Composé de deux membres ayant déjà traîné leur bosse dans les rangs de l'underground hexagonal (N.K.V.D., COMBUSTION SPONTANEE et ASTRAL OCEAN en guise de carte de visite), AUTOKRATOR affiche sur ce quatrième album une expérience du riff indéniable. Aucun doute n’est ici permis sur le contenu : noir, destructeur, insondable, qui tout du long de trente-quatre minutes abyssales se nourrit de ce qui se fait de plus extrême en la matière.
"De Gloria Martyrum Et Confessorum" assène d’ailleurs le KO d'entrée de jeu sans prendre de pincettes : riffs diaboliques, breaks hallucinés, climats hostiles, le tout soutenu par des parties de batteries monstrueuses signées Kevin Paradis (BENIGHTED, AGRESSOR). Une introduction implacable dans le monde d’AUTOKRATOR qui annonce sans détour le meilleur pour la suite. C'est donc les oreilles rougies par cette plongée en eaux troubles que l'on se remet en course avec en ligne de mire les monstrueux "The Great Persecution" et " DCLXVI" désignés pour faire monter la pression d'un cran. Deux obus qui symbolisent toute la force du groupe, armés de crescendos maléfiques qui explosent en de somptueux assauts chaotiques répétés de manière cyclique jusque dans les dernières secondes. Une plongée dans les ténèbres qui balaie les derniers espoirs d'un éventuel revirement : oui, le noir a triomphé une fois de plus. Les potards, eux, sont dans le rouge : R.I.P.
Méthode, rigueur et structure, le message est clair : il ne faut d'ailleurs pas moins de dix minutes avant que les choses ne tournent au vinaigre sur "Antechristus", vicieux à souhait, parsemé de riffs dissonants en diable. Avant de laisser place à un maelström de trémolos du meilleur effet soutenu par des parties de batteries possédées. Une générosité rythmique qui s'accompagne de nombreux breaks qui ne relâchent jamais vraiment la pression sur un "Caesar Nerva Traianius" massif à souhait . Il ne reste alors qu'à tendre l'oreille au loin pour deviner cette funeste conclusion qu'est "Apocalypsis", à n'en point douter morceau le plus singulier de cet album.
Doté d'une production implacable ainsi que d'un artwork énigmatique signé Nestor Avalos (CULT OF FIRE, HECATE ENTHRONED, MERCYLESS, BLOODBATH parmi tant d’autres), « Persecution » est un carnage dans les règles qui réclamera, même aux plus aguerris, de nombreuses écoutes attentives et prolongées pour en saisir toutes les subtilités. Car c’est bel et bien un voyage aux allures de plongée dans un gouffre béant que propose ici le duo montpelliérain, à errer dans les ténèbres éternelles au son d'une section rythmique maléfique et perverse. Damned !