21 janvier 2021, 17:15

BLOODY HAMMERS

• "Songs Of Unspeakable Terror"

Album : Songs Of Unspeakable Terror

Pour ceux qui ne connaissent pas, BLOODY HAMMERS n'est pas un groupe de gros death qui tâche rouge, mais un duo formé en 2012 et mariant doom metal, gothic rock, hard rock et des influences comme SISTERS OF MERCY, BAUHAUS ou Alice Cooper. La claviériste Devallia et son époux, le chanteur, guitariste et bassiste Anders Manga ont un univers bien à eux. Musiciens dans d'autres formations, ils ont également un magasin spécialisé dans des objets de spiritisme et des abris pour chauve-souris (pour pousser le truc jusqu'au bout, BLOODY HAMMERS nous vient de Caroline du Nord, plus précisément d'un comté du nom de... Transylvania).

Plutôt productif, le groupe a déjà sorti, en 9 ans d'existence, un EP et six albums, dont les très bons « Lovely Sort Of Death » et « The Summoning » (qui comprenait des perles gothic rock comme "The Beast Is Coming Out", "Welcome To Darkness" ou encore "Let The Sleeping Corpses Lie"). Alors que la tournée pour défendre « The Summoning » a connu un coup d'arrêt en raison de la pandémie, BLOODY HAMMERS a profité du lockdown pour composer et, à l'instar de KADAVAR avec « The Isolation Tapes », le nouvel album, intitulé « Songs Of Unspeakable Terror » est le théâtre (horrifique) de nombreux changements.

On le voit dès la pochette. Là où les artworks précédents rendaient hommage aux films de la Hammer, au fantastique italien de Mario Bava ou Dario Argento ou encore à l'univers coquino-fantastique des films de Jean Rollin, « Songs Of Unspeakable Terror » rend hommage à toute la culture des cinéma drive-in et aux films d'exploitation des années 50/60/70/80. Un hommage qui est poussé jusqu'aux titres des chansons puisque soit ils reprennent des titres de films soit ils y font référence ("We Are The Damned" est un clin-d'oeil au Village des Damnés). Différents styles sont représentés, de l'horreur  ("A Night To Dismember", titre qui sonne comme un jeu de mot trash mais qui est le titre d'un slasher de 1983) à la science-fiction ("Not Of This Earth", film de Roger Corman, datant de 1957), en passant par le thriller ("I Spit On Your Corpse", film de série B sorti en 1974), un hommage sincère de la part d'un groupe qui a une vraie passion pour l'étrange et l'effrayant.

BLOODY HAMMERS a également opéré un changement musical significatif. Exit le doom sous influence gothic rock, « Songs Of Unspeakable Terror » est plutôt marqué dans un registre horror-punk dans un esprit proche des MISFITS ou de WEDNESDAY 13. Le résultat surprend à la première écoute, le clavier de Devallia est nettement plus discret, on l'entend surtout par touches dans les refrains de "The Ones Who Own The Dark" ou plus franchement sur la fausse ballade "The Lucifer's Light" où il confère au morceau davantage de profondeur et un côté occulte lancinant, presque menaçant. Pour le reste, c'est rythmé, efficace, et ça traduit un certain sentiment d'urgence, sentiment renforcé par la durée de l'album (32 minutes au compteur, soit l'album le plus court des Marteaux Ensanglantés). Surtout, « Songs Of Unspeakable Terror » marque une très forte énergie positive. Dès "A Night To Dismember", on a envie de danser, quitte à ressembler au cousin Carlton dans Le Prince de Bel-Air. Sur le fédérateur "Hands Of The Ripper", on a tout de suite envie de taper des mains en rythme et gueuler un bon « hey! » au refrain. Bref, « Songs Of Unspeakable Terror » est un album catchy, qui s'écoute à fond pied au plancher en roulant dans la voiture de Rob Zombie dans le clip de "Dragula". Un comble pour un album qui, du début à la fin, ne parle que d'histoire d'horreur, de sorcières, d'inquisiteur, de tueurs en série, de possession extra-terrestre, de morts-vivants ou encore d'occultisme.  

Groupe peu connu et franchement sous-estimé, BLOODY HAMMERS n'avait pourtant pas grand chose à prouver après plusieurs albums de haute volée. Mais dans une démarche ressemblant autant à de la remise en question que l'envie d'explorer d'autres horizons, ils ont sorti, avec « Songs Of Unspeakable Terror », un album généreux malgré sa courte durée, catchy, se posant à la fois sur les forces habituelles du duo (des refrains qui claquent, une musique bien plus travaillée qu'elle n'y parait, une ambiance délicieusement inquiétante ou encore la voix du chanteur) tout en tentant de nouvelles choses. Au final, c'est un album instantément attachant, immédiat et qui aborde l'année 2021 de la plus belle des manières. Ces derniers mois, les Américains nous ont envoyé pas mal de choses effrayantes, mais cette fois, le frisson est délicieux.

Blogger : Nikkö Larsson
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