7 mars 2021, 18:15

NIGHTFALL

Interview Efthimis Karadimas

Après presque 8 ans d’attente depuis la sortie de « Cassiopeia » en 2013, les Grecs NIGHTFALL reviennent cette année avec un très sombre et intrusif « At Night We Prey ». C’est au gré de morceaux brutaux, gothiques et lourds que le groupe aborde le thème difficile de la dépression et de ses tourments. Le chanteur Efthimis Karadimas, lui-même sujet à la maladie, revient avec nous sur l’album et sur le retour en force de NIGHTFALL, plus déterminé et plus mature que jamais.


Merci de nous accueillir Efthimis, avant toute chose, comment vas-tu en ces temps difficiles ?
Merci à toi pour l’interview. Nous subissons actuellement un deuxième confinement et les choses sont devenues assez stressantes. Le premier confinement était facile et très créatif. Celui-ci est difficile pour tout le monde. J'espère que bientôt, les choses reviendront à la normale. Heureusement, en tant qu'introverti et amoureux des livres et de la lecture, mon temps libre est bien utilisé.

Cela fait longtemps que nous n'avons pas entendu parler de NIGHTFALL, « Cassiopeia » datant de 2013. Qu'avez-vous fait depuis ?
Peu de choses se sont produites pendant ces années au niveau du groupe. Mais personnellement, c'était dur pour moi. J'ai perdu ma mère après une longue bataille contre le diabète, puis j'ai dû m'occuper de mon père qui souffre de la maladie de Parkinson à un état avancé. Puis j'ai découvert ma dépression...

Tu dois être très heureux de sortir un nouvel album, mais n’est-ce pas difficile sachant que vous ne pourrez pas le présenter en live de si tôt ?
Je suis heureux que nous soyons toujours là et que les gens posent des questions sur NIGHTFALL malgré notre longue absence de la scène. Avec autant de groupes et de nouveautés chaque jour, de nombreuses formations passent inaperçues. Et avec NIGHTFALL, nous n'avons pas fait de concerts. Peut-être quelques-uns ici et là, mais pas de tournées ou de grandes choses. Nous avons décidé de changer cela maintenant et de prendre la route. Nous devions avancer notre tournée 2022 à 2021, mais je suppose que nous pouvons attendre encore un an. Aucun problème.

Vous avez changé de label, passant de Metal Blade à Season Of Mist. Pourquoi ce choix ?
Je pense que la mentalité grecque est plus proche de la française. Nous avons l’habitude de discuter pour améliorer les choses. Les Américains ont une approche différente, plus axée sur les affaires. Nous ne sommes pas un groupe pop. Avant toute chose, nous sommes des fans de metal. Nous devons communiquer avec le label à tous les niveaux et ressentir l'amour de la musique. Sinon, cela ne vaut pas le coup. Etre dans la liste de l'historique Metal Blade est plus que génial. C'est une réelle fierté. Mais avec Season Of Mist, je crois que nous pouvons faire de plus grandes choses.

Season Of Mist a réédité vos albums originels. Sont-ils de bons souvenirs pour vous et pourquoi ? Est-ce un moyen de fédérer de nouveaux fans autour de ce que vous avez fait lorsque vous avez lancé NIGHTFALL ?
Nos albums des années 90 n'ont jamais eu la chance d'être réédités. Les gens m'ont posé des questions à ce sujet pendant des années. Le label précédent détenait les droits et nous devions trouver une solution. Nous l'avons finalement fait l'année dernière, et immédiatement nous nous sommes arrangés pour les rééditer tous, même dans des formats dont certains n'étaient jamais sortis à l'origine, comme les vinyles pour « Athenian Echoes », « Diva Futura » et « Lesbian Show ». Ce qui est super c’est que nous avons conservé leur son d'origine, de sorte que les gens auront le vrai sentiment des années 90 !
 


​« At Night We Prey » est basé sur le thème de la dépression. Est-ce une source d'inspiration ou écrire de la musique aide-t-il à combattre tes démons intérieurs ?
La musique m'a sauvé. Elle a toujours été là pour moi. Je ne savais pas que je souffrais de dépression. Quand j'en ai eu connaissance, j'ai réalisé que les signaux étaient là mais je n'ai pas réussi à les voir. C’est pourquoi je veux maintenant passer le message à tout le monde. Je n'offre bien sûr pas de réponse au problème de la dépression. Seuls les médecins peuvent vous aider. Ce que je dis cependant, c'est qu’il faut en parler les gars, en parler sans crainte d'être rejeté ou stigmatisé par les autres. Il faut se battre en plein jour et non dans l'obscurité. La dépression aime les ténèbres.

La musique, les paroles, les illustrations : tout le concept de l'album est terne, sombre et même un peu effrayant. NIGHTFALL est-il de plus en plus intense et brutal ?
Nous sommes mûrs maintenant. La brutalité jeune et pure a un goût d'innocence. La brutalité des aînés est définitivement plus effrayante car elle porte l'expérience et a une profondeur qui nous effraie parfois aussi.

​La chanson "Witches" est par exemple très lourde et puissante. A quelles sorcières fais-tu référence ?
Ce sont les furies, des furies qui torturent votre esprit. Une situation très courante en dépression.

Peux-tu nous en dire plus sur la pochette de l’album qui est à la fois sombre et attrayante ?
Je voulais décrire la dépression telle que je la vois. Et je le vois sous la forme d'une femme laide, dépeçant sa proie. Pourquoi une femme ? Pour deux raisons. 1. La dépression est féminine en grec. 2. Le féminin est la source de notre existence. La voir se retourner contre vous est tragique. Une véritable tragédie, comme la dépression, peut le devenir si elle n'est pas repérée et contrôlée sérieusement. J'ai parlé avec Travis Smith du concept et lui ai donné quelques références. Son travail saisit absolument la méchanceté et la laideur de cette maladie mentale. Je ne voulais pas une belle pochette pour les gens qui la regarderaient et se diraient : « Ah quelle belle pochette d’album ! ».

NIGHTFALL s'est enfin réuni autour de quelques membres originaux comme Mike Galiatsos et Kostas Kyriakopoulos. Êtes-vous revenu à vos racines ? Quelle est la sensation de jouer à nouveau tous ensemble ?
Les racines sont pour les arbres. Je préfère le mouvement. NIGHTFALL a changé plusieurs fois de line-up. J'ai aimé ça parce que les nouveaux membres donnent toujours un ton nouveau au groupe. Contrairement à d'autres musiciens qui veulent que des musiciens de session, ou des "mercenaires" comme on dit, fassent le travail pour un ou deux membres principaux, j'exige toujours de tous de participer avec des idées. C'est très important pour le groupe. Le line-up actuel marque la 4e saison du groupe et c'est comme ça que je le vois. Comme un nouveau chapitre qui doit être génial aussi. Les 3 précédents l’étaient dans les années 90 avec Holy Records, dans les années 2000 avec Black Lotus et dans les années 2010 avec Metal Blade Records.

Si je comprends bien, tout le monde a participé à l’écriture de l’album ?
Nous participons tous, oui. C’est un travail d’équipe. Peu importe qui met plus, nous sommes un groupe et ce que l’auditeur obtient est le travail d’un groupe

Comme il n'y aura pas encore la possibilité de faire des concerts, comment allez-vous promouvoir « At Night We Prey »? Y aura-t-il des livestreams ?
Étant donné que notre tournée de mars 2021 a été déplacée en 2022, nous devons réfléchir à des moyens alternatifs de promouvoir notre musique tout au long de l'année. Oui, le streaming est une option. Nous attendons cependant de vrais concerts. La formation actuelle a pris la décision de jouer beaucoup en live. Donc, nous sommes très désireux de le faire lorsque les choses reviendront à la normale.
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK