26 février 2021, 17:10

Anneke van Giersbergen

• Interview

Ce début d'année 2021 voit le retour d'Anneke van Giersbergen avec un nouvel album composé de chansons loin de l'univers metal qu'elle nous avait proposé avec son groupe VUUR. Pourquoi ce changement de cap artistique dont les prémices remontent à la tournée avec AMORPHIS et DELAIN où elle s'est présentée seule sur scène avec sa guitare acoustique ? Nous avons donc profité de la sortie de « The Darkest Skies Are The Brightest » pour discuter avec Anneke de cette période troublée et difficile pour elle, et à double titre.


Les 16 et 17 novembre 2019, tu as donné deux concerts sold-out à l'Effenaar de Eindhoven pour fêter tes 25 ans de carrière. Quel regard portes-tu rétrospectivement sur ces années ?
Au cours de toutes ces années, j'ai eu la chance de pouvoir réaliser beaucoup de choses très diverses. Je suis fière d'avoir été à l'origine, avec quelque autres chanteuses, de ce courant musical qui a permis à de nombreuses femmes de se faire un nom dans l'univers de la musique metal. Bien sûr, mon parcours avec THE GATHERING y a contribué et je suis aussi heureuse de tout ce que j'ai pu réaliser depuis. Tout au long de ce parcours, j'ai aussi rencontré de nombreuses personnes, dont certaines sont devenues des amis très proches. C'est pour cela qu'il était important à mes yeux que ces deux concerts reflètent ces années. Je suis heureuse que Sharon den Adel (WITHIN TEMPTATION) et Daniel Cavanagh (ANATHEMA) aient pu participer à ces concerts. Il était aussi très agréable de pouvoir rejouer avec les différentes formations de ma carrière solo.

Le premier tableau de ces concerts anniversaires présentait le Kamerata Zuid Chamber Orchestra avec lequel tu as donné plusieurs concerts au cours du mois de décembre 2019. Concerts qui ont été immortalisés par un album, « Let The Light In »en 2020... Tu avais fait de même avec l'album « Symphonized » en 2018 qui immortalise tes deux concerts avec le Residentie Orkest. Pourquoi les avoir publiés uniquement en format numérique ?
Ces albums ont été capté live et ne représentent que quelques concerts. Les réaliser physiquement aurait été coûteux et contraignant. De plus, leur promotion n'aurait pas été aisée car ils me présentent d'une part dans un univers différent de celui dans lequel mon public a l'habitude de me voir évoluer et d'autre part le public touché au cours de ces concerts reste restreint. Ce n'est donc pas comme une tournée qui touche un large public qui plébisciterait une sortie physique afin d’immortaliser et se souvenir de l'instant. L'avantage d'une version numérique permettait donc de facilement et rapidement mettre à disposition ces performances et de permettre à ceux qui me suivent et qui n'ont pas pu assister à ces concerts de pouvoir en profiter malgré tout.
 

"J'avais besoin de solitude afin de faire le point sur ma vie et savoir où je voulais aller."


Ces concerts avec orchestre prolongent en quelques sorte l'exercice où nous t'avions découverte chanteuse lyrique à l'occasion de ton interprétation de ''When I laid in Earth'' de Purcell. As-tu étudié le chant lyrique ?
Oui. Durant mon adolescence, j'ai pris des cours. Bien que je ne sois pas une chanteuse lyrique, j'en connais les techniques et j'apprécie ce type d'exercice. Ces concerts étaient donc l'occasion d'expérimenter cet aspect et d'aborder ma musique sous un angle différent. 

Le second tableau de ces concerts anniversaire a été pour toi l'occasion de retrouver tes comparses d'AGUA DE ANNIQUE qui correspond à la première partie de ta carrière solo. Dans cette formation on retrouve Gijs Coolen (Marike Jager, LEAVES' EYES, WOOST) à la guitare avec lequel tu as réalisé ton nouvel album « The Darkest Skies Are The Brightest ». Comment est venu l'idée de retravailler ensemble après toutes ces années ?
Quand est venu le temps de composer un nouvel album de VUUR, l'orage grondais sur mon mariage. Quand j'ai commencé à composer, je me suis rendue compte que les chansons que j'allais créer seraient bien trop personnelles pour coller à l'univers metal de VUUR. En l'absence de perspective à court terme pour VUUR, j'ai préféré mettre le groupe en sommeil. J'avais besoin de solitude afin de faire le point sur ma vie et savoir où je voulais aller. Ce processus nécessitait avant toute chose de la sincérité. Pour cela, je me suis retirée seule dans une petite maison au calme afin de composer et de faire le point pour fixer ma vie. Lorsque je suis ressortie avec mes chansons, il me fallait trouver quelqu'un qui pourrait m'aider à les arranger pour en faire un album. Dans cet recherche, Gijs qui est un excellent guitariste et quelqu'un de très créatif, m'a proposé des arrangements qui m'ont beaucoup plu. Il m'est donc apparu comme le producteur adéquat pour cet album.

Il est vrai qu'à l'écoute de « The Darkest Skies Are The Brightest », la richesse des arrangements et des sonorités est marquante et au fil des écoutes ils révèlent de nouvelles choses. Il est clair que Gijs a fait un excellent boulot sur cet album...
Merci beaucoup ! Ca me fait très plaisir. Je ne manquerai pas de lui transmettre ton retour.


Penses-tu tourner pour promouvoir cet album ? Si oui, penses-tu partir en tournée seule ou en groupe ?
Quand les tournées pourront reprendre, j'espère le plus rapidement possible, j'envisage bien évidemment de tourner pour défendre ce nouvel album. Ce sera probablement seule avec ma guitare. J'aime beaucoup cet exercice car la voix en est l'élément central. Maintenant, j'espère aussi pouvoir me produire dans les festivals et à cette occasion pourquoi pas être en effet accompagnée si cela est possible.

THE GENTLE STORM a marqué ton retour à la musique metal et parallèlement à de nombreux projets très variés au point que parmi tes fans certains ont une impression de dispersion, voir peut-être d'une artiste qui a du mal à trouver sa voie. Penses-tu devoir recentrer ta carrière sur un projet principal ?
Je peux comprendre ce sentiment, mais pour moi la musique n'est pas un univers monochrome où tu te dois de suivre le chemin attendu par ton public ou vouloir être commercial au détriment de ce que tu souhaites exprimer. J'aime l'énergie que procure la musique metal, mais j'aime tout autant me produire en solo, avec un orchestre, dans une comédie musicale, ou simplement chanter en duo avec des artistes venus d'univers musicaux différents. Si l'opportunité de faire quelque chose ensemble se présente pourquoi s'en priver sous prétexte que ça ne correspondrait pas à ce que les gens attendent de moi ?...

L'année 2020 et la crise sanitaire était en quelque sorte le couple parfait, si je puis m'exprimer ainsi, pour que tu puisses étudier les nombreuses propositions de collaborations qui te sont régulièrement proposées.
Tout à fait. A défaut de tourner, j'ai pu porter attention à ces propositions et pour lesquelles je n'avais guère de temps à consacrer avant la crise sanitaire et le confinement qui nous a été imposé.
 

" J'aime beaucoup l'énergie du metal et je n'exclus pas d'y revenir..."



Parmi ces projets inattendus, il y en a un peu commun, puisqu'en mai prochain tu devrais, si le contexte sanitaire le permet, réaliser enfin ta tournée « Anneke Goes To Church ». Comment est venu cette idée de tournée ?
Comme tu le sais, depuis quelques années, j'ai pris l'habitude de me produire seule avec ma guitare. Dans ce type d'exercice, une église est un lieu très particulier de part son acoustique. Ce sont des lieux qui créent une atmosphère et une communion entre le public et l'artiste qui n'est pas comparable à celle d'un théâtre ou d'une salle de concert. J'ai hâte que ces concerts déjà reportés à deux reprises puissent enfin avoir lieu. Je croise les doigts pour que ce virus nous laisse un peu de répit et commence à reculer.

Bien que tu sois une metal-girl, il est difficile de t'associer au malin. Tes apparitions live véhiculent plutôt le plaisir de chanter, la joie de vivre, la convivialité, l'humour, une recherche de communion avec ton public. L'ingérence de la communauté dominicaine de Zwolle était plutôt surprenante... Comment l'as-tu vécu ?
Comme je l'avais exprimé à l'époque, il m'était difficile d'accepter de me produire sous la contrainte de devoir changer mon apparence et d'adapter ma set-list au bon vouloir de mes hôtes. L'important est que nous avons pu déplacer ce concert dans un autre lieu où chacun pourra vivre le moment sans se sentir contraint.

Le tableau  final de tes 25 ans de carrière a vu monter sur scène VUUR pour une ultime apparition. Penses-tu que « The Darkest Skies Are The Brightest » marque la fin de ton retour au metal ?
Non pas du tout ! J'aime beaucoup l'énergie du metal et je n'exclus pas d'y revenir. Comme je te le disais, l'important pour moi est que ma musique soit sincère. Il est donc important que je puisse exprimer ce que je ressens, plus que de chercher à composer dans un but commercial et contraint. « The Darkest Skies Are The Brightest » est un album introspectif et le résultat d'une sorte de thérapie qui nécessitait avant tout de la sincérité. Cela ne pouvait pas se fondre dans l'univers de VUUR.

VUUR n'est donc pas tout à fait fini...
En tout cas, je n'exclue pas de revenir à quelque chose de plus metal le moment venu.

Au cours de ces concerts anniversaire, tu as interprété plusieurs titres de THE GATHERING. Pourtant aucun membre du groupe n'est apparu en guest. Etait-ce une manière de ne pas raviver l'espoir chez certains de tes fans d'une reformation ?
Non, la raison n'est pas aussi complexe ou résultant d'un message subliminal à l'égard des nostalgiques de ma période THE GATHERING. Pour moi, l'important était que ces concerts reflètent au mieux ma carrière tout en étant entourée des personnes dont je suis proche. Concernant THE GATHERING, même si nous ne sommes pas fâchés, nous ne sommes pas pour autant des amis proches.

Annekevangiersbergen.com
 

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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