Le premier album de ce trio français, paru il y a quatre ans déjà, avait fait bonne impression à sa sortie : atypique, dissonant et chaotique, le bougre avait su faire preuve d’un sacré doigté pour éviter le piège du fourre-tout indigeste. Les atmosphères poignantes, parties aériennes et autres embardées épiques conféraient à son black metal d’un autre monde des saveurs inconnues qui ont ravi plus d’une paire d’oreilles. Dont les miennes. Et c’est une nouvelle fois le même cadre musical proposé ici par IN CAUDA VENENUM sur ce deuxième album comportant deux longs morceaux fort bien troussés, faisant toujours la part belle aux dissonances et aux mélodies à fleur de peau.
La preuve par le son avec ce premier morceau ténébreux et incantatoire qui introduit « G.O.H.E. » sans temps mort, plongeant l'auditeur dans une ambiance glaciale avec ses tremolos inquiétants couplés à une batterie déchaînée. Le tout évoque les formations norvégiennes du milieu des années 90 en une version plus teigneuse, plus vindicative. Mais la force du trio n’est pas tant que dans ce déluge d’émotions qu’il lâche sans fausse note mais aussi dans l’utilisation de ce violon de toute beauté signé Raphaël Verguin (PSYGNOSIS) : une véritable bouffée de nostalgie accentuée par une production qui lui laisse toute latitude pour s’exprimer. Le second morceau est dans la même lignée, laissant à peine transparaître quelques mélodies lumineuses derrière son épaisse carapace. Un roadtrip de plus de vingt minutes à l'ambiance plus sombre encore et couplée à des parties de guitares mélodiques, musclées qui ne dévoileront leurs charmes obscurs qu'aux plus téméraires d'entre vous. Une obscurité palpable aussi bien dans le son que dans les textes puisque l’album rend hommage à une mère violemment assassinée trois mois après que son fils de dix ans ne la condamne à mort par imprécation. Ce fils n’étant autre que James Ellroy, auteur américain de référence, grand maître du roman noir.
Vous voilà donc prévenus. Si rien de tout cela ne vous effraie, prenez maintenant place à bord de ce train fantôme pour découvrir un sombre circuit de quarante-deux minutes, aller simple vers un monde où mélancolie et noirceur se font du gringue au son d’une section rythmique qui en laissera plus d’un sur le carreau !