Voici un nouveau groupe français de post-black metal. Enfin, nouveau, pas tant que ça, puisque HELL GATE existe depuis 2012 et a déjà sorti deux EP, dans un genre plutôt black/death. C'est en 2018 que le quartet lorrain prend une tournure résolument post-black. Il nous présente ce début mai son premier album, travaillé et inspiré à souhait. Alors que nous réservent les neuf titres de « Par-delà l'Existence » ? Voyons cela ensemble.
Cela commence par une pochette à la fois gore et mystérieuse où le squelette ensanglanté, enchaîné, tenant ses organes dans ses mains, sur fond gris lacéré, semble nous accueillir dans son monde infernal. Puis à la découverte du premier titre "Lumière", il semble que l'horizon s'éclaircisse. Mais dès les premières notes de cet instrumental bien ficelé, on s'aperçoit vite que l'univers de HELL GATE est en fait paré d'obscurité. En effet, entre guitares dissonantes, riffs lourds, basse omniprésente et batterie rythmée imposante, le groupe nous plonge d'entrée dans une ambiance morose et funeste. "Ombre" suit la même veine avec en plus, des growls profonds en français.
L'atmosphère est pesante et on découvre la facette black metal de l'album."Pluie de Cendres Pt. 1" est quant à lui beaucoup plus post-black avec une longue intro puis des vocaux hurlés sur riffs transcendants et rythme mid-tempo. Une descente aux enfers tout en douceur. "Esprit Vide" et sa voix susurrée sur fond de quelques notes de guitares est divinement efficace, hypnotique. Du pur post-black presque chamanique. Les presque 10 minutes de "Larmes" qui suivent feront refaire surface à un black metal bien bourrin, sans concession où les growls sont à nouveau de mise. Le morceau oscille ensuite entre blast beats, passages mélodiques, plus soft, complaintes et voix hurlée. Une réelle pierre angulaire à « Par-delà l'Existence ». "Pluie de Cendres Pt. 2" semble être le côté agressif de sa première partie, une suite beaucoup plus écorchée mais tout aussi enivrante avec une basse mise en avant et des riffs tranchants. Les deux dernières minutes sont empruntes d'une émotion grandissante et saisissante : superbe.
"Danse dans le Vent" propose à nouveau presque 10 minutes d'un post-black emmené par des effets sonores, une guitare claire et une voix parlée murmurée. Puis tout en progressivité, les rythmes se font rapides, la guitare hurlante et les cris torturés. Dans une alternance de passages lourds et atmosphériques et de moments bruts et blastés, le titre montre toute la puissance et la diversité dont est capable HELL GATE. "D'Eau et de Sang" fait à nouveau la part belle à la basse et aux guitares dissonantes, aux fûts martelés et aux ambiances agressives. Les chœurs masculins donnent de la profondeur au morceau. Enfin, "Crépuscule" termine l'album comme il a été commencé : tout en nuances et en atmosphères. En mêlant tous les éléments de post-black évoqués auparavant, c'est le titre phare de « Par-delà l'Existence ». A mon sens, un concentré représentatif de HELL GATE, à la fois envoûtant et saisissant.
Pour ce premier album, il semble que HELL GATE a laissé parler sa créativité afin de proposer un album de qualité et qui mérite une attention toute particulière. « Par-delà l'Existence » , bien qu'il s'agisse d'une autoproduction, bénéficie en plus d'un son tout à fait honorable qui vient parfaire la richesse de la musique proposée par le groupe. A découvrir sans tarder.