23 juin 2021, 18:24

BEARTOOTH

"Below"

Album : Below

Il est de ces groupes qui ont l’art de nous faire oublier le poids des années. C’est le cas de BEARTOOTH, qui, avec son metalcore hyper énergique et ses refrains post-hardcore, me donne l’illusion d’avoir 14 ans. (Attention, le premier qui donne mon âge véritable, je l’étripe ! En toute amitié, bien sûr.) Et ce « Below », quatrième album du groupe du multi-instrumentiste Caleb Shomo (qui s’occupe d’enregistrer tous les instruments et les voix en studio, alors que le reste du groupe l’accompagne pour les tournées), ne fait pas exception à la règle. Et c’est plus fort que moi, je me transforme instantanément en adolescente bondissante avec un besoin irrépressible de brûler son énergie débordante.

Plus foncièrement brut de décoffrage, et bien plus sombre aussi, que le précédent album studio, « Disease » en 2018, BEARTOOTH nous gratifie ici d’une dose de violence fort appréciable. Avec des influences plus metal que d’habitude, toutes guitares en avant ("Devastation", "Dominate", "Hell Of It", "Phantom Pain"), le groupe prouve qu’il en a sous la pédale, et qu’il n’est pas (seulement) un phénomène de mode pour ados boutonneux et minettes pré-pubères. A plusieurs reprises, on se prend des déflagrations bien violentes dans la gueule, flirtant avec le thrash, le heavy, voire le black metal, avec l’apport de blast-beats à la batterie ("Dominate"). Mais cependant,  il n’en oublie pas les refrains accrocheurs qui sont l’essence même de la musique du groupe, et les « Woohoo »  et autres « Ohohoh » qui vont avec, comme sur "The Past Is Dead" et sa ligne de chant à reprendre à tue-tête (« I can't accept that the past is dead »), "Fed Up", la géniale "Skin", carrément pop avec sa mélodie rafraîchissante, "I Won’t Give It Up" ou bien "The Answer".

Luttant depuis des années contre ses fantômes et ses problèmes de santé mentale, Caleb Shomo a trouvé en BEARTOOTH l’exutoire idéal pour évacuer son agressivité et faire face à ses tensions qui le torturent. S’étant récemment exprimé au sujet du suicide, Caleb Shomo a rapidement compris l’importance de communiquer ses émotions, qu’elles soient positives ou négatives. « La réalité est que c’est une chose tellement difficile à dire parce que c’est tellement inconfortable et que ce n’est pas une chose habituelle à évoquer. Vraiment, c’est la stigmatisation qui est le problème (avec le suicide), que tout le monde pense que vous êtes foutu si vous vous sentez comme ça, et je suis passé par là. C'est une chose tellement difficile à dire (…)C’est une situation épouvantable. Mais plus les gens sont ouverts, moins les gens prendront des mesures négatives dans leur vie et pourront continuer à essayer de trouver la paix. »

Effectivement plus sombre que « Disease », « Below » n’en demeure pas moins dans la lignée des deux premiers albums, « Disgusting » et « Aggressive », de par la construction de ces morceaux et le ton rageur qui en découle, avec un chant crié toutefois mieux maîtrisé, une voix claire toujours très mélodique, mais une influence plus heavy. En témoigne la dernière piste de l’album, "The Last Riff", un instrumental qui porte bien son titre, tant les guitares se font lourdes et le rythme lancinant. Un excellent morceau pour refermer un album sur lequel on ne s’ennuie pas une seconde, qui alterne passages ultra-directs, agressifs et rageurs, et mélodies imparables, immédiatement mémorisables. Des chansons qui donnent envie de bondir comme un lapin dans la fosse d’un concert survolté, lors duquel le frontman sera assisté de Zach Huston (guitare), le petit nouveau, Will Deely (guitare rythmique), Oshie Bichar (basse) et Connor Denis (batterie). Un peu de patience, cela ne saurait tarder.

En attendant le moment où l’on pourra retourner dans ces salles désespérément vides, (la libération, voire la délivrance pour certains !), on peut toujours se passer « Below » en boucle, pousser les meubles du salon et pogoter au milieu des vases, lampes et autres bibelots des parents. Et tant pis si à force de faire du tapage, les voisins viennent à se plaindre. C’est trop bon d’avoir 14 ans !!!

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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