21 avril 2021, 2:16

LYNYRD SKYNYRD

"Live At Knebworth '76"

Album : Live At Knebworth '76

S'il y a bien un concert de LYNYRD SKYNYRD inscrit dans les performances cultes du groupe sudiste, à égalité avec les trois dates au Fox Theater d'Atlanta la même année qui donnèrent l'album live "One More From The Road", c'est bien Knebworth en Angleterre. Pas parce que c'est le meilleur, loin s'en faut, mais parce qu'une multitude d'événements le rendent légendaire.
Commençons par le plus connu : il se raconte que LYNYRD SKYNYRD vole la vedette ce jour-là à la tête d'affiche, les ROLLING STONES. Le fait que Ronnie Van Zant ne respecte pas les consignes et somme ses trois guitaristes de finir "Free Bird" sur l'avancée de scène montée en forme de langue stonienne a longtemps contribué à entretenir le mythe.
Crime de lèche-majesté ! 
Une chose est sûre, LYNYRD SKYNYRD est là pour faire un coup, quel qu'il soit : son premier festival européen de sa carrière, une date isolée en cet été 1976 sur le vieux continent, doit lui permettre de devenir, à court terme, un groupe de tête d'affiche dans les grosses salles du monde entier et pas uniquement dans les stades américains.

Pendant des années, le final marathonien de Knebworth a été le seul extrait diffusé à la télévision. Alors en Angleterre, je me souviens très bien avoir veillé tard, au début des années 80, pour attraper ce document totalement inédit sur la BBC. Incroyable vision des Honkettes, les trois choristes, déchaînées, d'un Wilkeson trop court en jack pour s'avancer devant le public avec ses camarades, de la jeune recrue Steve Gaines au jeu incroyable, d'un groupe baignant dans un coucher de soleil, assénant son solo sans fin à un public subjugué, rôti par la chaleur… et un peu défoncé aussi. 
150 000 à 300 000 personnes, selon les organisateurs ou selon la police, les chiffres diffèrent, mais à ce niveau-là, on ne compte plus.

Voler la vedette aux STONES ? C'est bien possible : 10CC qui joue ensuite évoquera des problèmes techniques pour démarrer avec 1h30 de retard - histoire de ne pas se prendre une déculottée ? - et les STONES mettront 1h de plus pour enchaîner derrière. Aujourd'hui encore, on pense d'abord à SKYNYRD en parlant de cette édition de Knebworth comme s'il en avait été le headliner. Il n'existait que trois posters de SKYNYRD en circulation à la fin des années 70 et je peux vous garantir que celui de ce festival, avec son dôme rouge, avait sa place de choix sur mes murs d'adolescent.
Je ne devais pas être le seul.

Il y a 25 ans, LYNYRD SKYNYRD a sorti un documentaire intitulé "Freebird… The Movie" qui dévoilait une partie de Knebworth pour la première fois, accompagné d'un CD comportant 6 titres de sa prestation.
Je ne me souviens plus si j'ai chroniqué l'album à ce moment-là, mais je me rappelle avoir été particulièrement gêné à son écoute, au point de ne plus y revenir depuis. 
J'hésite à vous partager mon désarroi, car j'espérais que sur cette édition du show complet, ingénieur du son et producteurs y auraient remédié. Malheureusement non et peut-être parce qu'ils ne pouvaient pas. Durant la plus grande partie du concert, des vagues incessantes et fluctuantes de public sont mixées avec la musique. Ce qui pourrait ressembler à un parti-pris, devient au bout de quelques minutes agaçant et ridicule. Pourquoi ridicule ? Parce qu'à moins qu'une femme ait été prise de spasmes hurleurs pendant plus d'une heure à côté des micros avec une constance étonnante, ça ressemble davantage à une boucle sonore ré-injectée dans le mix a postériori et avec très peu de délicatesse. 
Ou un plaisantin qui aurait initié un nouveau cri de Wilhelm… Je regrette un peu de vous l'avoir dit car maintenant, comme moi, vous n'entendrez plus que ça.
Au détriment de la performance de Gaines, par exemple, qui redonne un coup de fouet au duo Collins/Rossington qui avait prouvé ses limites en concert, ou du titre inédit jamais enregistré à l'époque en studio, "Travelin' Man". 

Pour autant, la sortie de ce "Live At Knebworth '76" (à la pochette digne d'un bootleg avec un logo non officiel, qui aurait dû reprendre plutôt la sublime photo du 45 tours "Down South Jukin'", Van Zant poing levé face au public du festival, entouré de Collins et Rossington) est un achat indispensable et pas uniquement pour le fan et le collectionneur compulsif. 
Le documentaire "If I Leave Here Tomorrow - A Film About Lynyrd Skynyrd" complète le disque. Réalisé par Stephen Kijak avec l'entière contribution des membres du groupe et de la famille, ce film est sans doute l'un des meilleurs consacrés à un groupe américain de cette époque (on pense aussi au "History of The Eagles"), retraçant les débuts avec des témoignages et des archives inédites et couvrant exhaustivement une très courte carrière discographique (1973-1977) pour sa première période avant l'accident d'avion qui sera fatal à trois de ses membres. Sorti il y a trois ans, il foisonne de documents, de témoignages, n'élude pas les excès sur la route et encore moins tout ce qui fait de ce groupe un danger sur terre et une malédiction dans les airs.
Les années 70 décomplexées, les tournées marathon, les bastons, les dérives, on est plus de dix ans avant que MÖTLEY CRÜE et GUNS N' ROSES soient certifiés groupes de rock les plus dangereux de tous les temps… 
Certains avaient balisé le terrain bien avant. 
Il y a quelques mois, particulièrement effaré par la pathétique fiction "Street Survivors: The True Story Of The Lynyrd Skynyrd Plane Crash" cautionnée par le batteur Artimus Pyle, j'avais commencé à écrire une chronique que je me suis ravisé de publier tellement elle était accablante sur le fond comme sur la forme. 
Ne perdez pas de temps et privilégiez "If I Leave Here Tomorrow - A Film About Lynyrd Skynyrd", inclus dans "Live At Knebworth '76" : il se pose comme le documentaire de référence et probablement définitif sur cette carrière, épopée dramatique et tumultueuse d'une petite bande de collégiens teigneux aux cheveux longs de Jacksonville, Florida devenue en quelques années à peine l'un des plus gros groupes de rock américain des seventies.

Blogger : Christian Lamet
Au sujet de l'auteur
Christian Lamet
Christian Lamet est réalisateur, journaliste et producteur pour la télévision et le multimédia...entre autre. Fondateur en 1985 du magazine HARD FORCE, il en a été le rédacteur en chef durant ses quinze années de parution en kiosques. Depuis, l'aventure HARD FORCE a repris en 2008 sur le web, devenant ainsi le plus ancien média metal en France toujours en activité encore mené par son fondateur. Christian est également producteur et réalisateur de l'émission METALXS et créateur du media digital HEAVY1 en partenariat avec LIVE NATION FRANCE.
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