17 septembre 2021, 23:59

AMENRA + THE DEVIL'S TRADE (acoustique)

@ Lille (L'Aéronef)


Le symbole du groupe, seule touche de blanc dressée dans la pénombre. Les musiciens assis en cercle, sur des prie-dieu, dans l’obscurité. Dans la salle, durant tout le concert, un silence rare, comme une caresse, comme une cape qui enveloppe les spectateurs, qui les plonge dans les tourments d’âmes noires. Seuls des applaudissements sincères et respectueux entre les morceaux interrompent le rituel.

Dès les premières notes de "Les Lieux Solitaires", AMENRA offre un frisson, nous habille de ses peines. Loin de la fureur et des cris de ses prestations électriques, le groupe belge tisse un univers fragile et délicat, comme l’est la voix de Colin qui, parfois, évoque celle de... Christophe. Le concert est une succession de moment déchirant, où un désespoir infini se mêle à une vague quiétude : puisque la tristesse est éternelle – phrase projetée après la dernière note jouée – pourquoi lutter, pourquoi essayer de s’extirper de cette prison de larmes ? Le violon de Femke De Beleyr luit tel "le soleil noir de la mélancolie" quand ses chœurs magnifient le bouleversant "To Go And To Live With Out" suivi du sublime "The Longest Night". L’incontournable "Razoreater" et "Voor Immer" sont joués à deux, un guitariste accompagnant Colin, pour un rendu limpide... comme le sont les poèmes récités par le chanteur, incontestable maître de cérémonie. Qu’il est bon aussi de fermer les yeux pour se perdre dans les méandres de "Diaken", dans le labyrinthe hanté de "De Evenmens"... AMENRA s’aventure parfois dans le répertoire d’autres artistes. Il s’offre une parenthèse quasi folk avec "Roads" de PORTISHEAD, avant de voir Colin tutoyer Tim Buckley sur "Song To The Siren". Sans oublier le déjà entendu, mais pas moins beau, "Kathleen" de Townes Van Zandt. Derrière le groupe, lentement, défilent des visuels animés inspirés en partie des pochettes des disques : des ruines d’église se glissent au crépuscule dans des forêts squelettiques, des ombres rodent sous le vol d’oiseaux inquiétants... Une soirée fluide et magique, quand les sentiments mis à nu révèlent le sublime.

La soirée a commencé avec THE DEVIL'S TRADE. Seul sur scène, Dávid György Makó a offert 45 minutes d’un dark-folk ciselé. Alternant guitare acoustique et guitare traditionnelle magyar – une sorte de banjo – il chante sa peine qui parfois explose en un cri. Le décès de sa sœur dix ans avant sa naissance, le sort réservé à une petite communauté hongroise par le dictateur roumain Ceaucescu sont des thèmes abordés dans ses chansons... qui illustrent à merveille son slogan : "happy music is shit". Des samples créent une ambiance cotonneuse, comme un paysage couvert de neige, strié du sang de la souffrance. Et la merveilleuse voix de David plane sur ce décor...
 

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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