En 2017, BLISS OF FLESH sortait « Empyrean », troisième volet de son interprétation de la trilogie de Dante : Divine Comédie. Ce troisième album avait révélé un groupe d'une grande maturité musicale qui maîtrise parfaitement les codes du black metal à l'image du clip de "Renunciation". De la divine comédie à la tyrannie, il n'y a qu'un pas que BLISS OF FLESH n'hésite pas à franchir avec son quatrième album tout simplement intitulé « Tyrant » chez Listenable Records. Basé sur Le Discours de la Servitude Volontaire écris par le philosophe français Etienne de la Boétie et publié en 1576, ce discours traite de l'idée que bien que la servitude puisse sembler être forcée et que l'obéissance soit imposée au peuple, les apparences sont trompeuses et cette servitude est en fait entièrement volontaire. Vous avez donc quatre heures pour activer vos neurones et le droit de stimuler votre matière grise par l'écoute en boucle de cet album. C'est bien beau de parler de philosophie, mais concrètement cela valait-il bien le coup de discourir en musique sur la servitude pour déterminer si elle est volontaire ou subie ? Il ne fait aucun doute que les hermétiques au black metal se contenteront certainement d'un non catégorique, mais les autres pourraient bien trouver cet exercice intellectuellement jouissif. Alors comment se présente la mise en musique de ce classique de la philosophie ?
L'album commence sur une course effrénée servie par un mur de son avant de déboucher sur un couplet revendicateur avec lequel il alterne. L'ensemble est superbement enrichi par les mélodies d'un duo de guitares efficace et un passage mélancolique joué en arpège qui laisse place à un violoncelle et des chœurs féminins pour se terminer sur la course effrénée du début. Sur la lancée de "Serve", "Genesis" et "Vanitas" continuent cette course, puissante et irrésistible pour déboucher sur "Krieg", titre grandiose qui s'impose de ce fait comme un classique de BLISS OF FLESH. Afin de marquer une pose "Hexis" propose un intermède mélancolique joué par un duo guitare et violoncelle sur lequel on entend des voix d'enfants en train de jouer.
"Panem" démarre la seconde partie sur un mid-tempo qui va crescendo avant de reprendre cette course folle qui débouche sur la chanson titre de l'album « Tyrant », single révélé fin septembre et qui avait atteint sa cible, car son écoute avait immédiatement titillé notre curiosité. Si "Mors" débute calmement et de manière inquiétante, la course recommence de plus belle et plus rapide que jamais. "Naturea" qui clôture ce divin cauchemar semble être une sorte d'incantation à une divinité.
En résumé, « Tyrant » est un album de black/death metal exceptionnel qui ne manquera pas dans les années à venir par se faire une place au Panthéon des albums français du genre. Une rythmique efficace qui maîtrise les changements de rythme sur laquelle vient se poser un duo de guitares dont les mélodies sont tout simplement irrésistibles.
