Quoi de plus logique finalement que de réunir sur un même disque VERDUN et OLD IRON ? Ces deux patronymes qui incarnent la ville de l’Est de la France et la ferraille forment une association qui tombe sous le sens à l’évocation de ces champs de ruines ravagés par les restes fumants d’une artillerie dévastatrice qui étaient tristement d’actualité il y a pas loin d’un siècle. Et si ces images guerrières inspirent la violence, la souffrance et la mort, l’univers musical des deux groupes marqué par le doom et le sludge est lui aussi coutumier de ces sombres thématiques. En témoignent ici les rythmiques écrasantes et autres descentes de toms teigneuses qui s’invitent au programme de cette petite demi-heure d’une lourdeur sans pareil.
Ce sont les montpelliérains VERDUN qui ouvrent ce bal des damnés de fort belle manière, conviant l’auditeur à chausser ses plus belles rangers pour traverser un marécage sonore boueux. "Narconaut" gronde avec ses riffs vrombissants au son bien grassouillet et son ambiance de fin du monde. Un titre idéal pour démarrer cette obscure expédition doom. Mais c’est bel et bien la reprise du "Dawn Of The Angry", extrait du truculent « Domination » de MORBID ANGEL, qui va filer son lot de sueurs froides à l’auditeur déjà bien échaudé. A coup de riffs acérés et de batterie teigneuse, l’hommage proposé est terrifiant avec ses paroles traduites en français pour l’occasion et une relecture pachydermique qui force le respect. Said Merqi (MUDWEISER) et Benjamin Moreau (FANGE) viennent apporter leur contribution sur ce monstre, avec talent. Le tout est produit en mode rouleau-compresseur par Cyrille Gachet et masterisé par Bruno Varea. Et le résultat est à la hauteur des attentes : destructeur. VERDUN et deux et trois zéro.
OLD IRON, originaire de Seattle, opte quant à lui pour un son plus rugueux, immersif qui le rapproche de certaines formations comme MINSK ou CULT OF LUNA. Les deux titres dispensés ici délivrent des guitares musclées qui naviguent à vue entre calme et tempête. Les vocalises montrent quant à elle de sérieuses aptitudes dans le raclement de gorge pendant que les parties de batterie ponctuent des assauts qui se montrent aussi convaincants dans le mid-tempo que dans des accélérations plus crowbaresques. "Strix Nebulosa" est à ce titre une petite bombe avec la pointe de mélancolie en fond qui fait mouche. Je vous le concède c’était prévisible, un disque passé entre les mimines affûtées de Nick Wilbur et Matt Bayles puis masterisé par Brad "Shiva" Boatright ne pouvait pas décemment être un mauvais disque.
Dont acte.