25 août 2021, 15:33

NIRVANA

Le groupe accusé de pédopornographie pour la pochette de "Nevermind"


Le 24 septembre 1991 sortait « Nevermind ». L'album qui, du jour au lendemain – ou presque – allait faire de NIRVANA l'un des plus grands groupes de rock de tous les temps et propulser à son corps défendant Kurt Cobain leader d'une génération (désenchantée). Tout le monde connaît au moins un titre du trio de Seattle (au hasard "Smells Like Teen Spirit" dont la vidéo a dépassé le milliard de vues sur YouTube fin décembre 2019) ainsi que la célébrissime pochette sur laquelle un bébé nageur, tout nu comme il se doit, est attiré par un billet d'un dollar fixé au bout d'un hameçon. Ces deux derniers éléments ayant bien entendu été rajoutés ultérieurement sur la photo. Une représentation, simple et directe, de la fascination qu'exerce le dieu Fric sur le commun des mortels et ce dès son plus jeune âge.

Alors que la seconde réalisation du trio de Seattle s'apprête à fêter son 30e anniversaire, Spencer Elden, le fameux bébé aujourd'hui âgé de 31 ans, a déposé plainte contre les musiciens de NIRVANA survivants, les héritiers de Kurt Cobain, le manager, la maison de disques, le photographe, le directeur artistique, etc. Motif : « [Son] identité et [son] nom sont à jamais liés à l'exploitation sexuelle commerciale dont [il a] été victime en tant que mineur, qui est vendue et distribuée dans le monde entier depuis son enfance jusqu'à aujourd'hui. » Il accuse tous les partis sus-cités d'avoir « commercialisé de la pédopornographie » puisque l'on y voyait ses parties génitales, « un élément essentiel pour promouvoir le disque, souvent utilisée dans l'industrie de la musique pour attirer l'attention » accuse-t-il.

S'ensuit une liste dans laquelle Elden énumère les séquelles que cette exposition de son intimité a eu sur son développement psychologique. Ce que l'on peut entendre, bien entendu, si ce n'est que quiconque, en dehors de son strict cercle familial, serait bien en peine de le reconnaître. Ses parents, qui n'ont jamais signé de décharge pour l'exploitation de la photo de leur fils, alors âgé de 4 mois, avaient alors reçu la modeste somme de 200 dollars de la part de Kirk Weddle, spécialiste des photos sous-marines et ami du couple, qui l'avait immortalisé dans une piscine de Pasadena. Une somme bien dérisoire au regard du succès mondial de l'album (plus de 30 millions d'exemplaires vendus, dont 10 rien qu'aux USA) il est vrai, qui ne tient pas compte non plus du fait que le jeune homme n'a jamais touché aucune compensation financière pour rentrer, bien malgré lui, dans l'histoire du rock.

Le plaignant réclame donc 150 000 dollars à chacun des 17 partis cités dans le procès – soit 2,55 millions de dollars – ou des dommages et intérêts d'un montant à définir. Ainsi que l'interdiction de continuer à exploiter son image. Si l'on comprend tout à fait que l'ex-petit baigneur entende recevoir lui aussi sa part du gâteau, on peut quand même se demander pourquoi il a attendu dix ans pour se manifester, la majorité étant fixée à 21 ans outre-Atlantique. En 2016, NIRVANA tatoué sur le torse, il avait en effet fait une session photo (en short de bain) pour recréer la pochette iconique.
 


A l'époque, Geffen, la maison de disques du trio, avait commencé par refuser que le pénis du bébe soit visible sur la pochette. Après un bras de fer, Kurt Cobain leur avait dit qu'il acceptait leur décision, à la condition sine qua non que ce dernier soit caché par un autocollant qui dirait : "Si cela vous choque, c'est que vous êtes un pédophile refoulé". Du coup, le bébé est resté comme la nature l'avait fait. Oh well, whatever nevermind, comme chantait Cobain.

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK