Cela faisait un peu plus de sept ans et la sortie de « Cassiopeia » que NIGHTFALL n'avait pas donné signe de vie et pour cause : son chanteur et leader Efthimis Karadimas a dû se battre contre son démon de toujours, la dépression. Même si l'artiste n'est pas resté inactif sur le plan musical, le groupe de dark gothic grec, (un peu death/doom sur les bords) est resté quelque peu en veille pendant ces (trop) nombreuses années. Mais NIGHTFALL revient avec un line-up remanié et c'est donc avec Mike Galiatsos et Kostas Kyriakopoulos aux guitares et Fotis Benardo à la batterie qu'ils comptent bien sortir de leur torpeur à grands coups d'éclat. Leur récente signature chez Season Of Mist en est d'ailleurs de bon augure. Alors que vaut cet intrigant dixième album « At Night We Prey » ?
Tout d'abord, on ne peut qu'être frappé par la pochette fantasma-gore-ique d'un bleu nuit orné de lettres rouge sang. Les démons de la nuit sont bien présents et laissent présager de la détresse émanant de l'album.
Et c'est le cas : les 10 titres ne sont que pur exutoire à tout le mal-être et l'insanité liés à la dépression. De la musique aux paroles, de l'atmosphère aux rythmes, l'album entier transpire l'obscurité de l'âme en peine. De l'intro au piano funeste "She Loved The Twilight" à l'hyper oppressant "Wolves In Thy Head", chacun des morceaux de « At Night We Prey » crache une violence infinie. Entre de très beaux passages mélodiques sur "Killing Moon" ou une agressivité non contenue sur "Darkness Forever", sa basse omniprésente et ses rythmes blastés, le contraste est total mais le mélange est de qualité. Là où le mid-tempo de "Witches" prend aux tripes, les incantations hurlées de "Giants Of Anger" en appellent au salut d'un esprit errant. Le sublime "Meteor Gods" et ses chœurs éthérés féminins enrobés de guitare arpégée en guise d'intro renoue ensuite avec un dark/black metal tout en splendeur où les soli s'envolent comme une libération salvatrice. Au contraire,"Martyrs Of The Cult Of The Dead" est beaucoup plus gothique et rythmé, alors qu' "At Night We Prey" met en avant une atmosphère doom et sombre.
NIGHTFALL est bel et bien de retour avec toutes les qualités qu'on lui connaît et « At Night We Prey » est vraisemblablement l'album de la renaissance pour un groupe qui a su marquer de son empreinte le paysage gothique/dark/doom grec. Pourvu que les vieux démons d'Efthimis Karadimas continuent à l'inspirer et non à le détruire car sa créativité n'en est qu’exacerbée.