12 septembre 2021, 14:51

THE PICTUREBOOKS

"The Major Minor Collective"

Album : The Major Minor Collective

L’histoire du projet « The Major Minor Collective » remonte à 2019. Formation allemande réunissant des potes skateurs fans de vieilles motos, THE PICTUREBOOKS a muté en power-duo passant d’un garage-rock des débuts à un blues-rock vintage et viscéral. Sous cette forme, les deux amis sortent « Hands Of Time ». Pour la première fois, ils convoquent une invitée de renom en la personne de Chrissie Hynde (PRETENDERS). C’est une révélation et ils souhaitent renouer avec les collaborations. Hélas, la pandémie passe par là, stoppant la tournée de l’album et les poussant à la réflexion. Ils le diront par la suite en interview, ils ont envie d’écrire et composer des morceaux et déléguer la partie chant à des interprètes qu’ils aiment. Ainsi naît « The Major Minor Collective », projet ambitieux qui rappelle dans la forme « New Man, New Song, Same Shit » de ME & THAT MAN, à savoir un interprète différent à chaque morceau.

Et le moins que l’on puisse dire c’est que le casting est tout bonnement impressionnant : Dennis Lyxzén (REFUSED), Neil Fallon (CLUTCH), Chris Robertson (BLACK STONE CHERRY), Jon Harvey (MONSTER TRUCK), Elin Larsson (BLUES PILLS), Lzzy Hale (HALESTORM), Erland Hjelvik (HJELVIK, ex-KVELERTAK), THE INSPECTOR CLUZO pour ne citer qu’eux. Des invités venant d’univers différents et pour le coup, la musique de THE PICTUREBOOKS se fait bien plus large et variée qu’à leur accoutumée. "Here’s To Magic" (avec Dennis Lyxzén) signe un retour au garage-rock des débuts des PICTUREBOOKS.
"Corrina, Corrina" (avec Neil Fallon) opte pour un blues-rock abrasif lancinant dans les couplets et bien patate dans les refrains collant à merveille au registre vocal de Fallon et qui n’aurait pas dénaturé dans un album de CLUTCH. Sur "Catch Me If You Can", Chris Roberson délaisse son (hard) rock sudiste dopé à la volaille du Kentucky pour coller à une ambiance comme PICTUREBOOKS nous délivre depuis désormais quatre albums et aurait tout aussi pu se retrouver dans le fabuleux « Home Is A Heartache » (le meilleur album des PICTUREBOOKS à ce jour).
Sur « Beach Seduction », on se retrouve dans un rock californien des années 60/70 aux accents popisants, porté par Leah Wellbaum du groupe SLOTHRUST et sa voix d’une sensualité folle. On a envie d’un été sans fin et d’une danse nuptiale qui se termine sous les draps. Avec "Holy Ghost" et son rythme si particulier, on pense à un mélange entre les BLACK KEYS pour la mélodie et le regretté Dusty Hill pour le chant. Le badass "Too Soft To Live And Too Hard To Die" est le seul duo de l’album où, aux côtés de la superbe voix vintage de la belle Elin on entend celle de Fynn Claus Grabke, guitariste et chanteur des PICTUREBOOKS. Grabke a choisit de se mettre en retrait du micro sur « The Major Minor Collective » et c’est dommage car sa voix conférait au triptyque « Imaginary Horse »/« Home Is a Heartache »/« Hands Of Time » une saveur si particulière (avec le kit de batterie dépouillé au son si particulier de Phillip Mirtschink, c’est l’autre marqueur d’identité qui fait que PICTUREBOOKS ne sonne comme aucun autre groupe du genre).
"Rebel" est une ballade classique dans un esprit southern parfait pour la puissante voix de Lzzy Hale. "Multidimensional Violence" est le morceau le plus inattendu de l’album, sonnant au début comme du metal indus sur lequel la voix de Hjerlvik, d’habitude dans un registre black'n'roll sonne presque comme Rob Zombie ou le Manson de "Beautiful People". Sans transition, on passe sur "Riders and Farmers" sur lequel THE INSPECTOR CLUZO représente l’hexagone et là aussi, ça sonne comme ce à quoi les rockfarmers landais nous ont habitués. "Blind Riders" offre la dernière collaboration, cette fois avec les deux tiers du groupe THE WELL sur un garage-rock comme pour raccrocher les wagons avec le premier titre. Suivent deux plages instrumentales sur lesquelles on retrouve le PICTUREBOOKS des albums précédents.

Au final, on peut regretter la quasi-absence de Grabke au chant et sa voix faussement nonchalante et chaleureuse, mais aussi le fait qu’en voulant élargir son horizon, les PICTUREBOOKS finissent par faire du mimétisme en reprenant les tics d’autres groupes. Cependant, c’est un projet impressionnant, ambitieux et quelque part altruiste dans le sens où les Allemands se mettent en retrait et au service de leurs invités. Comme à leur habitude, les deux motards nous servent un album de très haute volée, riche et généreux. « The Major Minor Collective » n’arrive pas à des sommets tel que le monument « Home Is A Heartache » ou le plus sous-estimé « Hands Of Time » mais se dresse nettement au-dessus de bien de livraisons de la scène revival blues-rock.

Blogger : Nikkö Larsson
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