Avec son premier album "Power & Volume" à paraître le 22 février prochain, le groupe suédois FREE FALL fait partie de nos coups de coeur de ce début d'année. Formé à l'initiative du guitariste Mattias Bärjed, plus connu pour avoir joué avec le groupe THE SOUNDTRACK OF OUR LIVES, la musique de FREE FALL se nourrit de la crème de la crème du rock des années 60 et 70. Ce n'était pourtant pas ce que l'on attendait le plus du vocaliste Kim Fransson qui, même si il éraille ici sa voix à la manière d'un fils illégitime du grand Bon Scott, a tout de même vécu ses premières heures de célébrité en tant que chanteur pop à la télévision suédoise...
Nous avons aujourd'hui rendez-vous avec le guitariste et fondateur de FREE FALL Mattias Bärjed. Si le but premier de cet entretien est de revenir sur la genèse de cette bien curieuse association ainsi que de ses projets pour l'avenir, la gentillesse et la simplicité du personnage font que l'exercice de l'interview type parait bien insignifiant, voire ridicule face à un tel passionné qui, comme il aimera le raconter, vit sa musique au sens propre du terme, ça tombe bien, on est deux !
FREE FALL est né de deux formations différentes, THE SOUNDTRACK OF OUR LIVES et THE INTERNATIONAL NOISE CONSPIRACY, tout d'abord, qu'est-ce que ça te fait de maintenant avoir un nom de groupe composé de seulement deux mots ? (Rires)
(Éclats de rire) C'est beaucoup plus simple oui ! En tous cas je le retiens beaucoup mieux comme ça, il en va aussi de ma propre santé mentale ! (Rires) Plus sérieusement ces trois noms de groupe sont tous très bons je trouve, mais oui avec FREE FALL on reste dans le basique. De plus c'est aussi un nom qui reflète bien le style de la musique, qui est beaucoup plus directe...
Donc toi tu faisais partie de THE SOUNDTRACK OF OUR LIVES, qui était un groupe aux forts accents psychédéliques...
Absolument oui !
La musique de THE INTERNATIONAL NOISE CONSPIRACY quant à elle était beaucoup plus punk, comment en êtes-vous arrivés à créer ce son saturé, agressif, vintage de FREE FALL ? Était-ce une facette de ta personnalité que tu n'avais pas encore exploré ?
On peut le voir ainsi en effet. En fait lorsque SOUNDTRACK OF OUR LIVES a joué son tout dernier concert peu avant Noël dernier, cela faisait un petit moment que je pensais qu'il était temps pour moi de faire quelque chose de différent. Former un groupe avec les musiciens qui jouent aujourd'hui dans FREE FALL était dans mes plans, et il s'est avéré que tous les quatre nous avions une idée assez claire de ce que nous voulions faire musicalement, l'accord était parfait.
Chacun ayant son bagage d'expériences acquises au sein de groupes plus ou moins connus, tout le monde a du trouver sa place au sein FREE FALL. Toi même, sens-tu que tu exerces un rôle différent avec ce nouveau groupe ?
Avec SOUNDTRACK OF OUR LIVES nous étions six dans le groupe, avec tous une forte personnalité. Ici, à quatre, la communication est beaucoup plus simple, ça se joue juste entre une guitare, une basse, une batterie et un chanteur, la dynamique est totalement différente. De plus je ne veux pas reproduire ce que j'ai pu faire auparavant avec SOUNDTRACK, je veux faire quelque chose de différent. Il est vrai que nous écrivons de manière différente, au travers de jams notamment, ce qui était plus rare avec SOUNDTRACK à l'époque...
Et faisant mes recherches je suis tombé sur des vidéos live de FREE FALL datant de 2009...
Ah d'accord, il s'agissait de la première version du groupe, c'est très vieux... Presque une répétition en fait ! (Rires)
Et l'album sort cette année en 2013, des évènements spécifiques ont-ils entravé ce cheminement qui a tout de même pris 4 ans du coup ?
Je ne voulais pas sortir d'album tant que je jouais et tournais encore avec SOUNDTRACK OF OUR LIVES, il me fallait clore cette page avant de porter toute mon attention sur FREE FALL. C'est pourquoi le disque ne sort que cette année, et c'est beaucoup mieux ainsi. Il fallait que ce soit FREE FALL et seulement FREE FALL, sans qu'un autre groupe ne vienne tout interrompre ! (Rires)
Aujourd'hui FREE FALL est devenu ta priorité ? As-tu d'autres projets sur le feux ?
J'écris aussi pour des films, et ce depuis des années... Au fait, tu habites où ?
A Nantes ! Près du festival Hellfest...
Tu sais nous avons joué à Paris en mai dernier !
Ah bon ? Où ça ?
Hmmm... Je me souviens que la première nuit j'ai joué avec FREE FALL, et la deuxième avec SOUNDTRACK OF OUR LIVES, mais je ne me souviens plus exactement où c'était... Nous jouions avec ce mec de chez nous qui s'appelle Peter von Poehl, il vit à Paris, tout comme Ludwig Dahlberg notre batteur d'ailleurs ! (ndlr : Après recherches c'était à La Gaieté Lyrique au festival ÅÄÖ!)
Un pied à Paris et un pied en Suède alors !
Exactement !
On peut s'attendre à quelques shows dans le coin dans un futur proche ?
Oh oui j'adorerais...
Toujours dans mes recherches j'ai trouvé des chansons comme "Gas" ou "Stand Up For Your Rock & Roll" qui ne sont pas sur cet album "Power & Volume", vous en aviez beaucoup de la matière comme celle-là qui n'a pas survécu à la sélection ? Ou en gardez-vous un petit peu sous le coude ?
C'est vrai oui. Concernant "Stand Up" il s'agit de la face B de notre tout premier single "Power & Volume" dans sa version vinyle et digitale, donc elle est tout de même sortie. Par contre nous n'avons pas enregistré "Gas", elle fait partie d'un grand nombre de chansons que nous avons composé mais qui n'ont pas été sélectionnées pour apparaître sur l'album, on verra, on ne sait pas encore ce qui va atterrir sur le prochain disque...
C'était compliqué de faire une sélection ?
Pas tellement non ! Nous voulions vraiment que ces chansons s'accordent parfaitement, de façon à faire un bon album. Un disque a besoin d'équilibre, l'attitude reste la même, mais les titres se doivent d'avoir différentes ambiances, tempos... Et je trouve que ça a plutôt bien fonctionné !
Appliquerais-tu l'étiquette de "revival rock 70s" à ce que tu fais avec FREE FALL ? C'est un phénomène plutôt courant aujourd'hui, le groupe GRAVEYARD par exemple, qui vient du même pays que vous...
Je n'irais pas jusque là, c'est évident que nos racines se trouvent dans les années 60 et 70, mais je n'ai jamais considéré mes groupes comme "retro" ou "concept retro". Je me contente juste de jouer la musique que j'aime et qui me semble naturelle, nous ne sommes pas dans la démarche de nous classer quelque part, nous faisons juste ce que nous voulons faire. Si tu veux vivre de ta musique, il faut que tu fasses quelque chose qui te rende fier et que tu aimes, sinon il n'y a aucune raison que tu le fasses...
Dans sa biographie, la musique de FREE FALL est définie comme du "Freedom Rock", tu peux nous expliquer d'où est-ce que ça vous est venu ?
Ça vient de l'attitude que nous avons quand nous jouons : lâcher prise, se perdre dans sa musique... Voir où est-ce qu'elle nous mène, aussi bien quand on la joue que quand on l'écoute. En réalité cette expression vient d'une conversation qui a eu lieu entre Ludwig, le batteur, et moi il y a quelques années déjà. Nous parlions de VAN HALEN et étions amusés par le fait que leur musique est tellement sauvage et énergique, sur les premiers albums du moins, que ce qui vient directement nous frapper est qu'ils s'éclatent à la jouer, ils se laissent emporter par leur musique. C'est à ce moment là que Ludwig a lancé : "C'est du Freedom Rock !" (ndlr : "Rock libérateur" en traduction maladroite...), et nous nous sommes dit : "C'est génial, gardons le !". (Rires)
Etant donné la conjoncture actuelle, beaucoup de musiciens vétérans avouent ne pas vouloir être à la place d'un jeune groupe aujourd'hui. N'étais-ce pas quelque chose qui t'effrayait après avoir été dans des formations plutôt reconnues ?
C'est vrai, mais la raison pour laquelle j'ai monté ce groupe était parce que je voulais faire de la musique avec ces gars, le reste a juste suivi. Je pense que si tu fais quelque chose avec ton coeur, ça fonctionnera d'une façon ou d'une autre... La seule chose qui compte c'est la musique ! J'ai joué avec SOUNTRACK pendant des années et fait tellement de choses, des grandes tournées à jouer dans des stades, des plateaux TV, des premières parties de U2 ou d'OASIS... J'ai vu les deux côtés du métier en quelques sorte, "it's all about the music" !
Tout doit être à plus petite échelle avec FREE FALL maintenant, les stades sont devenus des clubs...
J'aime bien les deux ! Le fait de juste me donner en concert me plaît, et parfois les meilleurs shows sont joués devant 5 personnes, au milieu de nulle part... Mais c'est également génial de jouer devant près de 100 000 personnes dans des festivals, ou en première partie de gros groupes. Ce n'est pas vraiment important en fin de compte...
"It's all about the music" ?
Voilà, c'est ça ! (Rires)
Je dois vraiment te demander, comment t'es tu retrouvé à jouer avec ce chanteur Kim Fransson ? Il est fantastique sur ce disque, et n'était ni dans THE SOUNDTRACK OF OUR LIVES, ni THE INTERNATIONAL NOISE CONSPIRACY...
En effet. Je l'ai rencontré en 2006 alors que je travaillais sur une série télévisée, nous sortions de tournée avec SOUNDTRACK et n'avions aucun album de prévu, c'était la première fois que je composais de la musique qui allait être destinée à passer sur le petit écran suédois. En anglais la série s'appelle "How soon is now ?", et je sais qu'elle était diffusée en France à une période en 2007. Ça racontait l'histoire d'adolescents grandissant entre 1966 et 76, certains personnages avaient un groupe de musique, et je jouais le rôle du guitariste. Ludwig qui joue maintenant dans FREE FALL était à la batterie, Kim quant à lui devait à l'origine être le bassiste car l'un des personnages principaux était le chanteur, mais s'est retrouvé derrière le clavier. Nous nous sommes mis à jammer sur une chanson de blues et il a commencé à chanter, de mon côté j'ai totalement halluciné : "Waaah, mais c'est exactement la voix que je cherche depuis des années !". (Rires) C'était une pure coïncidence, ou un accident peut-être... Mais ça a fonctionné ! (Rires) Nous sommes devenus bons amis, et avons finalement formé FREE FALL en 2009. J'avais également demandé au producteur de GRAVEYARD Don Ahlsterberg, qui était l'ingénieur du son de SOUNDTRACK en tournée, si il connaissait un mec qui ferait l'affaire pour ce projet de groupe car nous avons beaucoup de goût musicaux en commun, il m'avait dit qu'il en connaissait un qui venait de la même ville que lui, et il parlait de Kim, bien avant que je ne le rencontre ! Il faut croire que c'était fait pour être ainsi...
Tu as commencé à croire en Dieu à ce moment là ? (Rires)
Pas encore non, pas encore ! (Rires)
C'est vrai que l'accord est tellement parfait qu'on se demande pourquoi tout n'a pas commencé plus tôt que ça...
Principalement parce que nous avions tous d'autres choses à faire, Ludwig avait INTERNATIONAL, j'avais SOUNDTRACK, les autres gars avaient également d'autres projets... Et nous vivions également dans des villes différentes, aujourd'hui Ludwig vit à Paris aussi, mais on s'en sort ! D'ailleurs, c'est moins cher de prendre un avion Paris > Stockholm qu'un train Gothenburg > Stockholm... Enfin, si tu n'es pas trop soucieux de l’environnement... (Rires)
Tu me disais connaître le producteur du groupe GRAVEYARD, un groupe qui est d'ailleurs chez Nuclear Blast comme FREE FALL, les musiciens sont également de bons amis ?
Oh oui ! Nous avons déjà joué ensemble, d'ailleurs je connais Jonathan Ramm le guitariste de GRAVEYARD depuis un bon bout de temps, même avant qu'il ne joue avec eux. A l'époque il était technicien pour SOUNDTRACK, il s'occupait des guitares, tout comme Don le producteur de leur groupe qui lui était l'ingénieur du son ! Le monde est petit ! (Rires)
C'est quelque chose que je me suis toujours demandé, d'un point de vue extérieur, la Suède est surtout connue pour ses formations metal dur comme IN FLAMES, HAMMERFALL, DEATHSTARS, CULT OF LUNA... Vous ne vous sentez pas un peu seuls avec votre musique beaucoup plus légère ?
Naaaaah ! Ça ne m'a jamais traversé l'esprit, d'ailleurs je viens de la même ville qu'Andreas le chanteur de DEATHSTARS, on se connait très bien, et depuis très longtemps ! La scène est quand même assez petite ! (Rires) On se connait tous, il n'y aucune compétition, je ne me suis jamais vu comme un outsider. Après tout il y a aussi GRAVEYARD, WITCHCRAFT, GHOST...
Quelle est donc la prochaine étape pour FREE FALL, la tournée ?
Après la sortie de l'album nous allons jouer quelques dates avec GRAVEYARD, ainsi que des concerts en tête d'affiche au printemps, sûrement quelques festivals aussi.
En avez-vous de déjà confirmés ?
Surement le Sweden Rock... En tous cas j'espère que nous allons aussi en jouer à l'étranger cette année, sinon ça ne sera que partie remise pour celle d'après ! Nous voulons vraiment monter sur scène le plus rapidement possible.
Avec GRAVEYARD vous allez rester en Suède ?
Je n'en suis pas certain, de ce que je sais peut-être en Finlande...
Je vous préviens, si vous venez à Paris vous allez avoir un dégénéré au premier rang...
D'accord, ça marche ! (Éclats de rire)
L'album "Power & Volume" de FREE FALL sortira le 22 février 2013 chez Nuclear Blast.
01 - Power & Volume
02 - Free Fall
03 - Midnight Vulture
04 - Top Of The World
05 - Attila
06 - World Domination
07 - Love Bombing
08 - Damnation
09 - Meriola Blues
10 - Meat




