21 novembre 2021, 11:30

Marco Mendoza

Interview


Devinez ce qu’ont en commun Bill Ward, BLACK STAR RIDERS, BLUE MURDER, David Coverdale, Dolores O'Riordan, John Sykes, LYNCH MOB, Neal Schon, Ted Nugent, THE DEAD DAISIES, THIN LIZZY, Tim "Ripper" Owens, Tommy Shaw ou bien encore WHITESNAKE ? Ils ont tous, un jour ou l’autre, croisé la route de Marco Mendoza ! Le bassiste-chanteur a fait partie des plus grosses formations musicales de ce monde et il accompagnait encore JOURNEY il y a quelques semaines de cela. Nous avons profité de sa tournée solo et de son passage au Show-Case Recording de Pérols, tout près de Montpellier, pour recueillir ses impressions "d’homme libre", après tous ces mois passés sous régime de COVID...
 

Marco, nous voilà tout près de Montpellier, pour l’une des dates de ta tournée solo. Comment t’est venue l’idée de parcourir ainsi le Sud de la France ?
C’est vrai, nous étions d’abord à Marseille, puis Avignon et enfin Montpellier, ce soir. Nous serons près de Chambéry demain, avant de partir au Royaume-Uni. En fait, tout vient de contacts personnels que j’ai établis, au fur et à mesure des années, des rencontres... En 2018, nous avons fait une date à Lyon, avec THE DEAD DAISIES et il se trouve que BACK ROADS ouvrait pour nous. C’est un groupe lyonnais, qui connait donc parfaitement la scène locale. Nous avons sympathisé et nous sommes restés en contact depuis. Lors de nos conversations, ils me demandaient où j’en étais de mes projets solos, quand je comptais venir en France... Malheureusement, j’avais peu de relations dans votre pays pour mettre sur pied une tournée.

Ils se sont donc proposés de jouer les entremetteurs ?
Exactement ! Plus particulièrement Franck Mortreux, le bassiste de BACK ROADS, qui a joué les intermédiaires pour me mettre en relation avec les bonnes personnes, afin que cette tournée française puisse voir le jour. Y compris au niveau logistique. C’est lui qui m’a connecté au Sud de la France ! Franck est quelqu’un de très généreux, cool et agréable ; j’ai beaucoup de respect pour lui et il a toute ma gratitude. Logiquement, BACK ROADS nous accompagne et j’en suis vraiment ravi, car le groupe sonne très bien, avec de jolies mélodies.

Quel est l’accueil réservé par le public français, jusqu’à présent ?
Fantastique ! Les fans connaissent ma musique, mes albums solos, mais également celle que je jouais lorsque je tournais avec de grosses formations. L’accueil du public est donc franchement bon. Et puis, il y a un autre aspect qu’il ne faut pas négliger : à cause de la COVID-19, les gens ont été confinés, enfermés chez eux pendant de longs mois. C’est pourquoi il y a une incroyable ferveur. L’énergie se libère comme jamais, car la frustration s’est accumulée trop longtemps ! Forcément, mon groupe – comme tous les autres, du reste – bénéficie de ce phénomène. Il y a de la vie comme jamais !

Justement, quel a été l’impact du Coronavirus sur tes activités ?
Après avoir quitté THE DEAD DAISIES, je devais faire beaucoup de dates en 2020, pour promouvoir mon troisième album solo « Viva La Rock ». Précisément parce que j’avais du temps devant moi, pour mes propres projets. Et puis, la COVID est arrivée... Tout a été complètement chamboulé. D’ailleurs, nous devions effectuer notre tournée actuelle au mois de juin, mais nous avons encore dû décaler, avec les interdictions, les annulations... Si tout se passe bien, nous reviendrons l’année prochaine avec encore plus de dates, à Paris, Toulouse, Montpellier, Lyon, Nice...

Tu sembles bien connaître notre pays...
Je suis venu plusieurs fois en France, depuis de nombreuses années. Notamment jouer avec WHITESNAKE ou avec Dolores O'Riordan, pour ses projets solos, en dehors de THE CRANBERRIES. Je connais donc un peu, effectivement.
 


À ce stade de ta carrière, et après avoir joué avec tant de prestigieuses formations, on imagine que ce devait être un casse-tête pour élaborer la set-list, non ?
C’est vrai que j’ai joué avec beaucoup de groupes ; il y a donc des incontournables. Mais je ne veux surtout pas me contenter de faire des reprises. Durant cette tournée, j’essaye de faire découvrir ma propre musique au public, mes compositions. C’est un vrai voyage : pas seulement du rock, mais un mélange de fusion, de funk, de blues... Notre show est toujours différent, d’une date à l’autre. Tu peux venir trois ou quatre fois nous voir, ce ne sera jamais pareil ! C’est comme ça que j’aime jouer. Et Tommy Gentry (guitare) comme Kyle Hugues (batterie), qui m’accompagnent, ont la même vision des choses que moi. Ça fonctionne donc très bien : on forme une bonne équipe. En fait, on essaye de capter l’atmosphère du moment et de jouer en fonction de l’audience. Parfois, nous n’avons pas de set-list totalement définie au moment d’entrer sur scène... et nous improvisons ! Chaque public a sa façon de réagir et nous nous y adaptons. C’est plein de surprises et j’adore ça !

Précisément, que ressens-tu, une fois sur scène ?
Nous sommes spontanés et créatifs, on improvise tout le temps et, parfois, cela devient véritablement magique. On ne fait plus qu’un avec le public comme avec les musiciens, c’est quelque chose de très puissant, qu’on ne peut pas prévoir en amont et programmer, ça se fait ou ça ne se fait pas. Tout le monde doit être exactement dans le même état d’esprit, au même moment. Ce n’est pas techniquement que c’est difficile à réaliser, c’est juste qu’il faut que toutes les conditions soient réunies pour tout le monde, au même instant. C’est très rare d’atteindre ce point, mais quand ça arrive, c’est vraiment extraordinaire. Et c’est pour vivre ces moments là que nous tournons, Tommy, Kyle et moi.

Comment définirais-tu ta musique à quelqu’un qui ne la connait pas ? À quoi doit-on s’attendre ?
Difficile de répondre à cette question... Quand dix personnes écoutent une même chanson, il peut y avoir dix interprétations différentes. Tout est affaire de perception individuelle. Ce que je peux te dire avec certitude, c’est que la musique est essentielle, pour moi. J’en ai besoin. J’ai besoin de créer comme d’être sur scène, de performer, de jouer en live. Etonnamment, c’est quelque chose que j’ai vraiment réalisé avec le Coronavirus, après tous ces mois passés sans pouvoir tourner. C’est pourquoi j’apprécie encore plus que d’habitude de pouvoir jouer devant notre public. Car la musique live est essentielle : cela te fait vivre des émotions très particulières, que tu ne peux ressentir sans cela. Ça te reconnecte avec ton instinct animal ! Et puis, tu peux éprouver l’amour, la joie, la tristesse ou la colère à un niveau différent et plus profond que ce que tu peux connaître sans cela. C’est donc tout simplement vital, pour moi.

En dehors de la musique à proprement parler, que penses-tu du fait d’écrire les paroles de tes propres chansons ?
Je vais être le plus honnête possible avec toi : je suis presque un débutant dans ce domaine. Disons que j’ai été tellement occupé, durant ma carrière, que je n’ai jamais eu véritablement l’occasion de m’atteler aux paroles... et pourtant, c’est quelque chose qui me plaît ! Je n’ai donc réellement commencé que pour mon premier album « Live For Tomorrow », en 2007. J’ai beaucoup aimé faire cela et je me suis rendu compte que plus on le faisait, meilleur on devenait. Composer les mélodies, les accords, la structure des morceaux, c’est quelque chose que je maîtrise. Mais écrire les paroles, c’est un vrai processus créatif et artistique dans lequel je dois encore apprendre. Les textes doivent avoir du sens, pour moi, sans quoi ça ne marche pas. C’est pourquoi ils découlent d’expériences personnelles ; c’est tout spécialement le cas sur « Viva La Rock », mon dernier album. Je me livre le plus sincèrement possible et ça s’entend, j’espère. Bref, j’adore ce nouveau challenge et je ne cesse de perfectionner mes écrits jusqu’à ce que je sois satisfait. Bien souvent, ce sont les paroles les plus simples qui fonctionnent le mieux, qui vont à l’essentiel… mais ce ne sont pas forcément les plus simples à écrire !

Parfois, les paroles peuvent être aussi étranges que géniales. Jim Morrison était un maître en la matière...
Les paroles peuvent être tellement abstraites... Si j’écoute une chanson des DOORS aujourd’hui, elle pourra signifier tout autre chose dans une semaine. C’est véritablement de l’art : c’est infini et ça véhicule tellement d’émotions, de sentiments… C’est évolutif et tellement personnel. J’adore ça. De mon côté, je suis en pleine phase d’apprentissage dans ce processus d’écriture, mais j’aimerais, un jour, pouvoir m’atteler à un recueil de poèmes. Sur « Viva La Rock », il y a quelques chansons qui me touchent profondément. Et sur lesquelles j’ai d’ailleurs pleuré, au moment de les enregistrer. Notamment celle dédiée à ma femme, Leah. Je voulais lui dire joliment combien elle me manque, combien nos enfants Faith et Max me manquent. Combien je tiens à eux. Même chose pour mes autres enfants, bien sûr : Eva, Marco et Aaron. La vie en tournée peut faire rêver, mais nous sommes aussi bien souvent esseulés. Ce n’est pas toujours simple. La seule gratification est alors la performance live, car c’est bien pour cela que nous choisissons de mener cette vie.

Justement, Marco, pourquoi avoir choisi la basse... et le chant ?
Il y a bien longtemps, mon frère et moi avions monté un groupe, dans un garage. On écoutait « Abbey Road », l’album des BEATLES. On aimait ces chansons, on aimait les chanter et les jouer. Lui à la batterie, moi à la guitare rythmique. Je chantais en même temps que je grattais et ça allait de soi : pas de difficultés particulières à faire les deux simultanément. Je me sentais à l’aise. Un peu plus tard, alors que je faisais partie d’un autre groupe, le bassiste est parti. On m’a tout simplement demandé de le remplacer. Jai du apprendre à jouer cinq chansons en très peu de temps : un véritable défi... mais j’adore les challenges, ça fait pleinement partie de ma personnalité ! Et puis, surtout, je suis tombé amoureux de la basse. Avec mon père, nous sommes partis acheter une basse dans un Pawn Shop, pour quelques dollars ; c’était le début d’une longue histoire... Mon principal héros, c’est Paul Mc Cartney, mais il y en a bien d’autres : Jack Bruce, Tim Bogert, Chris Squire ou encore Billy Sheehan...

Belle histoire... où va-t-elle te mener ? Quels sont tes projets à moyen terme ?
Je sortirai un nouvel album en 2022. Je ne connais pas encore la date exacte, mais ce devrait être entre avril ou mai, à priori. Concernant mon travail avec JOURNEY, c’était un remplacement temporaire ; je ne sais pas encore réellement comment ça va évoluer l’année prochaine. C’est pourquoi je me focalise sur mon groupe et mon projet solo. Je travaille d’ailleurs déjà sur la tournée 2022, pour tout caler au mieux. D’ici là, je profite de nos dates actuelles et je remercie tous nos fans. Vraiment. C’est une très bonne chose que la musique live soit de retour. Imaginez un monde sans cela : c’est aussi triste qu’impensable...
Marcomendoza.com


A retrouver sur le site : le live-report et le portfolio de la soirée au Show-Case Recording.


Blogger : Stéphane Coquin
Au sujet de l'auteur
Stéphane Coquin
Entre Socrate, Sixx et Senna, impossible de faire un choix… J’ai donc tenté l’impossible ! Dans un mouvement dialectique aussi incompréhensible pour mes proches que pour moi-même, je me suis mis en tête de faire la synthèse de tout ce fourbi (et orbi), afin de rendre ces éléments disparates… cohérents ! L’histoire de ma vie. Version courte. Maîtrise de philo en poche, me voilà devenu journaliste spécialiste en sport auto, avant d’intégrer la valeureuse rédaction de HARD FORCE. Celle-là même qui prit sauvagement part à mes premiers émois métalliques (aïe ! ça fait mal !). Si la boucle n’est pas encore bouclée, l’arrondi est désormais plus que visible (non : je ne parle pas de mon ventre). Preuve que tout se déroule selon le plan – savamment – orchestré… même si j’aimerais que le tempo s’accélère. Bon, et sinon, qu’est-ce que j’écoute comme musique ? Du bon, rien que du bon : Platon, Nietzsche, Hegel et Spinoza ! Mais je ne crache pas non plus sur un bon vieux morceau de Prost, Villeneuve ou Alonso… Comment ça, Christian, faut tout réécrire !?!
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK