A la réception du quatrième album des Australiens THE AMENTA, quintet de Sydney qui prend un malin plaisir à infuser son death metal dans un bouillon indus' et electro bourré de dissonances et de blast beats, je n’ai pu m’empêcher d’esquisser un large sourire. Ayant découvert le groupe avec son prédécesseur, « Flesh Is Heir », un maelstrom sonore nourri de distortions qui ravageait tout sur son passage, il était logique de prendre une fois de plus une déculottée en bonne et due forme. Et bien c’est le cas, même si le groupe nuance désormais son propos avec des parties bien plus accessibles comme pour aérer le tout et laisser quelques moments de répit à l’auditeur ("Sere Money" ou "Twined Towers" en sont de bons exemples).
Drones et bidouillages mènent toujours le bal rassurez-vous, accompagnés de cette batterie tribale qui semble émerger du néant et épaulée par des raclements de gorge démoniaques. Les poumons sifflent, les rythmiques enflent, THE AMENTA célèbre un cyber sabbat en bonne et due forme avec "An Epoch Ellipsis" et son escalade de saturation qui laisse le souffle court et la gorge serrée. "Silent Twin" embarque lui dans des terres brumeuses, où une lumière blafarde tente de se frayer un chemin. Calme en apparence, ce morceau révèle une tension presque palpable alors que "Psoriastasis" n'en demande pas plus pour larder les esgourdes de ses notes désincarnées, déclamations sourdes et inaudibles qui donnent une dimension industrielle, presque mécanique à ce moment de bravoure. Mais c’est sans compter l’enchaînement infernal "Parasight Lost" / "Wanderlost" qui s'extirpe des limbes, avec sa structure qui pioche son inspiration dans un drone énigmatique avant de laisser la place à un metal déstructuré qui déboule pour terminer dans les eaux marécageuses d'un interlude énigmatique. Une expérience intense et troublante. "Parse Over" termine le boulot comme Victor le nettoyeur : sans traces et avec classe.
Sans le moindre doute, « Revelator » est un kaléidoscope de sensations fascinant, dont la mise en images réalisé par Metastazis illustre à merveille la noirceur et l’ambivalence. Aucun doute n'est aussi permis sur la clarté de la production, ciselée avec minutie par Erik Miehls dans son antre des nOn Studios. Un travail d'orfèvre qui met parfaitement en relief chaque détail de cette expérience auditive troublante. Plus accessible et homogène que son prédécesseur, certes, "Revelator" n'en reste pas moins une oeuvre délicate à assimiler. Dont acte.