5 octobre 2020, 19:30

Corey Taylor

@ Los Angeles (Forum - Live-Stream)


Vous imaginez une salle de 17 000 spectateurs complétement vide pour un concert de Corey Taylor donné à l’occasion de la sortie de son premier album solo, « CMFT » ? En 2020, avec le co-vide, c’est chose faite. C’est donc depuis ma cuisine, en train de préparer mes pommes de terre sautées, que je vais assister au show de près de 2 heures donné par Corey et ses musiciens. En pré-show les traditionnelles interviews pleines de malice et un cameo irrésistible de l'acteur Jack Black.

Jovial, Corey "MF" Taylor investit la scène. Ça fait bizarre, ce grand espace couvert désert. Guitare à la main, le chanteur, tout sourire dehors s’élance pour un concert 100% rock'n'roll. Le Rémy Bricka de l’Iowa (il touche vraiment à tous les instruments), frontman de deux formations très célèbres, va défendre ce soir son bébé, « CMFT » – "Corey Mother Fucking Taylor" – en exécutant en live les 13 titres qui composent l’album, et en nous offrant en bonus six morceaux phares de STONE SOUR, de SLIPKNOT, ainsi que des reprises de EAGLES, Eddie Money, DEAD BOYS, John Cafferty et KISS. Cette sélection n’est pas due au hasard, l’album « CMFT » respire le rock sudiste et les hits eighties qui ont bercé le jeune Corey. Le thème de la soirée est définitivement le rock et hard US sous toutes leurs déclinaisons.



​Démarrage sur les chapeaux de roue avec "HWY 666", rock sudiste pur jus avec sa rythmique far-west et ses riffs de road-trip, "Meine Lux", complétement rock fifties débridés, et "Halfway Down", sa frappe du pied aux chœurs entêtants et soli énormes. En ajoutant ensuite la ballade "Silverfish" où Corey y va d’une voix éraillée et chialeuse, version 2.0 de Layne Staley, on a une belle représentativité de la diversité et de la qualité de l’album. Déboulent deux covers, "Shakin'" d’Eddie Money, et le hard'n'roll "Song #3" de STONE SOUR. L’ambiance sur scène est chaude, à défaut de l’être parmi la dizaine de roadies éparpillés dans la salle aux allures de mausolée. Corey envoie alors "Everybody Dies On My Birthday", un titre ultra-catchy aux guitares insolentes, très certainement un des hymnes de l’album.
 

Concert parfaitement dosé, l’in-Corey-gible Taylor est riche pour dispenser l’émotion. J’ai encore une fois chialé, seul dans ma cuisine avec mes pommes de terre pleureuses... euh, sautantes dans leur poêle, quand j’ai vu jouer "Snuff" de SLIPKNOT, puis "Taciturn" de STONE SOUR. Corey communique un maximum avec son public internaute, dispensant blagues et anecdotes. Il se met au piano, après "Culture Head" et "Maria Fire", pour sa première fois en live et dédicace le solennel et tendre "Home" à sa chère et tendre. Une séquence émotion de plus dans cette soirée atypique. Trois reprises plus tard, ("Zzyxz Road" de STONE SOUR, "All This And More" des DEAD BOYS et "Already Gone" d'EAGLES), le frontman et ses compadres – les guitaristes Christian Martucci (STONE SOUR) et Zach Throne, le bassiste Jason Christopher et le batteur Dustin Robert – jouent trois nouveaux titres, "Kansas", qui lui aussi respire la chevauchée débridée et semi-acoustique à travers les contrées perdues des Etats-Unis, "Black Eyes Blue" plus rock alternatif et "Samantha’s Gone" et son rock US vitaminé. Le show s’arrête sur "Through Glass" de STONE SOUR, qui ne connaît pas ce son de gratte qui te fout les tripes à l’envers ?

Comme tout bon concert, réel ou covirtuel, nous avons droit à un rappel. "On The Dark Side" de John Cafferty, pur rock US fédérateur, précède l’incontournable "Bother" de STONE SOUR. Pour clore la soirée, les deux derniers titres de l’album, "European Tour Bus Bathroom Song", ultra jouissif hit punk-hard-rock, "CMFT Must Be Stopped", crossover rap-rock qui, exécuté en live, prend toute sa dimension de show à l’américaine, pyrotechnie à l’appui, et "Watchin’ You" de KISS. Mention spéciale aux CHERRY BOMBS de Mme Taylor qui livrent une chorégraphie en lingerie fine et sexy.

Excellent moment dans des conditions particulières. Je ne vais pas me plaindre, jamais je n'aurais pu aller à L.A. en vrai... Tout en bonne humeur, le meilleur remède cette année, Corey Talor nous a régalés avec un condensé live de ses influences rock-et hard US revisitées.
 

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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