2 octobre 2020, 18:00

Corey Taylor

• "CMFT"

Album : CMFT

Corey Taylor avouons-le, tous les mecs voudraient lui ressembler : beau gosse touche-à-tout, musique, littérature, cinéma... et essentiellement connu pour ses rôles de frontman dans SLIPKNOT et STONE SOUR (la Bête et la Bête). Cette année, il décide de tomber le masque (espèce d’anticonformcovid, le Corey !) et de se lancer dans une une carrière solo, j’imagine même pas la gueule de son emploi du temps.

Entouré de musiciens de qualité, dont Christian Martucci, le guitariste virtuose de STONE SOUR, Corey Taylor déboule avec une brochette de titres au style plus personnel, affirme-t-il. Dès "HWY 666" on peut constater la véracité de ses propos. Riffs semi acoustiques, voix aussi lointaine que le bout d’un road-trip, rythmique sortie d’un Ouest très "far", solo rock old-school, Corey Taylor est plus qu’un numéro (8), il est un Simple Man tel que le dépeint LYNYRD SKYNYRD. Dans la noblesse du terme.

Musique épurée mais d’un agencement exceptionnel, "Black Eyes Blue" poursuit l’exploration bucolique d’un rock seventies, baigné de refrains chaleureux. Randonnée nostalgique, le pot d’échappement de l'Impala fleure bon la poussière du sud (clin d’œil aux fans rockers de la série Supernatural). On file droit vers BOSTON dans le KANSAS (l’anachronisme me démangeait) sur des soli endiablés et des « hoouu hooouuu » mélancoliques d’un autre âge en écoutant "Samantha's Gone". Le soleil couchant est blues électrique. Corey l'incorey-gible ose même le blues rock originel. "The Maria Fire", quand la guitare lançait ses premiers braillements électriques. Avec en ajout la voix sensuelle et suave de Corey. Chuck est dans la place et "Meine Luxe" s’offre... le luxe d’un "rock around the Corey" !

« CMFT » réussit le pari de nous surprendre par son exploration des racines du rock, mais aussi des siennes et par la beauté qui transpire de chaque son ou refrain. Sincère d’émotion, "Silverfish" rassemble le meilleur de chaque époque pour une ballade à la nostalgie chialeuse... on se croirait revenu au temps du hard rock bon jovial. Paradoxalement, "Kansas", s’il est toujours empreint du rock sudiste, résonne également de la couleur PEARL JAM. Corey Taylor révèle un immense bagage musical qu’il a assimilé durant sa vie, mûrement digéré et restitué dans un style aussi respectueux que jouissif à déguster. La traversée de purs moments tels celui de "Everybody Dies On My Birthday", un titre punky et catchy qui fait un bien fou. "Culture Head" dans son genre est également un bijou de hard rock qui te flingue les roses à coups de six-cordes bien huileuses.

Et il y a des titres improbables et inattendus, le morceau notamment avec les rappers Tech N9ne et Kid Bookie qui vire dans la fusion et le groove, "CMFT Must Be Stopped". Musicalement très Corey-ct. « CMFT » est un album d’une grande fraîcheur. "European Tour Bus Bathroom Song", qui clôt l’album, est une bombe de heavy punk metal ultra speed qui déridera les plus moroses. Corey, je te dis merciii !

Corey Taylor nous offre du rock dur et simple, mais magnifique. Du dépaysement bienvenu, c’est Corey-ment bon de s’enfiler cette bonne humeur au milieu d’une année si sombre. Taylor est l’homme qui a chopé un sacré virus il y a plus de 40 ans. Son nom ? Rock 'n' roll !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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