C’est à l’occasion de la sortie récente de l’EP de MERCYLESS, « Sovereign Evil », paru en octobre et qui remet au goût du jour quatre morceaux cultes de VENOM, HELLHAMMER, POSSESSED et MOTÖRHEAD, que je me suis rendu compte que le cru 2020 des Mulhousiens, « The Mother Of All Plagues », était passé entre les mailles de nos filets. Qu’à cela ne tienne, il est encore temps de réparer cet oubli et de vous en proposer un aperçu dans ces quelques lignes.
On parle d’un des piliers de la scène death metal française qui compte plus de trois décennies d’activité au compteur et qui a su traverser toutes les modes avec un certain doigté... non mais ! A l’instar de ses camarades de promo LOUDBLAST, eux aussi toujours présents dans les rangs : rien à redire, le metal extrême ça conserve ! Et à l’image de ses compères nordistes, MERCYLESS s’affiche encore comme un groupe sur lequel il faut compter en 2020. Son abnégation, sa dévotion ultime au death metal canal historique force l’admiration : combien de groupes formés à la fin des années 80 répondent toujours à l’appel impérieux du metal de la mort avec autant de hargne ? Peu et c’est un euphémisme. C’est d’ailleurs ce qui rend l’écoute de ce nouvel album encore plus savoureuse.
Un nouvel album où la pochette maléfique capte l’attention sans détours, l’artwork du mexicain Nestor Avalos indiquant clairement que l’on pose ici les rangers en milieu hostile. La production compacte, massive signée H.K. Krauss dans ses forges du Vamacara studios, interpelle elle aussi par sa férocité. Mais au-delà de l’emballage, c’est bien sûr le contenu qui provoque enthousiasme et admiration. Impossible de rester de marbre devant ce nouvel assaut de Max Otero et de ses fidèles hussards qui déroulent sans ciller leur potion magique pendant trente-cinq minutes : juste ce qu’il faut de technique, des mélodies vengeresses, des tempos qui écrabouillent et ratatinent (le doublé "The Mother of All Plagues" / "All Souls are Mine" en laissera plus d’un sur les moignons) le tout arrosé de solos monstrueux et d’un déluge de toms douloureux. Aucun doute sur la marchandise, MERCYLESS ne déroge pas à la tradition qu’il a lui-même instauré il y a plus de trente ans. Quoi ? Comment ? Ah oui : respect.
D’autant que « The Mother Of All Plagues », loin d’être une simple copie carbone des précédentes livraisons, est une nouvelle fois menée main de maître par une section rythmique aux abois, peuplée de riffs monstrueux (arf... ce "Inherit The Kingdom Of Horus", lourd à souhait !) et qu’elle se pare aussi de relents thrash ou doom du meilleur effet pour varier les plaisirs. Vous l’aurez compris, ce nouvel album est un beau pied de nez à cette annus horribilis merdicus qui nous a plombé à grand renfort de Covid. C’est aussi un hommage non feint à cette "brutale génération" hexagonale bercée par les sons immortels des « Sublime Dementia », « Signs Of The Decline », « Abject Offerings », « Towards Beyond » ou « Contamination Rises ». Ou dans d'autres termes, un sacré morceau de barbaque métallique sur lequel je vous invite à vous faire les crocs sans tarder !