8 mars 2013, 11:57

HYPOCRISY : Peter Tägtgren

 

 

On le sait, le frontman Peter Tägtgren n'est vraiment pas du genre à s'étendre les doigts de pied en éventail dans un sauna suédois, car que ce soit au sein de PAIN ou derrière la console pour d'autres formations, l'homme à tout faire ne s'arrête jamais, mais c'est à propos de la parution du nouvel album de HYPOCRISY "End Of Disclosure" que nous nous sommes entretenus avec lui il y a quelques semaines

Un disque très attendu des patrons de la scène Death scandinave qui dans les mots du leader marque un retour aux sources dans la carrière de HYPOCRISY, même si on y trouve tout de même quelques nouveaux éléments. Une direction vers laquelle, si l'on déchiffre ses dires, le groupe a bien l'intention de continuer pendant encore un bon moment... Enfin tout ça c'était sans compter la fin du monde ! Oui vous avez bien lu, la fin du monde, donc vous feriez mieux de vous ruer sur cet album à partir du 22 mars avant qu'un astéroïde ne s'écrase sur votre maison, c'est Peter qui l'a dit ! 


Tout d'abord Peter, les fans d'HYPOCRISY dans l'équipe HARD FORCE tiennent à t'exprimer leur joie concernant le retour du groupe sur leur platine... 3 ans et demi, c'est long non ?
C'est long oui... Je dois dire que PAIN prend beaucoup de temps, tout comme mon activité parallèle en tant que producteur. Quand je fais quelque chose, il faut que j'y sois impliqué à 100%, que ce soit avec HYPOCRISY ou un autre projet, il faut faire ça bien si tu vois ce que je veux dire ! Ça a toujours été ma manière de concevoir les choses.

Ce que l'on a toujours apprécié dans la musique d'HYPOCRISY, c'est bien évidemment le côté mélodique d'un Death Metal très scandinave, toujours aussi nuancé comme sur "A Taste Of Extreme Divinity" et bien d'autres albums de la discographie, as-tu voulu en faire encore plus musicalement sur "End Of Disclosure" ?
Le truc c'est qu'avant même de débuter le travail sur ce nouvel album, j'avais déjà une vision très claire de ce que je voulais, de comment est-ce qu'il fallait que ça sonne, et de ce fait le travail a été assez simple en fin de compte. Le processus d'écriture a peut-être pris du temps, mais c'était mon intention de composer très lentement et de manière assez...mathématique.

Mathématique ? 
(Rires) Ouais dans le sens "structuré". L'objectif était de ne pas griller certaines étapes pour arriver à l'objectif que je m'étais fixé, sans quoi je me serais retrouvé avec quelque chose de décevant. Par exemple j'ai dû mettre 14 ou 13 mois pour écrire la première chanson, puis après un break d'un mois dû à une tournée ou une production d'un autre groupe je ne sais plus, j'ai dû en écrire deux ou trois autres. Il ne fallait pas qu'elles soient connectées à la première, c'était l'idée. Je voulais également écrire des riffs très simples et très directs, il fallait qu'on les comprenne après une seule écoute sans avoir besoin de se mettre l'album 60 fois de suite.

Ça t'arrive d'être frustré avec des exigences pareilles ? 
Parfois oui, mais sur cet album tout est arrivé facilement car j'ai vraiment eu le temps de tout planifier, et la réflexion a été très longue. Je savais quel son de grosse caisse je voulais, même chose pour les guitares, les autres instruments... Ça m'a vraiment simplifié la tâche.

Tu as déclaré t'être rendu compte qu'HYPOCRISY avait perdu quelque chose sur ses derniers albums... 
Oui, c'est en partie dû à l'arrivée de Horgh (ndlr : batterie) dans le line-up. Il m'a influencé à écrire d'une manière différente, à écrire des compositions que Lars (ndlr : Szöke - ex batteur) n'aurait jamais pu jouer par exemple. Et c'est ce que nous avons fait sur nos deux albums précédents, c'était très plaisant d'ailleurs, mais à mon sens il était temps de revenir à ce que nous savons faire de mieux, du pur HYPOCRISY.

Et tu ne regrettes pas d'avoir laissé cet aspect de côté sur ces deux albums ? 
Sûrement pas, je ne regrette aucun de mes albums. Écrire un disque c'est comme retranscrire un état d'esprit, comment est-ce que tu te sentais à une période précise de ta vie, que ce soit sur une année entière, un mois, peu importe... Là par exemple avec "End Of Discolure" j'écris juste un nouveau chapitre de la mienne...

La musique de PAIN est on ne peut plus simple et directe, si j'ose dire, comparée à ce que tu fais avec HYPOCRISY, une sorte de Death Metal teinté de Black Metal, de Heavy Metal... C'est résolument ton projet le plus riche musicalement, est-ce qu'on peut dire que c'est aussi celui pour lequel tu prends le plus de plaisir à composer ? 
Hmm pas forcément. Je pense que la musique est amusante par définition, et notamment dans l'écriture, par conséquent le projet pour lequel je travaille n'a pas vraiment d'importance du moment que c'est un challenge, et que je sois motivé pour le relever. Après je dois avouer disposer d'une plus grande marge d'expérimentation avec PAIN...

Je voudrais que nous parlions un peu des textes de l'album, notamment celui du premier single "End Of Disclosure" où tu parles d'un nouvel ordre mondial manipulateur, tu décris presque une dictature en fin de compte ! 
On peut dire que chaque chanson représente un chapitre sur cet album, mais le thème central reste les conspirations, les différentes théories sur notre société, ce genre de choses... Des sujets à propos desquels j'ai lu pas mal de bouquins pendant ces 2 ou 3 dernières années. Chaque chanson a un thème différent, "End Of Disclosure" est une réflexion sur le fait que les gouvernements du monde entier sont en train d'investir des sommes d'argent énormes pour forer des trous un peu partout dans le sol afin d'y construire de véritables villages sous terrains géants... Et qu'ils ne nous en parlent pas ! Sans parler de l’astéroïde de la semaine dernière qui s'est écrasé en Russie, pourquoi ne nous ont-ils pas dit que ça allait se produire ? On peut se demander si ce n'est pas le début de quelque chose de plus grand, et si ces villes ne vont pas en réalité servir à abriter les gens les plus riches pour qu'ils s'y cachent tandis que le monde mourra pendant 3 ans...

Mais où as-tu lu tout ça ? C'est fou ce que tu me racontes là... 
C'est partout ! C'est un peu comme les abris antiatomique que nous trouvons aujourd'hui, mais en beaucoup plus grand de façon à pouvoir y survivre pendant 20 ans ou quelque chose comme ça...

Et ça va se passer selon toi ? 
Je ne sais pas, peut-être qu'ils ont vu quelque chose il y a 50 ans qui est en train de s'approcher de la terre sans qu'ils ne puissent y faire grande chose... Et que c'est le moment de passer sous terre, mais que malheureusement tout le monde ne peut pas passer dans ces bunkers donc seules les personnes les plus fortunées y auront accès...

En attendant tu creuses quelque chose dans ton jardin ? 
(Rires) Non !

 

 

On a l'impression que tu as délicatement choisi un timbre de voix différent pour chaque texte, comme sur l'excellent "44 Double Zero" ? Il est limite Thrash ce morceau non ?
Ouais ! Je pense que c'est nécessaire de varier les tons sur un album entier, sinon je trouve ça vraiment ennuyeux. J'avais également besoin de développer mes growls, leur donner un aspect un petit peu plus agressif... Lors de l'enregistrement j'ai essayé plusieurs styles de chant sur chaque chanson, et ce n'est qu'après que j'ai fais une sélection en choisissant celui qui me paraissait le plus approprié.

Tu me parles d'expérimentations mais aussi de retour aux sources, "End Of Disclosure" est-il en quelque sorte un savant mélange des racines et de la personnalité de HYPOCRISY avec l'ajout de nouvelles sonorités ?
Ouais, je ne sais pas de combien de nouveaux éléments est-ce que nous pouvons parler, mais je dirais plutôt qu'il s'agit simplement de nouvelles chansons développées dans une veine de pur HYPOCRISY. Ce qui était mon intention initiale, créer et non réinventer la roue si tu vois ce que je veux dire, car ça a déjà été fait, il fallait juste l'améliorer.

Mikael et Reidar sont encore à tes côtés, as-tu une idée du second guitariste qui vous accompagnera sur la route ?
Oui nous gardons Tomas Elofsson pour la tournée, mais pour ce qui est du studio nous restons à trois...

C'est plus simple ainsi ? 
Oh oui, moins de gens qui se tapent dessus ! (Rires)

Et plus de bières ! 
Plus de bières...

Tu as une idée du nombre de chansons que vous choisirez sur la tournée, issues de "End Of Disclosure" ?
Pour te dire la vérité nous n'y avons pas encore pensé, mais je crois que nous allons peut-être en jouer 4 ou 5... Et nous allons également changer le reste du set, peut-être bien inclure des chansons qui n'ont jamais été jouées en live !

Après quelques dates en Europe dont St Etienne et Paris pour la France, vous serez en juin au Hellfest, sur une scène qui se nomme l'Altar avec entre autres ARCH ENEMY et AT THE GATES, ça y est la Suède nous envahit ? 
(Rires) Ouais ! Ça va être la fête ça c'est sûr !

Vous vous connaissez bien ? 
Pas personnellement non, mais oui on se connait de vue. De toute manière c'est toujours fun d'aller au Hellfest ! Même si ils sont un petit peu radins sur la bière... Je crois qu'on va devoir en amener un camion entier avec nous... (Éclat de rire)

 

 

Il y a une chose que j'ai remarqué, c'est sûrement dû à mes goûts musicaux mais moi personnellement, ayant bientôt 20 ans, quand j'entends ton nom je pense tout de suite à PAIN qui était très présent dans mon éducation musicale, tandis que pour des personnes plus âgées c'est plutôt HYPOCRISY qui vient en tête en premier. As-tu ce sentiment de couvrir plusieurs générations ? 
C'est vrai que lors d'un concert de PAIN le public est vraiment de tous les âges, de 16 à... 65 ans parfois ! Des gens du Metal, du Rock, des gothiques, des personnes normales qui à première vue n'ont pas l'air plus que ça dans la musique... Et surtout un max de filles ! C'est parfait quoi ! (Rires)

Tu préfères peut-être ça au public d'HYPOCRISY non ? (Rires)
Il y a beaucoup plus de choses à mater oui ! (Rires) Mais j'aime aussi beaucoup jouer avec HYPOCRISY...

22 ans de carrière pour HYPOCRISY maintenant... 
Ouais, ça a commencé en 1991... Plus d'années de carrière que tu n'as eu de vie, tu vois à quel point je suis vieux ? (Rires)

Et tu ne t'arrêtes jamais, ton état d'esprit est-il différent quand tu enregistres pour d'autres projets ou d'autres groupes ? La concentration est-elle la même ?
En quelque sorte oui, c'est la raison pour laquelle je travaille avec un seul groupe à la fois. PAIN est en pause pour l'instant, nous avons sorti un nouveau DVD, la tournée est terminée... Maintenant il va falloir penser au prochain album alors que le nouvel HYPOCRISY va sortir, c'est le timing parfait !

Bon j'avais d'autres questions pour clôturer l'interview mais j'étais en train de lire ça avant que tu appelles, tu as vu ce qui est en train de se passer chez SLAYER ? Dave Lombardo qui ne fait plus partie du groupe ? 
Mais oui c'est quoi ce bordel ? C'est le truc le plus fou que je n'ai jamais lu ! Ça m'attriste, vraiment... Je ne sais vraiment pas quoi te dire pour l'instant car je n'en sais pas assez, je l'ai vu en même temps que toi ! C'est très bizarre en tous cas !

Affaire à suivre ! Merci Peter et... Les fans Français te donnent rendez-vous sur la route ? 
Ouais merci pour votre soutien en masse, j'espère voir tout le monde en concert et que vous allez aimer le nouvel album !

Allez salut, bon si je te croise au Hellfest je te filerai quelques bières pour pallier à votre pénurie... 
Parfait ! (Rires) Merci, salut !

L'album "End of Disclosure" de HYPOCRISY sortira le 22 mars chez Nuclear Blast Records.

01 - End of Disclosure
02 - Tales Of Thy Spineless
03 - The Eye
04 - United We Fall
05 - 44 Double Zero
06 - Hell Is Where I Stay
07 - Soldier Of Fortune
08 - When Death Calls
09 - The Return

HYPOCRISY se produira le 1er avril au Trabendo à Paris, le 4 au Fil à St Etienne ainsi qu'au Hellfest 2013 !

 

Blogger : Hugo Tessier
Au sujet de l'auteur
Hugo Tessier
Décidemment né trop tard, Hugo Tessier cultive sa passion pour le rock depuis son plus jeune âge. Avec U2 et THE POLICE dans le biberon, son cœur penchera finalement pour le hard rock des eighties qui à son tour lui fera découvrir de nouveaux horizons musicaux. Tantôt étudiant, musicien puis vendeur dans les festivals rockabilly, en septembre 2011 HARD FORCE le convainc de commencer à explorer les concerts de la région nantaise à peine avait-il déballé son unique carton dans sa chambre universitaire.
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