d’attaque. Il y a une phase préliminaire où je vais faire ma boîte à outils, ce qui correspond à une recherche de sons. J’ai mes sons classiques qui ne bougent pas comme la batterie acoustique, un piano, une guitare électrique et un violoncelle. En revanche la partie electro-synthé je vais y passer la quasi-totalité de ma vie à rechercher des sons. Je ne suis pas un professionnel de l’analogique, je fais plutôt mon travail sur PC. Une fois que cette boîte à outils est assez étoffée, c’est-à-dire que j’ai engrangé suffisamment d’inspirations, alors je commence à composer. Je vais alors me demander de quoi j’ai envie de parler dans la SF. Si cela va par exemple être l’histoire d’un mec qui part dans l’espace, je vais me demander à quoi cela me fait penser. Quel son, quel type de rythme ou quelle mélodie je vais utiliser. Au fur et à mesure que je compose, l’histoire va se créer et je vais l’illustrer par la musique. Une fois que tout est terminé, et comme je suis toujours dans le jus, je vais enchaîner avec la vidéo live qui sera projetée.
 


Question pour les geeks, peux-tu nous donner quelques noms de softs que tu utilises pour la MAO, ainsi que pour le montage vidéo ?
Je dois être une des rares personnes à utiliser Sonar pour composer. La raison est purement historique, avec mon premier synthétiseur j’ai eu une disquette, et sur celle-ci j’avais Cakewalk Sonar. J’ai donc installé ce logiciel sur mon PC de l’époque, et par miracle j’ai été capable de composer de la musique avec les MIDI de ma carte son. Ce PC devait être un premier Pentium, mais j’ai commencé la musique sur Amiga et un quatre pistes. Je n’ai finalement jamais quitté ce logiciel avec lequel j’ai tout appris, même si Sonar n’est pas du tout un standard comme Cubase ou Logic Pro. J’utilise aussi Kontakt en tant que sampleur virtuel. Ma philosophie est que je préfère maîtriser au maximum deux ou trois interfaces plutôt qu’en avoir pléthore, sinon au niveau du flow de composition cela devient trop compliqué. Niveau vidéo, j’utilise After Effects, Premiere et aussi Blender pour l’animation 3D.

Selon toi est-ce qu’il y a un portrait type du fan d’ENTROPY ZERO ?
Non pas du tout. On a fait plein de concerts différents, comme des café-concerts avec des groupes de thrash, de doom, de post-rock ou même de synthwave. Et on a fait des conventions pop-culture, donc des gros rassemblements de geeks. Et si tu mélanges tout cela et que tu prends les gens qui nous ont dit après le concert qu’ils avaient apprécié, il est impossible de faire un portrait type.

Du coup avec ENTROPY ZERO tu préférerais qu’on te propose un Hellfest ou un Japan Expo ?
Mon âme de metalleux me dirait de faire le Hellfest, ça serait un peu difficile de ne pas trouver cela génial d’y jouer. Pour autant si je jouais à la Japan Expo je serais super content aussi. Je vais mettre un double cœur pour le Hellfest et un simple cœur pour le Japan Expo (rires).

Dans votre biographie il est précisé que le projet "a pour but de stimuler l’imagination à travers la musique est l’image", au niveau expérience, cela va donc plus loin que la simple écoute ?
Le but est vraiment de stimuler l’imaginaire. Le fil rouge sera mon histoire mais cela reste très subjectif quand tu regardes les vidéos, dès fois cela veut tout et rien dire, le but est donc de créer une direction. Cela arrive qu’on me dise que tel morceau lui a fait penser à telle chose, alors qu’à la base ce n’était pas du tout ce que j’avais dans la tête. Le même "musique image" ne va pas évoquer la même chose selon les personnes, ce qui est vraiment intéressant. C’est une interaction avec le public, mais indirecte.



​Vous avez sorti en novembre dernier votre premier album « Mind Machine: A New Experience », est-ce un concept-album ?
Il y a une idée derrière, avec le thème fort "homme machine" de la science-fiction. Il y a aussi une cohésion entre les titres, car je les ai faits à la chaîne dans un certain état d’esprit. Mais on ne peut pas dire que ce soit un concept-album en tant que tel. Le prochain le sera, il y aura un backgroud de hard SF sur les anthropiens, il y aura aussi une histoire qui sera développée sur plusieurs albums, on ira vraiment dans le détail. Et on précisera justement d’où vient la "Mind Machine" du premier album, qui en gros sert à faire des expériences personnelles. Sans en savoir trop pour l’instant, je tacherai d’y revenir.

As-tu déjà du nouveau matériel de disponible ?
Oui, j’ai profité du temps lors du confinement pour composer quatre titres. Nous avons aussi tourné un nouveau clip la semaine dernière pour le nouveau single de l’album, un titre sur les jeux-vidéos avec une dizaine de cosplayers de haut niveau et un gros visuel, par rapport au premier clip il y a une étape qui est franchi. Cela donnera une idée du prochain ENTROPY ZERO, avec des morceaux qui seront dans le même état d’esprit, mais plus acérés. (clip dévoilé le 25 octobre)

Avez-vous prévu des dates malgré la crise sanitaire actuelle ? Et avez-vous songé au live en streaming comme s’est souvent le cas en ce moment ?
Techniquement nous avons deux dates en octobre, je ne sais pas ce que cela va donner. On a évoqué l’idée avec mes comparses, elle est bonne en soit mais on voudrait quelque chose de bien, alors je n’ai pas envie de me filmer dans mon garage. Il n’y aurait aucun intérêt, autant écouter l’album. Puis il faut que ça intéresse les gens, si tu dépenses beaucoup d’énergie pour au final avoir trente vues sur YouTube... Si vous êtes curieux de découvrir une musique différente de ce que vous avez l’habitude d’écouter, allez jeter une oreille à ENTROPY ZERO et n’hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez.


Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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