26 mai 2021, 19:00

"Nöthin' But A Good Time - The Uncensored History Of The '80s Hard Rock Explosion"

La bible du Hair Metal

Grand amateur de biögraphies et d’autöbiögraphies de musiciens de hard rock, de heavy metal, et particulièrement fan de la période hard rock US des années 1980, ou encore glam-metal, appelée (péjorativement par certains) hair-metal (moi, j’aime bien), je ne pouvais pas passer à côté de la Bible que je viens de lire. Inspiré d’une chanson du second album de POISON pour son titre, Nöthin’ But A Good Time est un vrai bonheur à lire. Une mine d’informations sur ce genre musical plein de cuir, de conchos, de spandex, de laque, de sexe, d'anecdotes et de petits secrets backstage. Tout ce que l’on aime, quoi !

Le style d’écriture est vraiment original. Les auteurs, Tom Beaujour et Richard Bienstock, journalistes musicaux, l’ont rédigé à travers des centaines d'entretiens avec des grands noms du style, des membres de POISON, MÖTLEY CRÜE, GUNS N' ROSES, Ozzy Osbourne, RATT, QUIET RIOT, TWISTED SISTER... mais aussi de WHITE LION, DOKKEN, WARRANT, L.A. GUNS, FASTER PUSSYCAT, KIX, CINDERELLA, SKID ROW, BRITNY FOX ou WINGER, entre autres. Ils ont même interviewé certains groupes qui venaient à peine de commencer à briller avec leur premier album dans le circuit professionnel avant l’implosion du genre (TRIXTER, PRETTY BOY FLOYD, DANGER DANGER, TUFF, NELSON...) au début des années 1990. Des agents de célèbres maisons de disques, des stylistes, des managers, des producteurs comme Beau Hill ou encore Michael Wagener, des gens de chez MTV, qui faisait la pluie et le beau temps, témoignent. Le DJ Eddie Trunk ou Riki Rachtman parlent aussi, vous savez, c’est le célèbre VJ de l’émission Headbangers Ball version US et copropriétaire avec Taime Downe, la coqueluche des femmes à la grande époque du hair-metal et chanteur de FASTER PUSSYCAT, du fameux Cathouse, club mythique dont la promotion a essentiellement été faite par les membres de GUNS N’ ROSES.

Avec plus de 500 pages et plus de 70 chapitres ou segments de vie à Los Angeles, mais aussi à New York ou encore à Philadelphie, les auteurs nous gratifient de la version la plus exhaustive de la scène hair-metal. Comme vous vous en doutez, il y a du sexe, de la coke, de l’alcool et beaucoup de rock'n'roll ! Sans rentrer dans les détails, les auteurs évoquent l’explosion de QUIET RIOT et de TWISTED SISTER, les concerts dingues, entre autres de MÖTLEY CRÜE, de W.A.S.P. au début de leur carrière, les concerts des groupes dans les différents clubs du Sunset Strip avec des histoires croustillantes, le "Pay To Play" des groupes de première partie, la guerre des flyers entre groupes (un des musiciens de POISON avait un membre de sa famille qui avait une entreprise de photocopies) ; l’audition de Randy Rhoads devant un Ozzy défoncé, Slash qui devait jouer dans PARIS et qui deviendra POISON ; Dave Sabo qui loupe son audition pour CINDERELLA, Jon Bon Jovi qui aide son ami d’enfance pour SKID ROW, Sebastian Bach et ses histoires délirantes, dont son cours de mégalomanie par le chanteur des GUNS ; VIXEN qui ne gagne pas un rond malgré le succès dans les charts ; la compétition des shredders ; les filles sexy et les strip-teaseuses qui achetaient des fringues et donnaient à manger aux musiciens SDF archi-lookés...

Ozzy disait : « Tous les groupes se ressemblent et ont le même uniforme : un chanteur blond et 3 ou 4 musiciens chevelus bruns ». CC Deville de POISON ajoutait : « Tu sors ton premier titre, il marche un peu. Tu sors le second, encore plus et tu sors une ballade, tu peux t’acheter une maison ». Certains de ces groupes vendaient des millions d’albums et les ventes diminuaient après le second. D’autres avaient du mal à sortir du lot. Les exemples étaient légion... En très peu de temps, entre 1986 et 1991, il y a eu 37 GREAT WHITE, 25 MÖTLEY, 18 FASTER PUSSYCAT, 22 GUNS N’ ROSES, comme disait Jack Russell de GREAT WHITE. Certains sont morts de leurs excès sur cette courte période. Puis NIRVANA, que Scotti Hill de SKID ROW découvre à la radio en repeignant sa cuisine, arrive dans les charts. Personne, même pas sa maison de disques Geffen, la même que GUNS N' ROSES, ne s’attendait à un tel succès. SKID ROW avait proposé sa première partie au groupe qui l’avait refusée. Axl Rose s’embrouille avec son antithèse Kurt Cobain et son groupe qui est le parfait contre-exemple de cette métaphore de vie "larger than life" où tous les excès étaient permis, à des milliers d’années de ce que nous vivons maintenant, comme le souligne Corey Taylor (frontman de SLIPKNOT et STONE SOUR) dans la préface du livre glammy rock'n'roll !

Le grunge terrasse le hair-metal (les groupes de Seattle s’en donnent à cœur joie dans la presse), mais aussi les dizaines de copies carbone de ces groupes chevelus en cuir et en spandex ! Beavis & Butthead, le dessin animé satirique de MTV, défonce aussi ces groupes et Kip Winger devient une cible ideale (même Lars Ulrich lance des fléchettes sur un poster de lui dans la vidéo de "Nothing Else Matters"). Reb Beach, le guitariste et acolyte de Kip, souligne la souffrance du bassiste/chanteur à l’époque. Les années 1990, où les chemises de bûcheron et les Doc Martens sont le nouvel apparat du rocker, verront tous ces groupes de hair-metal jouer devant très peu de public, splitter, changer de look, durcir leur son mais rien n’y fera. Il sera même écrit, dans l'édition US de Rolling Stone, pour le super album éponyme de MÖTLEY CRÜE avec John Corabi : « Un super nouvel album... dommage que ce soit MÖTLEY CRÜE »... Tout est dit ! Dans les années 2000, un vent hair-metal soufflera à nouveau avec une transmission générationnelle des fans de l’époque à leurs enfants. Les groupes se reforment, sortent des albums, tournent dans les clubs, viennent beaucoup plus en Europe pour certains, quelques festivals à la thématique hard US 1980 remportent un sacré succès, tout comme certaines croisières de luxe aux USA... Hair Metal never dies... Rock'n'Roll All Nite, Party Everyday ! Faites-vous plaisir si vous aimez cette période et ce genre musical !

Nöthin’ But A Good Time - The Uncensored History of the ‘80s Hard Rock Explosion de Tom Beaujour et Richard Bienstock - St. Martin's Press

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
Ses autres publications

1 commentaire

User
David Glogovic
le 28 mai 2021 à 15:07
Bjr ce livre va-t-il être traduit en français ?
Merci de vous identifier pour commenter
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK