Formation basque née en 2013, PROPHETIC SCOURGE signe une première démo EP « Corrupt Karmic Invigilators » en 2015, avant un premier album, « Calvary », chez Klonosphere/Seasons of Mist. Ce premier effort donne lieu à une tournée d'une quarantaine de dates en France, en Suisse et en Espagne, conclue par une date au Hellfest. Sauf que la pandémie que l'on connait s'en est mêlée et que la date en question est reportée en juin 2022. Loin de se décourager, le quintet de Nouvelle-Aquitaine continue sa collaboration avec Klonosphere pour un second disque, cette fois-ci revisitant l'Odyssée d'Homère, se focalisant sur le voyage retour d'un homme, Odysseus marqué par le deuil et la culpabilité du survivant. Cet album, c'est « Gnosis: A Sorrower's Odyssey ».
Plus qu'un album, « Gnosis: A Sorrower's Odyssey » pourrait se voir comme l'équivalent death metal d'un opéra. Chaque titre se compose comme un pièce évolutive et non linéaire, retranscrivant une épreuve ou une interraction avec un être ou une représentation mythologique: un roi ("An Odyssey Begins Aright"), des cyclopes ("Blinded In The Garden of Eris"), un psychopompe (NDR: j'aurais appris un mot en rédigeant cette chronique) ("Deaf To The Siren's Hail") ou encore un tyran ("Wading 'Ward Solace He Lucidly Drowns").
Epique, le death de PROPHETIC SCOURGE est à la fois technique, progressif, mélodique et brutal. Monstre de puissance à l'atmosphère de plus en plus pesante et obscure jusqu'au final fleuve grandilocquent d'une noirceur inextricable, « Gnosis: A Sorrower's Odyssey » fait également penser, par moment, à la fois à DEATH, OBSCURA et ULCERATE, avec un death compact, massif, rugueux donnant à l'auditeur l'impression qu'il vient d'embrasser un train en marche mais aussi extrêmement véloce et varié sans sacrifier la mélodie ni la tradition. On se retrouve compressé par une armée de troisième lignes basques et en même temps portés dans un dangereux voyage. Josh Smith impressionne avec son growl d'outre-tombe, Thibault Claude livre des lignes de basses démentielles qui trouvent écho dans les riffs vertigineux du duo Robin Claude/Romain Larregain quand Jon Erviti alterne entre blast-beat supersonique et partie de batterie plus complexes encore.
Quintessence de toute la profondeur de gamme offerte par les multiples sous-genres du death metal, PROPHETIC SCOURGE nous fait l'honneur d'un album à la fois ambitieux, riche, généreux et d'une profondeur qu'on en songerait à le faire écouter en cours de littérature grecque.
