21 mars 2021, 19:25

BLACK FARM RECORDS

Un label un peu... Stone.

Parmi les obsessions musicales, le doom. Forcément, avons-nous envie de dire, lorsqu’on est un fan invétéré de BLACK SABBATH depuis des temps immémoriaux et un fin connaisseur de la nébuleuse stoner. Alors oui, bien sûr, une fois les grosses références apprivoisées, la marche à suivre est inéluctablement de venir découvrir une nouvelle strate de groupes certes secondaires mais néanmoins incontournables, grâce à des recommandations de tiers (amis, journalistes, livres, blogs, playlists, weed, etc) qui feront autorité en la matière.

Et au delà de cette quête qui vous fait rentrer sérieusement dans un univers aux multiples ramifications, c’est la curiosité et le hasard des explorations qui vous mènent vers des Graals de prime abord insoupçonnables.
Théorie, et donc exemple. En collectionnant BLACK SABBATH depuis l’adolescence, on puise dans le terreau doom d’innombrables souches voisines et consanguines, et l’on en emprunte mille chemins – l’un des plus jouissifs d’entre eux s’appelle ELECTRIC WIZARD, et le besoin irrépressible d’aller plus loin dans le délire satanico-hard-drugs-érotisme cheap aboutit aux antipodes, en Argentine, jusqu’à MEPHISTOFELES

Forcément obscur et confidentiel, le power-trio sulfureux et de très mauvais goût a déjà ses adeptes : c’est donc en voulant tout récupérer de manière compulsive que l’on se frotte à un tout nouveau label, jusqu’alors inconnu de notre radar. Chanceux, on récupère la dernière copie physique du premier album « Whore », exclusivement pressé par Black Farm Records pour sa sortie physique (après les éditions cassette et CDR do it yourself locales) – et donc made in France. Car oui, Black Farm Records est une petite structure ultra pointue et nationale, qui furète à droite à gauche pour dénicher des choses incroyables. Et que dire de la qualité : les pressages sont magnifiques, épais, solides, splendides, et infiniment plus convaincants que les rééditions bâclées de certaines majors qui réexploitent le vinyle comme on sortait n’importe comment du CD au milieu des années 80 dans des collections bas de gamme. L’histoire se répète, la trahison des back-catalogues aussi.

Sauf qu’à défaut de vous faire un cours de vieux con sur la gageure de faire confiance aux petits artisans et non aux grandes corporations, ici on vient juste mettre un coup de projo sur ce français passionné qui joue les explorateurs chevronnés, que dis-je les spéléologues casse-cous, afin de vous dénicher des productions aussi jouissives qu’intègres et exotiques.

Outre MEPHISTOFELES que l’on s’enorgueillit désormais de faire découvrir à ses petits camarades en leur promettant, un brin crâneur, le next big thing underground le plus, euh, méphistophélique et diabolique qui soit, eh bien Black Farm Records a déjà à son catalogue une vingtaine de titres, passés, présents et à venir, qui ravissent les amateurs chevronnés aux quatre coins du monde. Parmi eux, du stoner psyché, de l’occult-rock, du doom traditionnel, épique  ou complètement intégriste et vintage : en provenance des US (FOG CULT), du Brésil (PESTA), d’Angleterre (DOPE SMOKER), ou encore d’Australie (HYPERGIANT, LUCIFUNGUS, ASTRODEATH, MAMMON’S THRONE), les productions Black Farm Records attisent les appétits des fans les plus exigeants en la matière, tels qu’en témoignent les signatures des Russes GRAVE DISGRACE avec leur album « Rest In Peace », et surtout du dernier EARTHBONG, du pur doom germanique dans la veine hypnotique et massive du « Dopesmoker » de SLEEP, avec une tendance plus sludge, l’un des hauts faits d’arme du catalogue. Tu vois le topo ? Tu aimes la mélasse, la lourdeur et l’irrévérence ? Tu aimeras Black Farm Records.
 


 

Et le printemps qui arrive nous promet son lot de nouveautés : toujours exclusivement disponible en vinyle, le label annonce la sortie le 26 mars de « Oath To Flame », un EP 10 pouces de POTION, un power-trio de stoner doom australien, dans une veine ELECTRIC WIZARD psyché et poisseuse justement, soit un titre lysergique par face, le temps de tenir en apnée la tête scotchée dans l’embouchure de ton bong. Cette nouvelle salve fait en effet suite à une première collection parue ici en 2019, « My Blade Enslaved », une compilation des deux premiers EP autoproduits du groupe (« Seven Sorcerers » et « Women Of The Wand »). 

Pour les amateurs de PENTAGRAM, de SAINT VITUS et de tout le cortège des groupes proto-stoner des années 70 dans le sillage de SABBATH, la maison accueille HEKATE, le nouveau projet de Marcus De Pasquale, chanteur de WITCHSKULL, également australien : ça sort en juin, nom de code « Sermons To The Black Owl ».

Et ce n’est pas terminé, d’autres surprises sont annoncées d’ici la fin de l’année.

Facebook : Blackfarmrec
Store : Blackfarmrecords.com

Bien sûr Black Farm Records n’est que l’un des très nombreux labels qui nourrissent passionnément une scène underground florissante et même vertigineuse : il y en a d’autres et les insatiables peuvent continuer à tirer le fil d’Ariane via Bandcamp et les sites spécialisés – mais l’on doit saluer le caractère exceptionnel et strictement qualitatif de cet activiste nordique qui confectionne amoureusement ses sorties dans la suie et la crasse pour en révéler des diamants de 180 grammes.

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
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