16 septembre 2021, 18:16

CARCASS

"Torn Arteries"

Blogger : Clément
par Clément
Album : Torn Arteries

Huit années séparent « Surgical Steel », qui marquait le retour de CARCASS sur le devant de la scène après un break de dix-sept ans, de ce « Torn Arteries » à la couverture légumière. Et force est de constater que ce laps de temps n’a pas été synonyme de flemme pour le quartet de Liverpool. Jugez plutôt : une poignée de singles, deux splits mais aussi deux EP ont vu le jour dans ce laps de temps, sans compter un live, une compilation et deux coffrets collectors destinés aux fans hardcore, le tout entrecoupé d’un paquet de concerts aux quatre coins du globe. N’en jetez plus la coupe est pleine. Mais point de burn-out à l’horizon puisque cette nouvelle livraison porte la marque de fabrique d’un groupe qui n’a plus grand-chose à prouver au vu de son imposant pedigree (butchery). Oui, l’on parle bien ici du géniteur du goregind, qui a propulsé le death metal dans ses derniers retranchements sur « Necroticism: Descanting The Insalubrious » avant de s’imposer un peu partout avec l’ultime « Heartwork » puis de quitter les planches sur la pointe des pieds avec un « Swansong »... au titre prémonitoire.

Et si le comeback de CARCASS avec « Surgical Steel » avait des allures de "fan service" pour les amateurs de l’époque « Heartwork », « Torn Arteries » pourrait, lui, faire l’affaire pour ceux qui ont un faible pour « Swansong ». En effet, "The Devil Rides Out", "Wake Up and Smell The Carcass / Caveat Emptor" et "Dance Of IXTAB" comportent un bon paquet de riffs qui suintent le hard rock voire le stoner dans leur moments les plus massifs, le tout doublé de parties de batterie chaloupées qui séduiront sans peine les amateurs du chant du cygne. Propres, presque trop, ces morceaux montrent le visage le plus accessible du groupe pendant que le titre d’ouverture "Torn Arteries", "Eleanor Rigor Mortis" ou "Kelly’s Meat Emporium" fleurent bon la bidoche de l’époque faste du clan de Liverpool. Mais tout cela n’est rien à côté du plat de résistance qu’est ce pavé de plus de neuf minutes, "Flesh Ripping Torment Limited",qui pourrait être affublé de "progressif "avec ses multiples cassures et ses montagnes russes rythmiques qui en laisseront plus d’un sur le carreau. Jamais le groupe ne s’était aventuré sur des terres aussi lointaines de son style de prédilection et force est de reconnaître que cela lui va comme un gant. Aventureux, c’est le mot, ce morceau est à lui seul un pied de nez en bonne et due forme à ceux qui l’attendait en mode pilote automatique. 

Toujours épaulé par Daniel Wilding, d’une précision redoutable, derrière les fûts et Tom Draper à la seconde guitare, le duo historique Steer/Walker propose avec « Torn Arteries » un album varié, consistant. Qui laisse échapper quelques influences heavy/hard rock seventies aux côtés de structures plus traditionnelles, sans forcément suivre un fil conducteur clair qui facilite son assimilation. Pas la moindre trace de grind par ici, quelques soupçons timides de death metal et une direction mid-tempo qui frisera les moustaches des plus réticents à cette évolution que l’on pouvait présager au vu des dernières sorties du quartet. Moins immédiat donc que son prédécesseur et plus porté sur les ambiances, l’album ne fera sans doute pas l’unanimité, une fois de plus, CARCASS en a l’habitude depuis la sortie de « Swansong ». Un constat qui semble évident au vu de l’hétérogénéité des fans que le groupe draine depuis plus de trente-cinq ans.

A l’instar d’un « Surgical Steel » dont j’attendais (beaucoup) trop à sa sortie, il est nécessaire de faire le deuil des différentes époques stylistiques du groupe pour apprécier ce « Torn Arteries » à sa juste valeur. Il me faudra encore du temps pour y voir clair, même si j’ai la désagréable impression qu’il a livré la majeure partie de ses atouts après une tripotée d’écoutes attentives. La pochette aurait dû me mettre la puce à l’oreille : c’est plutôt du côté du rayon fruits et légumes que du libre-service boucherie que le groupe traîne sa carcasse...

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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