10 avril 2012, 9:58

DEAD SARA

DEAD SARA, ce nom ne vous dit peut-être rien mais voilà un groupe qui commence à se faire entendre du fond de sa Californie natale. C'est tout droit rentrée du SXSW Festival et à quelques mois de sa première apparition télévisée sur le Jimmy Kimmel Show,  que la très remarquée frontwoman Emily Armstrong, nous accorde sa première interview française. Mais avant cela, analyse du phénomène DEAD SARA à l'occasion de la sortie de son premier album, qui a su se faire désirer ! 

Voilà quelques mois que mon encéphale tourne au rythme de ce qui se révèle être mon énorme coup de cœur de ce début d’année. Et pourtant, je dois l’avouer ce n’était pas gagné, à croire que mes goûts musicaux soient misogynes, les groupes de rock au chant féminin ne m’ont jamais inspiré grand-chose. Alors quel est cet étrange phénomène qui m’a poussé à user cet album de DEAD SARA encore et encore jusqu’à en connaitre les paroles par cœur ? Peut-être l’alignement des étoiles, la pleine lune, ou plus probablement, ma réaction à la fin de l’écoute de ce disque qui en dit long : «Mais qu’est ce qui m’a pris de passer à côté de ça ?». 

Mon expérience DEAD SARA débute il y a un peu moins d’un an, lorsque l’ogive «Weatherman» atterrit alors sur les ondes radio de l’émission Sixx Sense, présentée par, Nikki Sixx. Peut-être la faute à une écoute trop superficielle, rien de bien exceptionnel ne parvient à mes oreilles à ce moment, si ce n’est cette vocaliste qui chante avec la hargne d’une Cherie Curie qui se serait coincée le doigt de pied dans le coin d'un meuble. «Ça doit être une espèce de version moderne des RUNAWAYS...», me suis-je-dit, à surveiller, mais passons…

Outre atlantique, l’impact n’a pas été des moindres, car il se laisse dire que lorsque DEAD SARA a joué ce single pour la première fois lors d’un concert au petit club du Troubadour à Los Angeles, point de passage des plus grands du Sunset Boulevard, l’énergie était telle que la foule aurait oublié l’espace d’un instant que la salle ne contenait que 450 personnes, et non 3000 !

 

 

La formation Californienne annonce alors la parution de son premier album en Aout 2011, pour ensuite la repousser avec regret, indéfiniment. Le temps aura raison de ma curiosité et DEAD SARA tombera dans les méandres de ma mémoire : "J’écouterai, un jour…." C'était sans compter cette intervention du dieu des réseaux sociaux quelques mois plus tard, qui comme pour me taper sur l'épaule, afficha sans cacher un brin de soulagement et d'appréhension : «Enfin ! Nous sommes fiers de vous annoncer la sortie de notre album éponyme, le 10 Avril 2012 !».


Ce premier disque désormais en main, la seule chose qui vient à l’esprit est que DEAD SARA est le groupe de chant féminin qu'il manquait sur l’échelle, mais laquelle ? Vient alors une deuxième question : «Mais qu’est-ce que c’est que ça ? D’où est ce que ça sort ?».

 

 

 

 

DEAD SARA forge sa réputation en passant par la case des clubs de Los Angeles et étonne dans ses performances par une énergie palpable et destructrice. Il faut dire que le groupe n’y va pas avec le dos de la guitare, après une résidence au Viper Room et plusieurs tournées à traverser le nouveau continent, la scène, ils la connaissent par coeur.



Le phénomène a un nom, Emily Armstrong. La chanteuse est un véritable électron libre, instable, prête à imploser à tout moment. Pieds et poings liés à sa chaise, l’auditeur le plus critique déchante rapidement en se faisant hurler à l’oreille les concentrés de rage que contiennent des chansons comme «Weatherman» ou «Monumental Holiday». L’emploi du verbe «hurler» est loin d’être un euphémisme, le style utilisé par la vocaliste est quasiment inédit sous cette déclinaison qui se refuse tout étiquette de style. Le grain de voix si caractéristique de la Californienne peut aussi se voir adoucir, le temps des belles ballades qui peuvent au final faire figure de réponse à toute love-song écrite de la main d’un homme, mais paradoxalement, de manière beaucoup moins fleur-rose!

 

 

 

Cette formation est d’autant plus atypique que l’on retrouve une deuxième présence féminine, Siouxsie Medley qui tient le rôle de guitariste. Si cette dernière se fait discrète sur scène, ce ne sont pas moins de trois parties de guitares différentes que l’on peut entendre sur l’album. Les sonorités et les techniques sont diverses, voire très étonnantes. Adeptes du «Do It Yourself», on sent derrière ce travail une volonté de créer un son organique qui finalement, ressemble au groupe, téméraire, difficile à identifier. Si on peut trouver un riff de guitare bluesy et timbré sur la chanson «Timed Blues», certains airs peuvent de faire plus punk, ou partir tâter la boue du grunge, ou même les mélodies enjouées de la pop.

Toute aussi brutale, la section rythmique masculine vient compléter ce duo encore victime du mythe relationnel entre un chanteur et son guitariste. La basse de Chris Null adopte une pédale wahwah à plusieurs reprises, et brouille encore une fois les pistes. Est-ce une guitare ? Une Basse ? Un Sample ? Et ce notamment pendant le break de «I Said You Were Lucky» qui nous ravit une outro qui aurait pu sortir tout droit de la casquette de Tom Morello. DEAD SARA relâche la pression en fin d’album avec «Sorry for It All», une petite balade qui ressemblerait presque à une excuse pour ce qu’il nous a fait subir, en tous cas moi, j’en redemande !

Monumental Holiday by Dead Sara

Cet album est si varié que sauter une chanson de manière arbitraire ou parce que le reste ne nous as pas plu, serait une erreur des plus graves. Même si on sent encore une énorme marge de progrès, c'est le genre d'album qui donne envie d'en retourner sa jaquette dans tous les sens, ou même d'en écouter ses chansons à l'envers, pour chercher une piste cachée ! 


Convaincu ? Envie d'en savoir plus ? Alors qui de mieux pour nous éclairer qu’Emily Armstrong, chanteuse du groupe ? (Interview réalisée le 6 Avril 2012)

 

 

 

 


Bonjour Emily, on est très heureux de pouvoir s’entretenir avec toi pour cette petite interview. Tout d’abord, comment ça va ? Votre album sort bientôt ! 

Merci ! Je me sens un peu soulagée maintenant. On a travaillé dur, et sortir ce premier album est un véritable rêve personnel.

On ne connait pas vraiment DEAD SARA en France, tu peux nous présenter ton groupe ?

La guitariste, c’est Siouxsie Medley, Chris Null à la basse, Sean Friday à la batterie et moi, Emily, je chante et joue la guitare rythmique.

Donc je le disais votre album sort le 10 Avril, même si c’est votre premier, avez-vous eu des difficultés à choisir quels titres allaient atterrir dessus ?

Il n’y a qu’une petite poignée de chansons écrites en plus que celles qu’on peut entendre sur l’album, donc ça n’a pas vraiment été un problème. On s’est mis d’accord assez rapidement sur le choix des chansons qu’on aimait le plus et qui s’accordaient bien ensemble.

Quelle a été l’histoire de DEAD SARA de sa creation jusqu’à la sortie de cet album ? J’ai vu qu’au début tu étais juste au chant et à la guitare, avec Siouxsie à la batterie ? (Qui est maintenant guitariste).

Siouxsie et moi avons créé le groupe il y a 6 ou 7 ans, ici à Los Angeles. On a vu défiler beaucoup de bassistes et de batteurs (nous inclus) mais ça n’a jamais correspondu à ce qu’on avait en tête. Après réflexion, nous avons demandé à nos amis Sean Friday et Chris Null de nous aider il y a de ça 2 ans et demi. Ça nous a enfin plu, alors on a enregistré cet album et sommes devenu le groupe que nous sommes aujourd’hui. Le processus a été assez organique.

A la base cet album devait paraitre le 11 Octobre 2011, mais il sortira le 10 Avril de cette année, pourquoi avoir repoussé sa sortie ?

Nous le sortons sous notre propre label Pocket Kid Records, et nous voulions aussi réunir la bonne équipe pour le concevoir. Comme c’est une première pour nous dans cet exercice, nous voulions y aller pas à pas. Je suis vraiment satisfaite que nous avons attendu, même si on devrait plutôt être anxieux. Mais ça fait du bien de se dire que nous avons une bonne équipe qui travaille d’arrache-pied pour sortir cet album.

Votre album contient beaucoup d’émotions. Il y a des ballades comme “Sorry for it All”, mais aussi des chansons comme “Monumental Holiday” ou “I Said You Were Lucky” qui contiennent tellement d'énergie qu'on a juste envie de mettre un coup de poing dans la figure de son voisin ! C’est ça le but premier de vos chansons ? Transmettre des émotions ?

Ha! C’est vraiment ce que je veux que quelqu’un retienne d’un morceau. Je trouve insupportable qu’une formation puisse en arriver à ressembler plus à une production qu’à un groupe, tu vois ? Notre but était de faire de notre mieux pour que ça reste à l’état but, de cette façon, les personnes pourraient ressentir quelque chose en écoutant !

Tu es donc chanteuse et guitariste, tu composes aussi les morceaux ? Quel est votre méthode d’écriture ?

On compose tous. Ça commence quand l’un de nous trouve quelque chose qui ressemble à un riff, ça peut être une ligne de basse ou un des riffs monstrueux de Siouxsie (guitariste), ensuite on se met tous à jammer. Si ça nous parle, on appuie sur le bouton d’enregistrement des deux microphones de la pièce, puis on écoute ce jam de 15 minutes et démantelons les parties qui nous plaisent pour transformer tout ça en une chanson. C’est à peu près comme ça qu’on fait à chaque fois.

Tu développes un style de chant assez particulier et unique, surtout pour une femme. C’est quelque chose que tu as toujours voulu faire dès le premier instant où tu t’es retrouvée devant un micro ?

Quand j’ai commencé la musique à 11 ans, au début je voulais devenir la meilleure guitariste du monde. Je n’avais aucune intention de venir chanteuse. Je le suis devenue quand je me suis rendu compte qu’aucun des chanteurs que j’avais recruté dans mon groupe ne pouvait sonner comme je l’avais imaginé dans ma tête, j’étais la seule à pouvoir le faire ! Alors j’ai travaillé mon chant pendant des années, en écoutant des bons chanteurs et en m’entrainant plusieurs heures par jours. Ce n’est vraiment pas arrivé naturellement, mais j’ai entendu quelque chose qui m’a plus dans ma tête, et je l’ai rendu concret !

Une fois en studio, tu n’as pas été anxieuse de ne pas pouvoir être capable de reproduire tous ces cris, chaque soir sur scène ?

Je l’étais pendant un moment, mais quand tu es en répétitions, et que tu t’entraines encore et encore, c’est comme un muscle, il faut l’entrainer, et tout se passe bien.

 

 

 

 


Tu reçois beaucoup de comparaisons, Janis Joplin, Stevie Nicks, Patti Smith… Quelle a été ta réaction la première fois que tu as reçu des compliments si flatteurs ?

Je me suis dit que j’étais en train de faire quelque chose de bien ! Ce sont des légendes et c’est beaucoup de poids à porter sur les épaules si tu prends les gens au pied de la lettre. Je fais juste ce que je veux faire, sans essayer de ressembler à qui ce soit. Sans quoi ça pourrait vite devenir assez ennuyeux.

Qu’est ce qui t’inspire pour écrire tes paroles? Tu es la seule à t’en occuper?

Oui c’est moi qui les écris. Je trouve ça impensable de chanter des paroles qui proviennent de la main de quelqu’un d’autre, peut-être que ça me passera, je ne sais pas. Je suis constamment en train d’écrire des paroles et de garder des idées de chansons en tête. Quand on est en répétitions, selon l’atmosphère de la chanson, tout cela va provoquer certains types de paroles. Et à partir de ce moment, je continue à les écrire.

Vous avez dit : “Nous ne voulions pas nous mettre de restrictions de genres”, alors comment peut-on vous décrire ? Musique-géniale-entêtante-qui-déchire ?

Ha! Nous sommes un groupe de rock. C’est comme ça qu’on se décrit.

On a du vous poser cette questions des milliers de fois mais, quelle est l’histoire derrière DEAD SARA, le nom de votre groupe ? Vous avez aussi failli vous appeler «Masturbation Salvation» (Le salut de la masturbation), je dois t’avouer que c’était aussi une bonne idée…

C’est clair hein ? Si on s’était dirigé vers quelque chose de plus punk, ça aurait été le meilleur des noms de groupes. Dead Sara est quelque chose qu’on a cru entendre dans la chanson “Sara” de FLEETWOOD MAC. Ça nous a plu, alors on l’a gardé. Ça a été le coup de cœur absolu si tu préfères… !

 

 

 

 

Vous êtes tous géniaux, mais je dois t’avouer que l’alchimie entre Siouxsie et toi est vraiment frappante. Comment peux-tu l’expliquer ?

On s’est liées d’amitié dès la première fois où on s’est rencontrées, nous étions très proches, et ce, même avant de former le groupe. Je pense que ça doit y contribuer. On se connait vraiment très bien.

Avez-vous des projets pour venir tourner en Europe ? (Si un jour vous venez en France, je serai le mec qui headbang au premier rang en chantant les paroles par cœur).

J’en ai entendu parler… mais je pense que c’est tout ce que je peux te dire. En tous cas j’ai hâte de te voir headbanger et hurler au premier rang !

Et bien merci beaucoup pour nous avoir accordé un peu de ton temps, on vous souhaite le meilleur pour la sortie de votre album! As-tu un petit mot pour les lecteurs qui pourraient être curieux de vous écouter après avoir lu ceci ?

 

 

 

 

Merci ! Je ne trouve rien…désolé.

Remerciements à Lauren de CO5 Media - Hard Force Interview 2012 -

Le premier album de DEAD SARA est sortit le 10 Avril 2012 chez Pocket Kid Records.

01 - Whispers and Ashes
02 - We Are What You Say
03 - Weatherman
04 - Dear Love
05 - Monumental Holiday
06 - I Said You Were Lucky
07 - Face to Face
08 - Test On My Patience
09 - Timed Blues
10 - Lemon Scent
11 - Sorry for It All


 

 

Blogger : Hugo Tessier
Au sujet de l'auteur
Hugo Tessier
Décidemment né trop tard, Hugo Tessier cultive sa passion pour le rock depuis son plus jeune âge. Avec U2 et THE POLICE dans le biberon, son cœur penchera finalement pour le hard rock des eighties qui à son tour lui fera découvrir de nouveaux horizons musicaux. Tantôt étudiant, musicien puis vendeur dans les festivals rockabilly, en septembre 2011 HARD FORCE le convainc de commencer à explorer les concerts de la région nantaise à peine avait-il déballé son unique carton dans sa chambre universitaire.
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