5 février 2021, 21:00

KORPIKLAANI

• Interview Sami Perttula

KORPIKLAANI, groupe de folk metal finlandais, revient cette année avec une heure de musique à la fois sauvage et majestueuse d’où le titre de l’album « Jylhä ». Grâce à toujours autant d’énergie mais aussi une maturité grandissante, le sextet propose 13 titres lourds et ambiancés qui raviront les fans de sonorités folk et de guitares caustiques. Sami Perttula, accordéoniste du groupe, vous présente cette nouvelle œuvre dans la carrière d’un KORPIKLAANI qui se renouvelle sans cesse.
 

Comment te sens-tu Sami pendant cette période difficile ?
Merci à toi pour cet entretien ! Je pense que nous nous sentons tous bizarres d'être chez nous au lieu d'être en tournée. C'est la première fois depuis un long moment que nous ne sommes pas en tournée ni pendant l’été ni pour la période de Noël. En même temps, certains d'entre nous ont commencé à prêter attention à des choses pour lesquelles ils n'ont généralement pas le temps : comme prendre soin de sa santé à un nouveau niveau, avoir de nouveaux passe-temps, l'un de nous a décidé de passer son permis de conduire, etc. Bien sûr, c’est difficile pour l’industrie musicale et nous sommes nombreux à lutter économiquement.

Vous deviez être très impatients de sortir votre nouvel album « Jylhä ». Comment s’est passé l'enregistrement ? Pas trop difficile de se réunir pour répéter et composer ?
Notre processus de travail avec du nouveau matériel s’est à peu près bien passé. Jonne (Järvelä, le chanteur) nous partageait une démo, nous l’écoutions et jouions nos propres parties d'instruments afin d'obtenir une démo complète avec tous les instruments. Ensuite, nous pouvions discuter de la chanson et la réorganiser, etc. Après cela, nous sommes entrés en studio pour travailler avec le produit final. Nous ne répétions donc pas réellement de nouvelles chansons pendant le processus de composition. En fait, cette pandémie nous a donné une chance d'avoir plus de temps pour travailler sur l'album, donc il semble vraiment achevé. Nous avons eu des répétitions actives depuis que nous avons enregistré l'album même si nous n'avons pas vraiment eu de concerts. Fondamentalement, nous pourrions être prêts pour des tournées à tout moment, mais pour le moment, la situation est ce qu'elle est.

Que signifie le titre de l'album ?
« Jylhä » signifie majestueux, mais aussi sauvage et accidenté d'une belle manière. Il est difficile de trouver une bonne traduction en fait. Par exemple, les montagnes rocheuses pourraient être décrites comme des "jylhä". Nous avons choisi ce nom alors que nous nous débattions avec le titre de l'album, puis quelqu'un a juste dit que l'album sonnait vraiment "jylhä" alors nous pouvions le nommer ainsi !

Jonne Järvelä

Ce 11e disque semble le plus profond et peut-être le plus sérieux que vous ayez sorti jusqu'à présent. Est-ce que KORPIKLAANI est de plus en plus mature. Comment vois-tu votre évolution musicale ?
Je pense que le même vieil esprit du groupe est toujours présent dans chaque album, donc rien de vraiment radical ne s'est produit. Notre musique est comme une super balle que tu jettes au sol sans jamais savoir dans quelle direction elle va rebondir. Tu peux juste espérer qu’elle ne va pas te revenir en pleine face ! Notre précédent album « Kulkija » était un album plus calme avec beaucoup de feeling et « Jylhä » est plus rapide et puissant. Je pense que la principale différence entre les albums est que nous nous développons en tant que musiciens et compositeurs après chaque album et nous avons plus de ressources pour développer notre son. C’est vraiment beau de voir que certains d’entre nous le font déjà depuis 20 ans et qu’ils continuent à se développer en tant que compositeurs en se lançant des défis Nous ne sommes pas vraiment un groupe qui fait des albums au son similaire encore et encore et qui reste fidèle à ses vieilles habitudes.

« Jylhä » est aussi très diversifié avec des influences punk et heavy metal mais aussi le fond folk metal que l'on attend de vous. Qu'est-ce ou qui vous a inspiré lorsque vous l'avez composé ?
Je pense que le plus grand changement dans notre son vient de notre nouveau batteur. Samuli est stimulant et plein d’énergie, ce qui fait bouger tout le groupe. Dans l'ensemble, la musique de cet album est plus finie et les arrangements sont bien faits également. En ce qui concerne les éléments folkloriques, nous voulions créer quelque chose de frais et de bonne qualité.

Peux-tu nous en dire plus sur les instruments acoustiques et folk utilisés sur l'album ?
Jack (Gibson) d'EXODUS a joué du banjo pour la chanson intitulée "Pidot". Nous sommes amis de longue date avec eux et nous savions qu'il avait un groupe country où il joue du banjo, appelé COFFIN HUNTER. Jonne a joué des parties de guitare acoustique pour l'album et il est vraiment bon car il s’intéresse à la musique flamenco. Tuomas (Rounakari, violoniste) a joué du violon en apportant ses propres compétences de soliste vraiment créatif et j'ai passé beaucoup de temps à faire des arrangements.



​Quels sont les sujets traités dans l'album ? S'agit-il de sujets de la vie quotidienne ou d'histoires fantastiques ? Ou un mélange des deux ?
Je ne dirais pas que « Jylhä » est un album conceptuel mais il y a un thème fort et il s’agit des mystères du meurtre et de la mort dans le folklore finlandais. Pourtant, l'album lui-même n'est pas vraiment sombre. Il est plus probablement édifiant et puissant. Nous avons même quelques chansons amusantes dans l'album.

Est-ce que tu penses que vos horizons se diversifient avec « Jylhä » ?
D'une certaine manière oui, mais je crois que le groupe a beaucoup de potentiel pour ouvrir des horizons bien plus vastes que cet album. Nous essayons de tenir la barre le plus haut possible et essayons de nous pousser vers l’avant tout le temps. Je sais qu’au bout du compte on ne peut pas satisfaire tout le monde : il y a toujours des gens qui disent « ce n'est pas comme le vieux KORPIKLAANI ». Mais si on essayait de leur plaire, d’autres diraient « ce groupe n’évolue pas ». Au moins, nous faisons la musique que nous aimons.

Quelle est selon toi la chanson la plus représentative de l'album ? Et est-ce ta préférée ?
C'est un album étrange parce que je ne peux pas vraiment évaluer les chansons de cette façon. Chaque chanson est bonne à sa manière et j’aime les jouer et les écouter. Je n'oublierai aucune chanson de l'album. Habituellement, les chansons préférées des albums viennent plus tard après que nous les ayons jouées en tournée.

Et est-ce que tu peux nous en dire plus sur la pochette de l’album ? Qui s'est occupé des visuels ?
La pochette de l'album est réalisée par Jan Yrlund. Le même gars qui a fait la plupart de nos précédentes pochettes aussi. La pochette est pleine de schémas et de représentations typiquement finlandais, donc c’est quelque chose de vraiment finlandais, je pense. Nous voulions aussi que le visage du personnage principal ressemble au visage de Yrjänä Ermala qui a joué le rôle principal dans nos vidéos.

Qu'est-ce que ça fait de ne pas pouvoir promouvoir l'album sur scène de si tôt ? Ca te manque les prestations live ?
Naturellement, c’est très dur. Nous avons eu quelques petits concerts et festivals en Finlande mais nous ne pouvions pas jouer de nouvelles chansons en live car elles se seraient retrouvées sur YouTube trop tôt. Je pense que nous avons fait un bon choix au final pour essayer de promouvoir le nouvel album avec de nombreuses vidéos surtout pendant ces moments difficiles. Il sera vraiment intéressant de savoir comment la situation sera après cette pandémie. Ce qui est sûr c’est que de nombreuses salles n’existeront plus, mais nous espérons que l’intérêt des gens pour la musique live restera le même.

Que penses-tu de la France et du public français ? Aimez-vous jouer ici ?
Je pense que la France a une place spéciale dans nos cœurs parce que nous avons beaucoup de public chez vous et nous avons la chance d’y jouer notre musique dans de grandes salles. Merci à la France pour ça ! Vous nous manquez, assurément !

Pouvons-nous imaginer des concerts en livestream de KORPIKLAANI comme le font d'autres groupes ?
Nous en avons déjà fait un mais c'était vraiment étrange de faire un spectacle sans public. Je pense que ce groupe est fort devant un vrai public donc c'était bizarre de le faire sans nos fans. J'espère que nous pourrons le refaire à nouveau... en attendant les vrais shows !

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour 2021 ?
Nous espérons que cette pandémie sera bientôt terminée. Comme beaucoup de groupes, nous avons des projets de tournée, qui dépendent tous du moment où ce sera à nouveau autorisé.
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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