17 avril 2021, 11:00

EISBRECHER

"Liebe Macht Monster"

Album : Liebe Macht Monster

Je me dis depuis un an qu’il faut tirer le meilleur de chaque confinement. Bon ok, si on parle de millésime, vu la gueule du covidalypse on est sur du cépage de vieux pape, mais bon... et si on en profitait pour apprendre de nouvelles langues ? Voici que le Chef m’envoie le nouveau EISBRECHER, « Liebe Macht Monster ». Je me dis qu’un séjour forcé à la maison est l’occasion idéale pour parfaire mon teuton. Si vous avez suivi les épisodes précédents sur la neue deutsche härte, la dance metal à la sauce allemande, vous savez que EISBRECHER a toujours les compositions idéales pour vous enseigner la langue de Goethe tout en vous faisant gigoter les tignasses. Alors venez écouter avec moi ce nouveau skeud...

"Es Lohnt Sich Nicht Ein Mensch Zu Sein". Punaise, il m’a fallu 10 minutes pour écrire le premier titre... peu importe, on est sur du riff qui porte. Bien gras, lourd, avec une batterie machinale, des synthés de cyborg, et une grosse voix pleine de goudron. Le romantisme à l’allemande comme je disais plus haut. Le résultat ? Groovy et top jouissance. "FAKK", un cran plus énervé et martial. EISBRECHER est là pour nous rappeler que si on connaît tous RAMMSTEIN, le groupe berlinois est loin d’être un orphelin en matière de metal indus exceptionnel. Si seulement les fans connaissaient les dizaines d’autres groupe du genre... Cet album s’annonce bien plus dur que le précédent « Sturmfarht » (2017). Avec des breaks synt-metal bienvenus pour laisser le metal chaud et liquide couler sur nos corps en transe. Hop tous sur les dance-floor avec "Nein Danke", un titre plus facile à traduire que les précédents. God sagt danke (Dieu merci !).

L’âme romantique allemande ne flirtant jamais très loin de la Grèce moderne, "Im Gutten Bosen" a une façon contemporaine de nous parler. Oui c’est très eighties ce synthé entêtant. En allemand ca se dit évidemment... MODERN TALKING. Avec ce refrain on fait des "Sweet Dreams". Avec "Frommer Mann", en duo avec l’inénarrable Dero de OOMPH! c’est en pleine révolution indus nineties que nous sommes plongés.
Bizarrement "Liebe Macht Monster" est le titre le plus convenu et le moins mémorable, hormis son leitmotiv electro-metal qui rappelle les boîtes de nuits underground d’un autre âge. Un titre qui reste parfait pour danser tout en se vidant la tête.

"Systemsprenger". Top Groovy ce rythme à la Rob Zombie ! Basse profonde et riffs huileux de machines, idéal pour se déhancher dans sa tenue goth tout en faisant voler ses dreadlocks. J'adore ! "Wer Bin Ich" ? oui n’oublions pas que nous sommes aussi là pour apprendre la langue des cousins germains tout en dansant. "Qui suis-je ?" donc. Allemagne, patrie de la langue barbare, est également celle de la philosophie. Kant (j’ai trop bu aussi) n’est jamais loin, avec cette batterie martelée et ses g-riffs-efs existentiels... "Kontrollverlust". Perte de contrôle. Ca s’accélère, une frappe bien puissante et rapide, un riff militaire. EISBRECHER nous rappelle l’efficacité de son style, un metal roboynoptique. Un metalarme ! "Leiserdrehen". L’efficacité toujours au rendez-vous. "High Society". Retour sur les dance-floor electro-metal. De la came 2.0 assurément. On finit sur "Es Lebe Der Tode". Aimons-nous tant la mort pour la chanter ? Je crois qu’à l’écoute de cet album nous aimons surtout les riffs étalés sur de la tôle ondulée et martelée. Un sentiment d’être vivant avant toute autre chose.

EISBRECHER nous fait plaisir avec son « Liebe Macht Monster ». Avons-nous progressé en langue étrangère ? Je l’ignore. Nous avons cependant bien transpiré sur les scènes obscures du metal indus. Gott es war gut. Dieu que c’était bon !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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