1 février 2021, 19:05

Adrian Smith

• Monsters Of River & Rock - My Life As Iron Maiden's Compulsive Angler

Après la sortie de l’excellent What Does This Button Do? du chanteur aux multiples casquettes Bruce Dickinson en 2017, les fans de la Vierge de Fer ont pu accueillir avec impatience la nouvelle de la sortie d’un ouvrage de la plume du guitariste Adrian Smith

S’il est vrai que la bibliographie traitant d’IRON MAIDEN et de ses membres est très fournie - on pense notamment à la mine d’informations constituée par la série de volumes de Stjepan Juras, dédiant d’ailleurs un livre entier à Adrian - les sorties officielles restent assez rares, rendant celle-ci plus que bienvenue. Et ce d’autant plus que Monsters Of Rivers & Rock vient combler un manque dont on ne soupçonnait même pas l’existence : comme Alice Cooper avait écrit sur le golf, c’est ici une plongée au coeur de la passion bien connue du musicien pour la pêche qui nous est proposée.
Que les fans se rassurent toutefois, le pan musical de la vie de leur héros est bien présent dans les quelques 300 pages qui sont au menu, même s’il ne constitue pas le cœur de l’intention de base.

La pêche, donc. Un loisir, un sport connu de tous, mais bien éloigné des paillettes et du glamour associé au mode de vie rock'n'roll fantasmé par les fans. Et rapidement, on comprend que c’est ce contraste qui permet à Adrian Smith de garder les pieds sur terre et un équilibre dans sa vie.
Ce sont donc des dizaines d’anecdotes et récits étroitement liés à cette activité qui constituent pèle-mêle le fil conducteur de l’ouvrage. Le déroulé se fait sans aucune notion de chronologie, ce qui amène l’impression de lire des nouvelles et de pouvoir piocher ici ou là dans le désordre sans ne rien louper. On passe ainsi sans heurt d’une session de pêche à la carpe au cœur du bois de Boulogne pendant l’enregistrement de « The Book Of Souls » en 2014, à un Adrian envoyant bouler Klaus Meine et Rudolf Schenker de SCORPIONS alors qu’il pêche au pied de leur hôtel pendant le leg américain du "Beast On The Road" de 1982.
Au fil des pages, le profane découvre les différentes techniques de pêche ainsi que les subtilités selon que l’on s’intéresse à telle ou telle espèce de poisson. On se surprend même à s’intéresser à ce sujet petit à petit, même si, soyons honnêtes, il y a quelques passages qu’il est tentant de survoler, tant il sont techniques et réservés aux pêcheurs avertis. Bien heureusement, de savoureuses anecdotes ponctuent ici ou là chaque chapitre, ravivant l’intérêt des non-pêcheurs aussitôt qu’il aurait pu décliner. Ainsi, comment oublier le trajet en Mustang qui a failli envoyer Adrian et sa dulcinée dans un ravin, ou encore la pêche à l’esturgeon au Canada qui a manqué de mettre le guitariste hors-jeu pour la fin de la tournée ?

Enfin, certaines traques tiennent réellement le lecteur en haleine, ce qui est rendu possible par la belle plume du guitariste, offrant un style très agréable qui sent bon l’anglais britannique fleuri et chaleureux typique d’outre-Manche. En revanche, ce style parfois assez soutenu, assorti de son lot de termes techniques piscicoles, pourra rebuter certains lecteurs qui ne seraient pas parfaitement à l’aise dans la langue de Shakespeare. Car oui, le livre n’existe (pour l’instant ?) qu’en version originale. 

Si la pêche tient le haut du pavé et constitue le fond de près de trois quarts de Monsters Of River & Rock, l’aventure IRON MAIDEN reste bien évidemment toujours présente. 
Ce peut être souvent en toile de fond, pour situer les parties de pêches dans le contexte de telle ou telle tournée, ou bien parce qu'Adrian à réussi à convaincre son acolyte Janick Gers de le rejoindre pour une session. Mais on découvre aussi avec délectation de nombreuses anecdotes - pour certaines inédites - sur l’histoire du groupe. Que ce soit une vue à la première personne dès ses premiers pas à la guitare dans la chambre de son pote de toujours Dave Murray, ou bien des détails sur Steve Harris mettant la main par hasard sur l’intro de "Wasted Years", composée par un Adrian qui n’y croyait pas trop, chacune de ces scènes est un vrai plaisir pour tout fan s’intéressant de près au groupe.


Par ailleurs, Adrian fait montre d’une vraie transparence quant à la vie et aux excès du groupe à ses débuts. Si, bien souvent, la version officielle s'en tient à un groupe sobre, à l’exception d’un Paul Di'Anno justement limogé pour ses démons, Monsters Of River & Rock livre un tableau bien plus nuancé - et crédible - de la réalité. Il admet ainsi qu’une partie du groupe a consommé notamment de la cocaïne de façon régulière lors des premières tournées aux États-Unis, utilisant l’alcool et les drogues « comme une véritable béquille pour tenir le coup ». C’est également l’occasion pour Adrian de s’ouvrir concernant les phases de dépression qu’il a rencontrées au fil de sa carrière, principalement du fait du rythme effréné des tournées. Si l’info en tant que telle n’apporte pas grand chose, elle souffle un vent de fraîcheur et d’authenticité sur le microcosme IRON MAIDEN, parfois un peu trop enjolivé et poli par son management.

En définitive si Monsters Of River & Rock propose une approche assez inattendue et originale dans le petit monde des autobiographies musicales, il le fait avec succès, constituant un vrai must-have pour les fans d’IRON MAIDEN. Si le profil idéal du lecteur serait plutôt un fan du groupe passionné de pêche avec un excellent niveau d’anglais, on peut se contenter de ne cocher qu’une ou deux de ces trois cases pour en profiter, avec au besoin un bon dictionnaire français-anglais sous le coude. 
Il ne nous reste plus qu’à espérer que la démarche soit suivie par d’autres membres du groupe, avec pourquoi pas un guide des pubs préférés de Janick Gers ou le Monster Of Hawaiian Shirts & Rock de Dave Murray.


Note : pour les collectionneurs, une édition limitée noire et or signée de la main d’Adrian Smith est également sortie. Il en reste une poignée sur la boutique officielle d’IRON MAIDEN.
 


Limited edition

Blogger : Régis Peylet
Au sujet de l'auteur
Régis Peylet
La petite trentaine, passionné de musique, après avoir longtemps écrit chroniques, interviews et couvertures de concert pour des confrères, Régis s'est lancé dans la photographie il y a quelques années, lui permettant de mieux s’exprimer et de capturer les émotions qui connectent les artistes et leur public.
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